Tahiti Infos

Assaut fictif au Belvédère de Moorea


L'exercice “Sauvage” s'est déroulé autour du Belvédère de Moorea.
L'exercice “Sauvage” s'est déroulé autour du Belvédère de Moorea.
Tahiti, le 10 octobre 2023 – Le Rimap-p effectue depuis vendredi son exercice annuel nommée “Sauvage” à Moorea. Il a pour objectif de renforcer les liens entre les différents noyaux de personnels, réserviste et actifs, qui forment le régiment. Ce dimanche, une opération d'entrainement grandeur nature était effectuée avec une prise d'assaut fictive du Belvédère de Moorea.
 
La manœuvre a surpris quelques randonneurs ce dimanche à Moorea. Sous une pluie fine, le Rimap-p a procédé à son exercice annuel “Sauvage”. Une opération d'entrainement grandeur nature d'une durée de quatre jours, débutée vendredi et qui se poursuit jusqu’à mercredi. Pour l'occasion, Tahiti Infos a accompagné ce dimanche les forces armées dans une manœuvre qui a eu pour objectif de tester et de renforcer la cohésion des troupes qui forment le régiment. “On est composé de plusieurs noyaux de personnels : ceux en mission longue durée, les réservistes qui représentent 50% de l'effectif total, et puis le reste, fourni de métropole et qui tournent tous les quatre mois. Avec cet exercice, on va vraiment pouvoir s'assurer que tout le monde peut travailler ensemble et avoir les bons réflexes”, a expliqué le colonel Wierzbinski après l'opération. Faire travailler les différents groupes ensemble apparait véritablement comme une nécessité pour le chef de corps du Rimap-p. “C'est très important, d'autant plus dans les forces terrestres, car on est habitué à fonctionner de manière très décentralisée. Pour cet exercice, lorsqu'on est passé en forêt, on ne pouvait plus déterminer quelle personne appartenait à tel groupe. C'est là où travailler ensemble apparait comme indispensable. Car si on ne se connait pas, on ne peut pas déterminer quel niveau de confiance on peut s'accorder. Moi de même, je ne pourrais pas savoir quel niveau d'autonomie donner aux différents échelons”, justifie-t-il. Au total, ce sont 180 hommes qui ont participé à cette manœuvre.

À l'assaut du Belvédère
 
Les coups de feu – bien entendu avec des balles à blanc – ont fusé lors de l'exercice de ce dimanche. L'objectif et le principe était le même que l’an passé. Deux équipes, l'une défendant sa position au Belvédère de Moorea et l’autre attaquante, en surnombre, qui a dû se frayer un chemin dans la broussaille de l'île sœur afin de prendre la position ennemie. “C'est une prise d'assaut du Belvédère. Le scénario est similaire à une mission de crise et de haute intensité. Même s'il est peu probable qu'on mette ça en œuvre en Polynésie, c'est l'occasion de tester les limites des soldats dans des environnements exigeants”, détaille le colonel Wierzbinski. Après avoir forcé les hommes à marcher, courir, grimper dans l'humide forêt tropicale de Moorea, “Sauvage” s'est donc soldée comme prévu pour l'équipe attaquante, qui a utilisé une stratégie bien rodée. En effet, celle-ci, après avoir repéré les lieux à l'aide d'un minuscule drone de reconnaissance, a décidé de profiter de sa supériorité pour scinder son effectif en deux et attaquer de manière presque simultanée, chaque côté du Belvédère. L'exercice du jour s'est conclu par une évacuation sanitaire des blessés fictifs de la journée par hélicoptère. Si dans l'ensemble, l'exercice a été une réussite, pour le colonel Wierzbinski quelques détails sont à améliorer. “Il y a matière à progression. On le voit dans des attitudes, des personnes qui sont parfois trop proches les unes des autres pendant l'assaut. L'opération permet de voir tout ça. On va devoir corriger ces détails, mais il n'y a rien de catastrophique.”
 
Pour l'heure les 180 soldats déployés vont rester quelques jours de plus à Moorea. Arrivés jeudi avec l'appui de l'armée de l'Air et de l'espace et de la Marine qui ont affecté pour l'exercice un avion de transport tactique Casa et le remorqueur Manini, ils repartiront mercredi, après une dernière marche régimentaire au cœur de l'île.
 


Capitaine Maxime : “Un milieu qui est plus hostile que la région drômoise”

Vous êtes en mission de courte durée au Rimap-p, qu'est qui change par rapport à l'Hexagone ?
“Je suis au 1er régiment de Spahis à Valence. On a l'habitude de travailler sur le terrain, mais la différence est qu'on est un régiment de cavalerie. Donc on est plus habitué à évoluer de manière embarquée [dans des véhicules légers blindés, NDLR]. Là c'est en débarqué, dans un milieu qui est plus hostile que la région drômoise donc ça nous change.”
 
Qu'est-ce qui rend la manœuvre compliquée ?
“Le milieu n’est vraiment pas facile de base, avec la météo, les pistes qui sont très “canalisantes”... on a l'habitude d'espaces plus ouverts. C'est une grosse difficulté pour nous. Si l'ennemi ne pose pas, en lui-même, de soucis, il en provoque au vu de l'environnement qu'il y a autour.”
 
En tant que capitaine, vous avez coordonné l'assaut du côté gauche, comment avez-vous géré les troupes ?
 
“En avance de phase, on a fait ce qu'on appelle un baptême terrain. On a identifié des zones clés qui nous permettaient de progresser et de savoir où chacun est. Grâce à elles, on a pu affiner nos positions et éviter qu'elles ne se tirent dessus avec l'autre groupe. Mais également de pouvoir attaquer de manière presque simultanée la cible.”
 

Sergent Eve : “On rend compte constamment de la situation”

En quoi consiste votre rôle ?
Je suis opératrice radio du capitaine. Mon rôle principal et de faire circuler les informations du haut vers le bas pour mon capitaine. On rend compte constamment de la situation ; de chaque événement, imprévu.... Même si tout est préparé en amont, il y a toujours des zones avec des doutes. Le rôle des radios c'est d'assurer une communication constante, même dans des zones et des environnements où la connexion est parfois complexe.”

Marurai, 1ère classe et réserviste du Rimap-p : "C'est mon 1er exercice Sauvage"

C'est important pour vous de participer à des exercices comme celui-là ?
“Oui bien sûr, car ça nous permet de nous entrainer. Pour améliorer l'esprit d'équipe et la cohésion du groupe. On apprend à s'adapter à l'environnement... C'est mon 1er exercice Sauvage.”
 
En tant que réservistes du Rimap-p, n'avez-vous jamais voulu entrer en service actif ?
“Au départ je voulais rentrer dans l'armée comme actif. Mais j'ai trouvé un travail et je suis resté réserviste. Je suis pompier volontaire. Je fais ça en parallèle. Mais depuis le début de l'année, j'en suis à presque 70 jours de travail sur les 90 maximums qu'on peut effectuer en tant que réserviste.”
 

Rédigé par Thibault Segalard le Dimanche 10 Septembre 2023 à 20:00 | Lu 1929 fois