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Attachez vos ceintures ! Le livre numérique décolle en France


Attachez vos ceintures ! Le livre numérique décolle en France
PARIS, 31 août 2012 (AFP) - Romans de la rentrée en ebooks, boom des liseuses et tablettes, prix unique, offre élargie de titres : le livre numérique commence à décoller au pays de l'exception culturelle, encore à la traîne par rapport aux Etats-Unis, et 2012 pourrait voir ce marché doubler.

Si le numérique fait encore peu d'ombre à Gutenberg, avec moins de 2% du marché du livre en France, il grignote du terrain. Jamais rentrée littéraire n'aura été aussi numérique que cette année. La plupart des éditeurs sortent désormais leurs nouveautés en version imprimée et version numérisée. Et qui m'aime me suive !

Les lecteurs d'ebooks français sont d'ailleurs globalement les mêmes que les dévoreurs de papier.

Selon les prévisions de croissance de l'institut GfK Consumer Choices publiées cette semaine, le marché du livre numérique devrait atteindre un chiffre d'affaires de 55 millions d'euros en France à l'horizon 2015.

Cette année, ce marché en plein essor bénéficiera d'une croissance de près de 80%, pour atteindre 21 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012, contre 12 millions en 2011, toujours selon GfK.

L'offre de liseuses à encre électronique s'est étoffée ces derniers mois et les ventes ont suivi : 27.000 unités en 2010 conte 145.000 en 2011, avec une prévision pour 2012 de 300.000.

En parallèle, l'offre de contenus continue de se développer. GfK estime qu'en 2011, 1,1 million de livres numériques ont été téléchargés de façon payante.

Les "lecteurs virtuels" sont séduits par la facilité de stockage, la mobilité et les prix des ouvrages, inférieurs de 30% en moyenne à ceux de l'imprimé grand format, selon le dernier Baromètre des usages du numérique en France.

Google

Par exemple, le Goncourable, "Les Lisières", d'Olivier Adam (Flammarion), se vend numérisé 14,99 euros chez decitre.fr, contre 21 euros, imprimé.

Le livre numérique bénéficie de plus en France, comme son cousin de papier, de la TVA réduite et du prix unique garanti, pour lui, par la loi de novembre 2011.

Ce prix unique, fixé par l'éditeur, empêche de voir les ebooks bradés par les géants de la distribution en ligne, comme aux Etats-Unis. Son prix en France est moins attractif que celui d'un livre de poche mais moins élevé que celui d'une nouveauté papier.

Les Américains, eux, ne badinent pas avec la liberté des prix. Jeudi, aux Etats-Unis, trois éditeurs, dont le français Hachette, qui avaient passé un accord en avril pour clore des poursuites sur le prix des ebooks, ont été mis à l'amende : ils devront payer 69 millions de dollars pour "dédommager les consommateurs".

"Le vrai risque, c'est la possibilité d'une emprise sans partage des géants de l'internet", prévenait récemment Antoine Gallimard.

Aux Etats-Unis, il s'est vendu au premier trimestre plus d'ebooks (pour 282,3 millions de dollars) que de livres physiques (229,6 millions de dollars). C'était déjà le cas à Noël 2011.

D'autres pays européens comme la Grande-Bretagne ou l'Allemagne sont aussi plus "numéricophiles" que la France.

En juillet, Google a aussi lancé dans l'Hexagone sa librairie numérique, forte de centaines de milliers de titres, après avoir conclu un accord avec les principaux éditeurs français.

Les termes n'en sont pas connus mais à titre de comparaison, Apple prend une commission de 30% sur chaque livre vendu.

L'essor du numérique agite également les écrivains, inquiets pour leurs droits d'auteur (une réunion est prévue en octobre après l'échec des précédentes négociations), et les libraires, déjà fragilisés, qui ne voudraient pas être exclus du jeu.

Rédigé par Par Myriam CHAPLAIN-RIOU le Vendredi 31 Août 2012 à 05:40 | Lu 822 fois