PAPEETE, le 21 novembre 2018. Un apiculteur dénonce la vente illégale de miel de Taha'a sur l'île de Raiatea, officiellement non infestée par la loque américaine. Cependant, cette réglementation est loin de faire l'unanimité dans le monde apicole mais tous sont d'accord sur un point : l'urgence de professionnaliser la filière de l'apiculture avant l'arrivée du parasite varroa, véritable fléau pour les abeilles.
Olivier, apiculteur à Raiatea, a publié dimanche une photo sur les réseaux sociaux où on voit du miel de Taha'a en vente dans un magasin de l'île Sacrée. Une situation pourtant interdite par la loi. Le conseil des ministres a en effet pris un arrêté mi-octobre constatant que l’île de Taha’a est infestée par la loque américaine. Les apiculteurs de l'île Vanille doivent donc limiter leurs exportations de miel aux autres îles reconnues infestées, soit Tahiti, Moorea, Huahine, Raivavae et Tubuai. Pour faire simple, les apiculteurs de Taha'a peuvent vendre du miel à Tahiti mais pas à Raiatea. "La publication sur Facebook concernant la loque américaine n'avait en aucune manière le but de discréditer le travail des apiculteurs de l'île de Taha'a", assure Olivier qui précise : "La loque américaine est une maladie redoutable car très efficace pour anéantir les colonies et très contagieuse."
Mais cette réglementation ne fait aujourd'hui pas l'unanimité dans le monde apicole. "Il faut interdire toute importation de matériel apicole entre les îles sauf ceux qui auront obtenu des dérogations car ils auront des ruchers certifiés. Mais on ne peut pas faire une interdiction à l'échelle de l'île, il faut travailler à l'échelle de l'exploitation ", met en avant Raiarii Crawford, ancien président du syndicat des apiculteurs de Polynésie française qui propose donc de mettre en place une certification pour les ruchers. Celle-ci imposerait "une traçabilité des produits et des reines, avec un cahier d'élevage, et des visites sanitaires périodiques". "Si tu obtiens la certification, tu emmènes ton miel où tu veux", résume Raiarii Crawford.
Raiatea et Taha'a partagent le même lagon. Les échanges entre les deux îles sont quotidiens. "Ma conviction est que toutes les îles Sous-le-Vent ont sensiblement les mêmes risques (de présence de loque) mais qu'on en a trouvé pour le moment que sur deux îles : Huahine et Taha'a", explique Hervé Bichet, directeur de la direction de la biosécurité. "On sait très bien que les échanges entre Taha'a et Raiatea sont permanents. Les gens ont des terrains des deux côtés, voire des ruches des deux côtés. Beaucoup de matériel, de miel et d'autres produits apicoles passent de l'un à l'autre. Pour déclarer une île infestée par la loque, la réglementation précise qu'il faut à la fois un diagnostic clinique et un résultat de laboratoire positif. On sait pertinemment que Raiatea est vraisemblablement touchée par la loque américaine puisqu'on a des déclarations de cas cliniques sur Raiatea mais tant qu'on n'a pas des résultats de laboratoire, l'île n'est pas déclarée infestée." "Nous avons une grande difficulté technique à réaliser les prélèvements pour une raison simple c'est que nous n'avons pas le pouvoir de police qui nous permettrait d'aller chez les gens, d'ouvrir les ruches et de faire des prélèvements comme nous le voudrions", souligne le spécialiste.
Olivier, apiculteur à Raiatea, a publié dimanche une photo sur les réseaux sociaux où on voit du miel de Taha'a en vente dans un magasin de l'île Sacrée. Une situation pourtant interdite par la loi. Le conseil des ministres a en effet pris un arrêté mi-octobre constatant que l’île de Taha’a est infestée par la loque américaine. Les apiculteurs de l'île Vanille doivent donc limiter leurs exportations de miel aux autres îles reconnues infestées, soit Tahiti, Moorea, Huahine, Raivavae et Tubuai. Pour faire simple, les apiculteurs de Taha'a peuvent vendre du miel à Tahiti mais pas à Raiatea. "La publication sur Facebook concernant la loque américaine n'avait en aucune manière le but de discréditer le travail des apiculteurs de l'île de Taha'a", assure Olivier qui précise : "La loque américaine est une maladie redoutable car très efficace pour anéantir les colonies et très contagieuse."
Mais cette réglementation ne fait aujourd'hui pas l'unanimité dans le monde apicole. "Il faut interdire toute importation de matériel apicole entre les îles sauf ceux qui auront obtenu des dérogations car ils auront des ruchers certifiés. Mais on ne peut pas faire une interdiction à l'échelle de l'île, il faut travailler à l'échelle de l'exploitation ", met en avant Raiarii Crawford, ancien président du syndicat des apiculteurs de Polynésie française qui propose donc de mettre en place une certification pour les ruchers. Celle-ci imposerait "une traçabilité des produits et des reines, avec un cahier d'élevage, et des visites sanitaires périodiques". "Si tu obtiens la certification, tu emmènes ton miel où tu veux", résume Raiarii Crawford.
Raiatea et Taha'a partagent le même lagon. Les échanges entre les deux îles sont quotidiens. "Ma conviction est que toutes les îles Sous-le-Vent ont sensiblement les mêmes risques (de présence de loque) mais qu'on en a trouvé pour le moment que sur deux îles : Huahine et Taha'a", explique Hervé Bichet, directeur de la direction de la biosécurité. "On sait très bien que les échanges entre Taha'a et Raiatea sont permanents. Les gens ont des terrains des deux côtés, voire des ruches des deux côtés. Beaucoup de matériel, de miel et d'autres produits apicoles passent de l'un à l'autre. Pour déclarer une île infestée par la loque, la réglementation précise qu'il faut à la fois un diagnostic clinique et un résultat de laboratoire positif. On sait pertinemment que Raiatea est vraisemblablement touchée par la loque américaine puisqu'on a des déclarations de cas cliniques sur Raiatea mais tant qu'on n'a pas des résultats de laboratoire, l'île n'est pas déclarée infestée." "Nous avons une grande difficulté technique à réaliser les prélèvements pour une raison simple c'est que nous n'avons pas le pouvoir de police qui nous permettrait d'aller chez les gens, d'ouvrir les ruches et de faire des prélèvements comme nous le voudrions", souligne le spécialiste.
"La loque américaine, un faux problème"
La restriction de la circulation du miel à cause de la loque pourrait donc être revue. "De la loque, il y en a dans tous les ruchers du monde", insiste Raiarii Crawford. "La loque c'est un problème pour les gens qui ne connaissent pas les abeilles. Ceux qui connaissent les abeilles s'en sortent. La loque c'est avant tout un problème de formation et d'encadrement."
Le service vétérinaire de la direction de la biosécurité avait d'ailleurs proposé d'enlever la loque de la liste des maladies qui restreignent les mouvements sur la Polynésie. Une proposition qui n'a pas été suivie par le gouvernement.
"La loque américaine est un faux problème", confirme Hervé Bichet. "C'est un problème sanitaire lorsque les animaux sont faibles comme en période de fin de saison des pluies. Cette maladie peut avoir un impact important si l'éleveur n'est pas attentif. Mais pour un apiculteur qui maîtrise la technique, cette maladie va avoir assez peu d'impact voire pas du tout."
La vraie menace pourrait en revanche débarquer dans les prochaines années. C'est la varroose. "En maintenant l'interdiction d'importer du miel (de l'extérieur de la Polynésie française), on empêche toute la population d'avoir accès à des miels concurrentiels, en prix ou en qualité. On ne trouve pas ici, par exemple, de miels monofloraux. On utilise une restriction sanitaire pour des raisons commerciales", relève Hervé Bichet. "A partir de là, on provoque de la fraude. On saisit tous les jours des pots de miel à l'arrivée des voyageurs ou dans les colis postaux. On est persuadé que la partie saisie est faible par rapport à la partie qui rentre. Tôt ou tard, on va rentrer des maladies beaucoup plus graves que la loque américaine parce qu'on maintient artificiellement un système qui n'est pas honnête sur le plan sanitaire."
Si la varroose venait à entrer au fenua, la filière apicole risquerait d'être durement touchée. "Les dégâts avec la varroose sont autrement plus violents qu'avec la loque américaine", souligne Hervé Bichet.
Aujourd'hui, le parasite varroa décime les colonies d'abeilles à travers le monde. La filière apicole serait-elle prête ? Raiarii Crawford demande une professionnalisation de l'apiculture. "Aujourd'hui M. Tout le monde a le droit de vendre des abeilles. En métropole pour vendre des abeilles, il faut avoir un nombre de ruches minimums et être inscrit à la chambre d'agriculture", souligne-t-il. De même du matériel de ruche peut être vendu sans contrôle, avec le risque pour l'acheteur d'acquérir du matériel contaminé.
"L'agriculture ça intéresse pour le nombre de voix mais on n'est pas du tout dans une démarche de professionnalisation", regrette Raiarii Crawford. " Les politiciens voient le monde agricole comme une espèce de boulet à trainer. Pour eux, ce sont des gens qui sont tous dans le circuit informel et qui ne payent pas de taxes et qui ne doivent donc pas trop leur en demander."
"Pour l'instant, on est toujours indemne mais ce n'est qu'une question d'années vu comment on s'y prend", met en garde Raiarii Crawford. "Les gens n'ont toujours pas réalisé que l'abeille est en voie de disparition. Elle est classée espèce en voie de disparition. Dans quelque temps cela risque d'être une espèce disparue."
Le service vétérinaire de la direction de la biosécurité avait d'ailleurs proposé d'enlever la loque de la liste des maladies qui restreignent les mouvements sur la Polynésie. Une proposition qui n'a pas été suivie par le gouvernement.
"La loque américaine est un faux problème", confirme Hervé Bichet. "C'est un problème sanitaire lorsque les animaux sont faibles comme en période de fin de saison des pluies. Cette maladie peut avoir un impact important si l'éleveur n'est pas attentif. Mais pour un apiculteur qui maîtrise la technique, cette maladie va avoir assez peu d'impact voire pas du tout."
La vraie menace pourrait en revanche débarquer dans les prochaines années. C'est la varroose. "En maintenant l'interdiction d'importer du miel (de l'extérieur de la Polynésie française), on empêche toute la population d'avoir accès à des miels concurrentiels, en prix ou en qualité. On ne trouve pas ici, par exemple, de miels monofloraux. On utilise une restriction sanitaire pour des raisons commerciales", relève Hervé Bichet. "A partir de là, on provoque de la fraude. On saisit tous les jours des pots de miel à l'arrivée des voyageurs ou dans les colis postaux. On est persuadé que la partie saisie est faible par rapport à la partie qui rentre. Tôt ou tard, on va rentrer des maladies beaucoup plus graves que la loque américaine parce qu'on maintient artificiellement un système qui n'est pas honnête sur le plan sanitaire."
Si la varroose venait à entrer au fenua, la filière apicole risquerait d'être durement touchée. "Les dégâts avec la varroose sont autrement plus violents qu'avec la loque américaine", souligne Hervé Bichet.
Aujourd'hui, le parasite varroa décime les colonies d'abeilles à travers le monde. La filière apicole serait-elle prête ? Raiarii Crawford demande une professionnalisation de l'apiculture. "Aujourd'hui M. Tout le monde a le droit de vendre des abeilles. En métropole pour vendre des abeilles, il faut avoir un nombre de ruches minimums et être inscrit à la chambre d'agriculture", souligne-t-il. De même du matériel de ruche peut être vendu sans contrôle, avec le risque pour l'acheteur d'acquérir du matériel contaminé.
"L'agriculture ça intéresse pour le nombre de voix mais on n'est pas du tout dans une démarche de professionnalisation", regrette Raiarii Crawford. " Les politiciens voient le monde agricole comme une espèce de boulet à trainer. Pour eux, ce sont des gens qui sont tous dans le circuit informel et qui ne payent pas de taxes et qui ne doivent donc pas trop leur en demander."
"Pour l'instant, on est toujours indemne mais ce n'est qu'une question d'années vu comment on s'y prend", met en garde Raiarii Crawford. "Les gens n'ont toujours pas réalisé que l'abeille est en voie de disparition. Elle est classée espèce en voie de disparition. Dans quelque temps cela risque d'être une espèce disparue."