PAPEETE, le 19 février 2016 - Cet homme de 33 ans avait tué son frère cadet de huit coups de couteau en novembre 2012, à Afaahiti, lors d'une violente dispute entre les deux hommes sur fond de forte alcoolisation. Les jurés de la cour d'assises devaient déterminer si l'intention de tuer était bien là, ce dont l'accusé se défendait. Ils ont estimé que oui dans leur verdict rendu ce vendredi.
L'avocat général Brigitte Angibaud a requis, ce vendredi midi aux assises, une peine comprise entre 12 et 14 ans de réclusion criminelle contre Jim O'Connor. Il écope finalement de 10 ans de prison. Agé de 33 ans aujourd'hui, il était accusé du meurtre de l'un de ses jeunes frères, planté de huit coups de couteau dont un mortel, en plein cœur, lors d'une violente dispute en novembre 2012 à Afaahiti. La victime n'avait que 25 ans. Jim O'Connor comparaissait libre de ses mouvements à son procès qui s'était ouvert jeudi. L'aîné de la fratrie, chef du clan, avait été placé sous surveillance électronique par le juge d'application des peines il y a deux ans après une année de détention provisoire.
En le reconnaissant coupable ce vendredi d'avoir volontairement donné la mort à son frère, après deux heures de délibéré, les jurés l'ont renvoyé à Nuutania pour purger le reliquat de sa peine.
Libre mais sous astreinte, Jim O'Connor avait réintégré sa famille qui l'avait pardonné. Aucun de ses membres ne s'était constitué partie civile dans ce dossier pour demander réparation. "Une deuxième mort pour la victime" avait estimé le ministère public, "une décision à respecter" pour l'avocate de Jim, Me Eftimie-Spitz, qui avait enjoint les jurés à prendre en compte dans leur décision ce nouveau départ voulu par le clan O'Connor après le drame : "Si la famille n'est pas partie civile, c'est parce qu'elle sait que ce soir-là, si cela n'avait pas été l'un, c'est l'autre qui serait mort. Ecoutez la maman quand elle dit qu'elle aime tous ses enfants de la même façon". Et de souligner que depuis que son client a rejoint sa mère, ses autres frères, sa femme et sa petite fille, aucun incident n'a été à déplorer.
"La violence suinte par tous les pores du dossier"
Reste qu'un homme est tout de même mort dans cette histoire. Si l'accusé, plus petit et moins costaud que son cadet, affirme s'être emparé du couteau pour se défendre et impressionner ce frère qui fonçait sur lui pour lui régler son compte -mais en aucun cas avec l'intention de le tuer- l'accusation s'est montrée sourde à cette version des faits : "Les coups ont été ciblés, sur des zones vitales du corps, le cœur, le thorax et l'abdomen", a martelé l'avocat général qui rappelle de surcroît que l'accusé n'était pas manchot un couteau de cuisine à la main, pour s'en servir lors de parties de chasse aux sangliers aux Marquises.
Le drame s'était déroulé un jeudi soir dans la servitude familiale après une journée de beuverie passée à fêter l'anniversaire de l'un des frères. Le clan, tous sans travail, était connu du voisinage pour sa tendance à faire la bringue un peu trop souvent et bruyamment, l'alcool coulant généralement à flots. Des disputes éclataient régulièrement entre les uns et les autres mais les bagarres se déroulaient toujours "à la loyale". Sans armes. Comme souvent, c'est un motif futile qui avait mis le feu aux poudres. Jim s'en était pris à son frère parce qu'il tripotait l'ordinateur qui crachait la musique de la bringue.
Une mort "absurde, tragique"
En réaction, ce dernier avait envoyé valdinguer la table sur laquelle était posé l'appareil. La maman avait dans un premier temps réussi à raisonner ses deux fils, pendant que le reste de la fratrie retenait tant bien que mal le plus jeune, présenté comme un bagarreur n'aimant pas perdre la face. Mais le colosse était finalement revenu à la charge sans que personne ne puisse l'arrêter, accueilli par Jim qui lui était entretemps allé s'armer du couteau. Pour se défendre selon lui, pour tuer son frère selon l'accusation : "A cet instant les témoins disent que la victime, fatiguée, lui avait proposé de remettre la bagarre au lendemain. Tout le monde aurait retrouvé ses esprits et rien ne se serait passé. Jusqu'à la prochaine bagarre. Mais il a cédé à une dernière provocation de Jim qui savait qu'il allait réagir alors qu'il avait le choix d'en rester là. Il a foncé tête baissée, il ignorait que Jim avait pris un couteau. Il est mort séché sur place par une volée de coups de couteau sans avoir eu la chance de se défendre. Cette fin tragique, c'est le fruit du pourrissement d'une vie de famille placée sous le signe de la violence, de la consommation d'alcool et de paka, de la rivalité entre hommes et du désœuvrement d'un clan ou la violence semble acquise comme normale. Elle suinte par tous les pores du dossier et traverse les générations, affirmée par la testostérone et l'idée qu'il faut se faire respecter, surtout si on est l'aîné. Une mort absurde, tragique".
L'avocat général Brigitte Angibaud a requis, ce vendredi midi aux assises, une peine comprise entre 12 et 14 ans de réclusion criminelle contre Jim O'Connor. Il écope finalement de 10 ans de prison. Agé de 33 ans aujourd'hui, il était accusé du meurtre de l'un de ses jeunes frères, planté de huit coups de couteau dont un mortel, en plein cœur, lors d'une violente dispute en novembre 2012 à Afaahiti. La victime n'avait que 25 ans. Jim O'Connor comparaissait libre de ses mouvements à son procès qui s'était ouvert jeudi. L'aîné de la fratrie, chef du clan, avait été placé sous surveillance électronique par le juge d'application des peines il y a deux ans après une année de détention provisoire.
En le reconnaissant coupable ce vendredi d'avoir volontairement donné la mort à son frère, après deux heures de délibéré, les jurés l'ont renvoyé à Nuutania pour purger le reliquat de sa peine.
Libre mais sous astreinte, Jim O'Connor avait réintégré sa famille qui l'avait pardonné. Aucun de ses membres ne s'était constitué partie civile dans ce dossier pour demander réparation. "Une deuxième mort pour la victime" avait estimé le ministère public, "une décision à respecter" pour l'avocate de Jim, Me Eftimie-Spitz, qui avait enjoint les jurés à prendre en compte dans leur décision ce nouveau départ voulu par le clan O'Connor après le drame : "Si la famille n'est pas partie civile, c'est parce qu'elle sait que ce soir-là, si cela n'avait pas été l'un, c'est l'autre qui serait mort. Ecoutez la maman quand elle dit qu'elle aime tous ses enfants de la même façon". Et de souligner que depuis que son client a rejoint sa mère, ses autres frères, sa femme et sa petite fille, aucun incident n'a été à déplorer.
"La violence suinte par tous les pores du dossier"
Reste qu'un homme est tout de même mort dans cette histoire. Si l'accusé, plus petit et moins costaud que son cadet, affirme s'être emparé du couteau pour se défendre et impressionner ce frère qui fonçait sur lui pour lui régler son compte -mais en aucun cas avec l'intention de le tuer- l'accusation s'est montrée sourde à cette version des faits : "Les coups ont été ciblés, sur des zones vitales du corps, le cœur, le thorax et l'abdomen", a martelé l'avocat général qui rappelle de surcroît que l'accusé n'était pas manchot un couteau de cuisine à la main, pour s'en servir lors de parties de chasse aux sangliers aux Marquises.
Le drame s'était déroulé un jeudi soir dans la servitude familiale après une journée de beuverie passée à fêter l'anniversaire de l'un des frères. Le clan, tous sans travail, était connu du voisinage pour sa tendance à faire la bringue un peu trop souvent et bruyamment, l'alcool coulant généralement à flots. Des disputes éclataient régulièrement entre les uns et les autres mais les bagarres se déroulaient toujours "à la loyale". Sans armes. Comme souvent, c'est un motif futile qui avait mis le feu aux poudres. Jim s'en était pris à son frère parce qu'il tripotait l'ordinateur qui crachait la musique de la bringue.
Une mort "absurde, tragique"
En réaction, ce dernier avait envoyé valdinguer la table sur laquelle était posé l'appareil. La maman avait dans un premier temps réussi à raisonner ses deux fils, pendant que le reste de la fratrie retenait tant bien que mal le plus jeune, présenté comme un bagarreur n'aimant pas perdre la face. Mais le colosse était finalement revenu à la charge sans que personne ne puisse l'arrêter, accueilli par Jim qui lui était entretemps allé s'armer du couteau. Pour se défendre selon lui, pour tuer son frère selon l'accusation : "A cet instant les témoins disent que la victime, fatiguée, lui avait proposé de remettre la bagarre au lendemain. Tout le monde aurait retrouvé ses esprits et rien ne se serait passé. Jusqu'à la prochaine bagarre. Mais il a cédé à une dernière provocation de Jim qui savait qu'il allait réagir alors qu'il avait le choix d'en rester là. Il a foncé tête baissée, il ignorait que Jim avait pris un couteau. Il est mort séché sur place par une volée de coups de couteau sans avoir eu la chance de se défendre. Cette fin tragique, c'est le fruit du pourrissement d'une vie de famille placée sous le signe de la violence, de la consommation d'alcool et de paka, de la rivalité entre hommes et du désœuvrement d'un clan ou la violence semble acquise comme normale. Elle suinte par tous les pores du dossier et traverse les générations, affirmée par la testostérone et l'idée qu'il faut se faire respecter, surtout si on est l'aîné. Une mort absurde, tragique".