PAPEETE, le 16 mars 2016. Depuis le début du mois, Steve Chailloux diffuse une fois par semaine une vidéo pédagogique sur la langue tahitienne. De façon ludique, le professeur de tahitien à l'université de Hawaii explique comment écrire le tahitien. Au sommaire des trois premières vidéos : 'l'importance des "accents". Ce passionné du reo tahiti explique l'importance de l'orthographe.
Depuis le début du mois, vous diffusez chaque semaine une vidéo pour aider les internautes à écrire correctement en tahitien. Pourquoi avez-vous décidé de lance ce projet ?
J’ai décidé de faire ces vidéos pour m’amuser mais surtout pour partager avec un maximum de personnes présentes sur les réseaux sociaux ce que je sais de la langue tahitienne et de ses écritures. Par exemple, je connais des personnes autour de moi qui se sont toujours demandées à quoi pouvaient bien servir les « accents » en tahitien. Il y a également celles qui étaient frustrées de ne pas comprendre les différences fondamentales qui existent entre l’écriture de l’Académie tahitienne – Fare Vāna’a et celle de l’Église protestante māòhi connue autrement comme étant l’écriture de Duro Raapoto. C’est pourquoi j’ai décidé d’aborder ces sujets dans mes vidéos en choisissant volontairement une perspective décontractée, légère et amusante pour faire passer le message le plus efficacement. L’objectif étant d’intéresser les gens sur des sujets sérieux liés à la langue tahitienne sans pour autant toutefois tomber dans le piège de se prendre au sérieux.
Dans vos vidéos, vous expliquez l'importance de l'orthographe. Le sens d'un mot peut être différent s'il a ou non un tārava. Pourquoi est-ce important, selon vous, d'être "bon" en orthographe en écrivant en tahitien ?
Premièrement, en Polynésie française on emploie souvent le terme de graphie alors que moi je préfère parler d’orthographe. Maintenant, pour répondre à votre question, il faut préciser de quelle orthographe on parle. J’ai lu, récemment quelque part, qu’il existait 14 façons d’écrire en tahitien. Si ces 14 hypothétiques orthographes existent réellement, il convient alors dans ce cas de préciser que 12 d’entre elles au moins sont totalement marginales et ne sont utilisées que par une minuscule pincée d’individus isolés. Pour être clair, selon moi ces soi-disant 12 orthographes n’ont aucun poids, particulièrement dans le débat contemporain autour des enjeux liés à l’écriture de notre langue. Leur seule mention, sans autre nuance, contribue malheureusement à rendre le débat autour de l’écriture du tahitien encore plus inextricable, pour le grand public, qu’il ne l’est réellement.
À présent, soyons clair. Il existe en Polynésie française deux orthographes concurrentes utilisant des « accents » et jouissant d’un poids significatif dans la société tahitienne actuelle. Comme je l’évoquais tantôt, il s’agit de l’orthographe de l’Académie tahitienne – Fare Vāna’a et celle de l’Église protestante māòhi créée par Duro Raapoto. Bien qu’en théorie l’orthographe officielle de la langue tahitienne soit celle de l’Académie tahitienne, l’usage extrêmement répandu cependant de l’orthographe de Duro Raapoto, à l’intérieur tout comme à l’extérieur de l’Église protestante māòhi, fait qu’elle ne peut pas être ignorée. Lorsqu’on ne cherche pas à les juger en appliquant par exemple sur l’orthographe de Raapoto les règles inhérentes de l’orthographe de l’Académie ou inversement, autrement dit lorsqu’elles sont appréhendées séparément l’une de l’autre, nous sommes en face de deux orthographes cohérentes notamment avec l’usage des « accents » qui est effectué.
Sur un critère uniquement juridique voire administratif, dissociant ce qui est officiel de ce qui ne l’est pas, je serais enclin à dire que la bonne orthographe est celle de l’Académie tahitienne. Or les choses ne sont pas aussi linéaires que cela. Car le caractère officiel d’une orthographe ne garantit pas forcément son usage absolu. La réalité du terrain fait qu’il y a aujourd’hui, d’une part, une tranche de la population qui écrit avec l’orthographe de l’Académie tahitienne, et d’autre part, une autre qui préfère utiliser celle de Duro Raapoto sans oublier également ceux qui ont fait le choix de s’affranchir de tous les « accents » à l’écrit. Qui a raison et qui a tort ? Plutôt que d’adopter une position dogmatique sur la question, je préfère laisser le choix aux gens d’utiliser l’orthographe avec laquelle ils se sentent le plus à l’aise à l’écrit, qu’elle soit celle de l’Académie ou celle de Raapoto.
Le fait qu'il n'existe pas qu'une seule graphie rend-il l'apprentissage du tahitien plus difficile ?
Comme je l’ai dit, en tahitien il existe deux orthographes importantes et la raison pour laquelle la plupart des gens pensent qu’écrire en tahitien est compliqué c’est parce que ces deux orthographes comportent des « accents » dont le rôle et l’importance sont ignorés par beaucoup de personnes. C’est un faux problème de penser que l’existence concomitante de deux orthographes en tahitien constitue un frein absolu à l’apprentissage de la langue donc de son écriture.
Car il suffit tout simplement de choisir une orthographe parmi les deux disponibles et de s’y tenir. Je parlais tantôt des « accents » qui constituaient la raison principale selon laquelle les gens pensent que c’est compliqué. En fait, que l’on adopte l’orthographe de l’Académie ou celle de Raapoto, il existe seulement trois « accents » exprimant trois sons différents pour chacune des orthographes. C’est tout ! Si une personne veut apprendre à écrire en tahitien et qu’elle choisit d’utiliser par exemple l’orthographe de Raapoto, il lui faudra apprendre l’utilisation de trois malheureux petits accents pour exprimer l’occlusive glottale (tuì), la voyelle longue (tāumi) et la combinaison (tāfare).
C’est précisément ce que je cherche à faire comprendre aux gens au travers de mes vidéos. C’est à dire que, pour l’instant, je me suis servi de ces vidéos comme étant des outils de démystification des deux orthographes. Dans la première série de vidéos que j’ai publié, j’ai tenté d’expliquer de manière ludique et rigolote la différence entre ces trois « accents » dans les deux orthographes afin d’aider les spectateurs à réaliser que ce n’est pas insurmontable.
Depuis le début du mois, vous diffusez chaque semaine une vidéo pour aider les internautes à écrire correctement en tahitien. Pourquoi avez-vous décidé de lance ce projet ?
J’ai décidé de faire ces vidéos pour m’amuser mais surtout pour partager avec un maximum de personnes présentes sur les réseaux sociaux ce que je sais de la langue tahitienne et de ses écritures. Par exemple, je connais des personnes autour de moi qui se sont toujours demandées à quoi pouvaient bien servir les « accents » en tahitien. Il y a également celles qui étaient frustrées de ne pas comprendre les différences fondamentales qui existent entre l’écriture de l’Académie tahitienne – Fare Vāna’a et celle de l’Église protestante māòhi connue autrement comme étant l’écriture de Duro Raapoto. C’est pourquoi j’ai décidé d’aborder ces sujets dans mes vidéos en choisissant volontairement une perspective décontractée, légère et amusante pour faire passer le message le plus efficacement. L’objectif étant d’intéresser les gens sur des sujets sérieux liés à la langue tahitienne sans pour autant toutefois tomber dans le piège de se prendre au sérieux.
Dans vos vidéos, vous expliquez l'importance de l'orthographe. Le sens d'un mot peut être différent s'il a ou non un tārava. Pourquoi est-ce important, selon vous, d'être "bon" en orthographe en écrivant en tahitien ?
Premièrement, en Polynésie française on emploie souvent le terme de graphie alors que moi je préfère parler d’orthographe. Maintenant, pour répondre à votre question, il faut préciser de quelle orthographe on parle. J’ai lu, récemment quelque part, qu’il existait 14 façons d’écrire en tahitien. Si ces 14 hypothétiques orthographes existent réellement, il convient alors dans ce cas de préciser que 12 d’entre elles au moins sont totalement marginales et ne sont utilisées que par une minuscule pincée d’individus isolés. Pour être clair, selon moi ces soi-disant 12 orthographes n’ont aucun poids, particulièrement dans le débat contemporain autour des enjeux liés à l’écriture de notre langue. Leur seule mention, sans autre nuance, contribue malheureusement à rendre le débat autour de l’écriture du tahitien encore plus inextricable, pour le grand public, qu’il ne l’est réellement.
À présent, soyons clair. Il existe en Polynésie française deux orthographes concurrentes utilisant des « accents » et jouissant d’un poids significatif dans la société tahitienne actuelle. Comme je l’évoquais tantôt, il s’agit de l’orthographe de l’Académie tahitienne – Fare Vāna’a et celle de l’Église protestante māòhi créée par Duro Raapoto. Bien qu’en théorie l’orthographe officielle de la langue tahitienne soit celle de l’Académie tahitienne, l’usage extrêmement répandu cependant de l’orthographe de Duro Raapoto, à l’intérieur tout comme à l’extérieur de l’Église protestante māòhi, fait qu’elle ne peut pas être ignorée. Lorsqu’on ne cherche pas à les juger en appliquant par exemple sur l’orthographe de Raapoto les règles inhérentes de l’orthographe de l’Académie ou inversement, autrement dit lorsqu’elles sont appréhendées séparément l’une de l’autre, nous sommes en face de deux orthographes cohérentes notamment avec l’usage des « accents » qui est effectué.
Sur un critère uniquement juridique voire administratif, dissociant ce qui est officiel de ce qui ne l’est pas, je serais enclin à dire que la bonne orthographe est celle de l’Académie tahitienne. Or les choses ne sont pas aussi linéaires que cela. Car le caractère officiel d’une orthographe ne garantit pas forcément son usage absolu. La réalité du terrain fait qu’il y a aujourd’hui, d’une part, une tranche de la population qui écrit avec l’orthographe de l’Académie tahitienne, et d’autre part, une autre qui préfère utiliser celle de Duro Raapoto sans oublier également ceux qui ont fait le choix de s’affranchir de tous les « accents » à l’écrit. Qui a raison et qui a tort ? Plutôt que d’adopter une position dogmatique sur la question, je préfère laisser le choix aux gens d’utiliser l’orthographe avec laquelle ils se sentent le plus à l’aise à l’écrit, qu’elle soit celle de l’Académie ou celle de Raapoto.
Le fait qu'il n'existe pas qu'une seule graphie rend-il l'apprentissage du tahitien plus difficile ?
Comme je l’ai dit, en tahitien il existe deux orthographes importantes et la raison pour laquelle la plupart des gens pensent qu’écrire en tahitien est compliqué c’est parce que ces deux orthographes comportent des « accents » dont le rôle et l’importance sont ignorés par beaucoup de personnes. C’est un faux problème de penser que l’existence concomitante de deux orthographes en tahitien constitue un frein absolu à l’apprentissage de la langue donc de son écriture.
Car il suffit tout simplement de choisir une orthographe parmi les deux disponibles et de s’y tenir. Je parlais tantôt des « accents » qui constituaient la raison principale selon laquelle les gens pensent que c’est compliqué. En fait, que l’on adopte l’orthographe de l’Académie ou celle de Raapoto, il existe seulement trois « accents » exprimant trois sons différents pour chacune des orthographes. C’est tout ! Si une personne veut apprendre à écrire en tahitien et qu’elle choisit d’utiliser par exemple l’orthographe de Raapoto, il lui faudra apprendre l’utilisation de trois malheureux petits accents pour exprimer l’occlusive glottale (tuì), la voyelle longue (tāumi) et la combinaison (tāfare).
C’est précisément ce que je cherche à faire comprendre aux gens au travers de mes vidéos. C’est à dire que, pour l’instant, je me suis servi de ces vidéos comme étant des outils de démystification des deux orthographes. Dans la première série de vidéos que j’ai publié, j’ai tenté d’expliquer de manière ludique et rigolote la différence entre ces trois « accents » dans les deux orthographes afin d’aider les spectateurs à réaliser que ce n’est pas insurmontable.
Une vidéo par semaine
Depuis début mars, Steve Chailloux, professeur de tahitien à l'Université de Hawai'i depuis 2011, réalise une fois par une semaine une vidéo pour apprendre le tahitien. Ce travail est réalisé entre Hawaii et Tahiti : Steve Chailloux filme les séquences chez lui à Hawai'i et les envoie ensuite chez son beau-frère Arnaud Simonnet, à Tahiti afin qu’il effectue le montage de la vidéo finale ! "Nous travaillons en équipe", explique Steve Chailloux. "J’imagine le contenu et la forme de la vidéo, il s’occupe du montage puis nous voyons ensemble les détails des animations que nous voulons inclure dans la vidéo. Sans son talent et ses compétences, il n’y aurait tout simplement pas de vidéos."
Pratique
Retrouver les vidéos sur la page Facebook "E REO TŌ ’OE" sur le site internet www.tahiti-infos.com
Pratique
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Visionner les trois premières vidéos
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