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Assises : 18 ans de prison pour le père incestueux


Les jurés sont allés au-delà des réquisitions de l'avocat général José Thorel. L'accusé n'a eu aucun mot pour sa fille.
Les jurés sont allés au-delà des réquisitions de l'avocat général José Thorel. L'accusé n'a eu aucun mot pour sa fille.
PAPEETE, le 9 juin 2017 - Le dernier jour du procès du père de famille accusé d’avoir violé sa fille biologique durant plus d’une décennie s'est achevé, ce vendredi, par une condamnation sans surprise de l'accusé. L'homme, âgé de 53 ans, a écopé d'une peine de 18 ans d’emprisonnement. Trois ans de plus que les réquisitions de l'avocat général.


Le second et dernier jour d'audience dans ce pénible dossier a débuté ce vendredi par la plaidoirie de l’avocate de la partie civile. Rappelant à quel point il avait été douloureux pour sa cliente d’avoir à se répéter sur les faits durant les deux années d'enquête, depuis son dépôt de plainte en 2015, le conseil de la victime a également évoqué "un traumatisme à vie" lié à de "lâches sévices". Rappelons que la victime, adulte aujourd'hui, avait subi les assauts sexuels de son père pendant une dizaine d'années. Les premiers alors qu'elle n'était qu'une fillette de 10 ans à peine. Un enfant était né des années plus tard de ces relations coupables.

Une enfance bafouée

L’avocat général a, lui, appelé les jurés à "oublier la femme qu’elle est devenue" et qu'ils avaient aujourd'hui devant eux pour se remémorer "cette fillette de 10 ans" qu'elle était quand elle a subi les assauts "quasi quotidiens" de son père les premières fois, un "homme de cette stature, pesant une centaine de kilos". Le représentant du ministère public a ensuite évoqué "la peur de représailles", "le silence et la honte" ressentis par la victime durant son enfance puis son adolescence. L’avocat général a, par ailleurs, voulu rendre hommage à la "mère courage" qu’a été la victime, s’occupant soigneusement de son enfant, pourtant né d’un viol incestueux.

Au regard de la gravité des faits, une peine "pas inférieure à 15 ans" avait été requise par le représentant du parquet. Les jurés l'ont entendu en aggravant même ce quantum de trois années de prison supplémentaires. Le père de famille a en outre été déchu de son autorité parentale sur la sœur de la victime et devra indemniser sa fille à hauteur de 6 millions de francs, en réparation de son préjudice. Pour résumer ces années de souffrance, la jeune femme avait confié qu’elle "avait voulu mourir", que son père "la menaçait" si elle opposait une quelconque résistance, "l’insultait", la traitait "comme une esclave" et "l’empêchait de voir d’autres personnes". L’école était devenu "son seul espace de liberté" et c’est lorsque son père a voulu qu’elle arrête ses études qu’elle avait alors pris la décision de porter plainte.

Aucun mot pour sa fille

L’avocate de l’accusé, Me Roy-Cross, a évoqué un "dossier difficile" sur lequel elle-même devait lutter contre "son ressenti de femme, de mère" : "Vous devez juger un homme qui n’est pas un monstre, mais qui a commis un acte monstrueux". Dans son box, l’accusé, 53 ans, n’a manifesté aucune réaction. Alors que la présidente de la cour d’assises lui demandait s’il souhaitait s’exprimer pour la dernière fois, en clôture des débats, le quinquagénaire a remercié son avocate. Sans aucun mot pour sa fille. Après en avoir délibéré, les jurés l’ont condamné à 18 ans d’emprisonnement. L’accusé encourait 20 ans.



Un dernier dossier lundi pour les jurés

Les jurés se pencheront lundi sur la dernière affaire de cette session d'assises, un dossier de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. L'accusé, Brett T., a été renvoyé devant la cour pour avoir provoqué la mort d’un homme qui était hébergé dans la maison familiale.
Le 30 août 2015, la brigade de gendarmerie de Raiatea est avisée du décès d’un individu. Arrivées dans une maison familiale où vivent huit personnes, les forces de l’ordre constatent le décès d’un homme qui présente des blessures suspectes. La victime, un ancien sans domicile fixe, était hébergée en échange de services dans cette famille comp osée de quatre enfants adoptifs car elle était, aux yeux de la matriarche du foyer, un "gros travailleur". L’enquête démontrera que des relations sexuelles, plus ou moins consenties, avaient lieu entre Brett T., l’un des fils adoptifs de la maison, et le jeune SDF.

Afin d’expliquer les nombreux et violents traumatismes subis par la victime, l’accusé a expliqué avoir entendu un bruit en pleine nuit. Suite à quoi il serait tombé face à face avec son amant. Ce dernier lui aurait lancé une bouteille sur le visage. C’est alors que Brett T. l’aurait brutalement frappé à mains nues. Les lésions (fractures du crâne, du foie, nombreuses plaies pulmonaires) tendent à remettre en cause cette version. L'accusé, inculpé sans circonstance aggravante, encourt 15 ans de prison.

Ce drame avait suscité un vif émoi à Raiatea en 2015, s'agissant à l’époque du troisième homicide à déplorer en seulement deux mois sur cette île. Fin juin 2015, un homme ivre de komo avait passé sa femme à tabac. Elle était décédée dans la nuit après avoir ressenti de vives douleurs. Jugé en ouverture de cette session, l'accusé a été condamné à 15 ans de prison.

Toujours en juin 2015, le corps sans vie d'un sexagénaire était retrouvé chez lui dans la campagne par les forces de l'ordre, victime de coups de marteau portés à la tête par un voisin une quinzaine de jours plus tôt.

Rédigé par Garance Colbert avec Raphaël Pierre le Vendredi 9 Juin 2017 à 17:54 | Lu 6839 fois