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Atlas, premier chien renifleur polynésien


Moorea, le 18 mars 2024 - Après s’être approvisionnée jusqu’à présent de chiens renifleurs de la Nouvelle-Zélande, la Polynésie française va désormais pouvoir compter, dans le cadre des missions de préservation des oiseaux endémiques, sur des animaux nés et formés au Fenua. Atlas, le premier chien renifleur polynésien, âgé de 9 mois et formé au club canin de Moorea, a été présenté samedi à la presse telle une star locale.
 
Atlas, c’est le nom du premier chien renifleur né et formé au Fenua. De race Jack Russel Terrier, dont les chiens sont connus pour être d’excellents prédateurs de rats, Atlas, âgé aujourd’hui de 9 mois, a été pris en charge dès ses 2 mois par Marcel Suhas, président et éducateur du club canin de Moorea, avec pour objectif de l’éduquer à la recherche et à la détection du rat noir dans la cadre notamment de la lutte pour la préservation des loris endémiques du Fenua (le ‘Ura de Rimatara, le Pihiti de Ua Huka et le Vini de Rangiroa). C’est donc avec une certaine fierté que David Proia, gérant fondateur de Vibration Island Kids – société qui soutient les associations de protections des loris endémiques –, a présenté samedi à la presse le nouveau chien détecteur, avec une démonstration réussie pour rechercher et tuer efficacement des rats noirs cachés à l’occasion sur le site du club canin de l’île Sœur.
 
Les chiens renifleurs étaient jusqu’à présent uniquement achetés en Nouvelle-Zélande, mais avec la crise sanitaire et la fermeture des frontières, Rimatara a dû attendre plus d’un an pour le remplacement de Whisky, mort en juin 2020. De même, les chiens que l’on reçoit de la Nouvelle-Zélande sont âgés d’au moins 3 ans. Ils sont très performants, mais très coûteux. Atlas sera pour sa part opérationnel dès sa première année. “On gagne deux années. On a donc un gain de temps et de coût”, explique David Proia.
 
Des enjeux environnementaux et de santé
 
Une fois prêt, Atlas assurera ses missions à Tahiti, en particulier au port de Motu Uta, et dans certaines îles comme Tetiaroa et Nukutepipi. Pour les îles à protéger, les enjeux sont à la fois écologiques, sanitaires et économiques. “Outre la conservation des oiseaux endémiques, il s’agit également de protéger les habitants car ce rongeur indésirable est vecteur de maladies comme la leptospirose. La présence du rat noir provoquerait également d’importants dégâts sur les ressources de l’île et mettrait en danger son économie locale (coprah). Les objectifs sont donc multiples, à travers la sauvegarde des oiseaux, c’est une culture et un patrimoine qui est à sauvegarder et à mettre en valeur”, ajoute le fondateur de Vibration Island Kids.
 
La formation de ce premier chien renifleur formé au Fenua s’inscrit aussi dans une volonté d’obtenir la reconnaissance du Pays en matière d’éducation des chiens détecteurs par les clubs canins locaux. “On a aujourd’hui des éducateurs qui ne sont pas habilités et assermentés pour ce registre de recherche et détection du rat noir. Sans cette reconnaissance, on pourra difficilement satisfaire les atolls qui sont en attente de garanties. Il est important de comprendre que si un chien à Rimatara et à Ua Huka a été éduqué par des personnes compétentes de Tahiti, cela ne garantit pas la qualité de travail de ces éducateurs. Avec cette reconnaissance, on peut lever tout doute et avancer sereinement dans ce processus de détection de rats noirs dans les îles éloignées”, assure David Proia.


Rédigé par Toatane Rurua le Lundi 18 Mars 2024 à 20:02 | Lu 1669 fois