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Apair-Apurad en grève ce mardi


Tahiti, le 17 mars 2025 – Un préavis de grève a été déposé à l’association Apair-Apurad le 12 mars. Des négociations ont été avortées ce lundi matin avec la direction de l’association qui n’a pas voulu recevoir les syndicalistes. “Ils ont clairement mis fin au dialogue social”, a déclaré le syndicat qui est décidé à “mettre fin à la souffrance de nos salariés”. Aucun accord n’ayant été trouvé ce lundi, la grève doit être effective ce mardi matin.
 
C’est la première fois qu’un préavis de grève est déposé à Apair-Apurad depuis sa création il y a près de trente ans. L’association effectue de la dialyse et s’occupe de l’insuffisance respiratoire. Le préavis a été déposé par la CSTP-FO le 12 mars dernier, a-t-on appris sur Polynésie La 1ère.
 
Le préavis de grève a été envoyé au président de l’association, taote Grégory Detrun, qui, selon nos informations, est hors territoire depuis samedi dernier. Interrogée, la déléguée syndicale de la CSTP-FO, Avearii Lachaux, assure que cette absence est “inquiétante et cela démontre bien le peu de considération qu’il a pour ses salariés depuis toutes ces années. C’est inadmissible et c’est aussi significatif pour nous.”
 
Ce sont donc la directrice des soins et le directeur médical qui “auraient été mandatés pour suivre les négociations qui se sont terminées prématurément puisqu’ils n’ont pas voulu nous recevoir”, regrette la déléguée syndicale.

“Ils ont clairement mis fin au dialogue social”

Des négociations entre la CSTP-FO et l’association Apair-Apurad étaient en effet prévues ce lundi matin, mais elles n’ont finalement pas eu lieu. “Ils n’ont pas voulu nous recevoir car nous étions en intersyndicale (les autres syndicalistes ont suivi le mouvement, NDLR) et cela n’était pas prévu. À partir du moment où il n’y a rien à cacher (…) je ne vois pas où est le problème. Ils ont clairement mis fin au dialogue social” souligne Avearii Lachaux.
 
La syndicaliste indique ne pas savoir quand les négociations vont reprendre. “Cela ne nous appartient plus”, dit-elle. “On a pris ce refus de ne pas nous recevoir comme une fin au dialogue social. Ils connaissent très bien les échéances et maintenant, chacun prendra ses responsabilités.”
 
Aucun accord n’ayant été trouvé ce lundi, les salariés ont annoncé partir à la grève, qui sera effective ce mardi 18 mars à 0 heures. Des salariés qui précisent que le dépôt de ce préavis de grève a été “mûrement réfléchi et beaucoup de nos patients partagent cette décision”.
 
La déléguée de la CSTP-FO ajoute que tous ont “un code de déontologie, une éthique et aussi une conscience professionnelle, mais aujourd’hui, on veut mettre fin à la souffrance de nos salariés. On veut dénoncer tout ce qui ne va pas, toutes les dérives et les abus”.
 
Elle rappelle d’ailleurs qu’avant de déposer ce préavis de grève, tous les courriers envoyés sont restés lettre morte et les différents échanges n’ont malheureusement mené à rien.

“Une grande partie de nos soins ont été vendus”

Les salariés sont d’autant plus inquiets qu’ils ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés. Effectivement, ils ont appris il y a quelques mois qu’“une grande partie de nos soins à domicile ont été transférés juridiquement parlant, donc ont été clairement vendus à une autre société il y a dix mois de cela. Pour nous, cela est alarmant car ce transfert d’activité et de salariés signe le début de la fin.”
 
La déléguée syndicale de la CSTP-FO ajoute également qu’“il n’est pas impossible que d’autres activités soient vendues dans les mois ou années à venir. Et la seule réponse qu’on a de leur part, c’est que c’est un choix de la gouvernance et point barre (…). Les salariés craignent pour leur avenir car on n’a aucune garantie de travailler dans de bonnes conditions et de pouvoir soigner les malades polynésiens (…). Des salariés en souffrance, ce sont aussi des patients en souffrance. Ce n’est pas une décision qui a été prise de gaieté de cœur (de déposer un préavis de grève, NDLR) et nous espérons que notre gouvernance et nos autorités prendront les mesures nécessaires pour éviter la catastrophe.”

Stop au “favoritisme (…) et à la discrimination”

Le syndicat a dix points de revendication classés en trois grands thèmes : ce qui relève du “salarial”, ce qui relève des “conditions de travail et de management”, et enfin tout ce qui concerne “le dialogue social et les instances représentatives du personnel”.
  
L’association est implantée à Mahina, Papeete (Mama’o et Paofa’i), Moorea, Paea, Papara et Ra’iatea et ses salariés demandent la revalorisation de leur salaire suite à la perte de leur pouvoir d’achat.
 
Le syndicat demande également la mise en place “rapidement d’une grille salariale en fonction des métiers, des postes et des missions de chaque salarié”. Il souhaite en outre que cesse “la politique de favoritisme” de la direction pour ce qui relève des rémunérations à l’origine “de véritables situations d’iniquités salariales”. Et enfin que des “critères d’objectifs” soient mis en place pour “l’attribution de primes et mettre fin aux décisions discriminatoires de la gouvernance”.
 
Pour ce qui est des conditions de travail, la CSTP-FO demande à “traiter les situations identifiées de souffrance au travail et de harcèlement”, que cesse également “le management inapproprié” ainsi que les “pressions de la hiérarchie” qui donnent lieu à des “risques psycho-sociaux” et qui “incitent des salariés à la démission”.
 
Contactée à plusieurs reprises, la direction de Apair-Apurad est restée injoignable.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 17 Mars 2025 à 18:23 | Lu 1319 fois