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Assises : 12 ans de réclusion criminelle pour le tonton violeur


La cour d'assises a rendu son verdict dans ce dossier de viol intrafamilial qui s'est jugé à huis clos partiel.
La cour d'assises a rendu son verdict dans ce dossier de viol intrafamilial qui s'est jugé à huis clos partiel.
PAPEETE, le 27 mai 2016 - Les jurés ont suivi les réquisitions de l'avocat général, ce vendredi, au terme du procès d'un homme de 32 ans accusé de viols et agressions sexuelles sur deux de ses nièces.


C'est sans émotion particulière que l'accusé, colosse bourru de 32 ans, a accueilli ce vendredi le verdict depuis le box. Il avait de toute façon reconnu les faits pendant l'audience et l'avocat général avait annoncé la couleur en requérant une peine comprise entre 12 et 15 ans de réclusion criminelle à son encontre, pour une série de viols et agressions sexuelles commis entre 2011 et 2012 à Tahiti sur deux de ses nièces.

Décrit comme quelqu'un de réservé, fainéant et oisif par les experts, le trentenaire, jamais condamné par le passé, comparaissait détenu depuis son mandat de dépôt criminel de décembre 2013. Ce sont les victimes elles-mêmes qui avaient dénoncé les faits cette année-là à un animateur à l'occasion d'un camp de vacances. La direction des affaires sociales avaient ensuite remonté l'information jusqu'au parquet de Papeete.

Violées après le décès soudain de leur mère

Les victimes n'avaient que 12 et 14 ans quand leur oncle s'en était pris à elles. Originaire des îles, le tonton avait rejoint Tahiti pour prendre part aux funérailles de sa sœur, la mère des deux filles, décédée subitement en novembre 2011. Il était hébergé par une autre de ses sœurs, devenue tutrice des deux malheureuses, au domicile de la défunte, quand il a commencé à abuser de ses nièces.

Comme souvent dans ce genre de dossiers, l'enquête a permis d'établir que les petites plaignantes ont eu fort à faire pour arriver jusqu'au procès de leur violeur. Les pressions familiales ont été fortes pour qu'elles reviennent sur leurs accusations. Leur grand-mère et mère de l'accusé, tout d'abord, qui leur a demandé de "passer à autre chose", "de faire Alzheimer", pour qu'elle puisse revoir un jour son fils à l'extérieur de la prison. C'était son chouchou. Oisif, il était malgré tout bon pêcheur et bon chasseur et avait toute sa place au foyer estimait-elle. La tante aussi n'a pas été en reste, conseillant aux filles "d'oublier", "pour aller de l'avant" soi-disant. Une attitude protectrice envers leur fils et frère violeur qui leur a valu de s'attirer les foudres de la cour pendant le procès. "Je réalise que je n'ai peut-être pas eu la bonne réaction", a concédé la tante à l'audience après avoir fondu en larmes.

Mais les deux sœurs, très proches et unies dans leur parcours du combattant, ont tenu bon. Agées de 17 et 19 ans aujourd'hui, elles tentent de se reconstruire tant bien que mal. Traumatisées, elles éprouvent les pires difficultés avec les garçons. Dépeint pas les psychiatres comme quelqu'un de pervers et sadique, souffrant de perturbations psychologiques importantes depuis son enfance, l'accusé, fils d'un copraculteur alcoolique et violent envers sa mère, semble avoir agi "dans l'idée de punir et châtier ses victimes".

Les experts qui ont aussi associé le choix de ses victimes, des mineures, à son immaturité psychoaffective. L'oncle était aussi connu pour s'alcooliser massivement tout en consommant des stupéfiants. S'il a reconnu les faits, il a à plusieurs reprises tenté de convaincre les enquêteurs qu'il arrivait à ses nièces d'être consentantes malgré leur jeune âge. Il était aussi renvoyé devant la cour pour des abus sexuels antérieurs aux faits de 2011, commis dans son île d'origine sur les deux mêmes victimes.


Rédigé par Raphaël Pierre le Vendredi 27 Mai 2016 à 17:50 | Lu 2684 fois