PARIS, 19 avr 2013 (AFP) - La France a considérablement renforcé sa réglementation en matière de protection contre l'amiante, matériau hautement cancérigène encore bien présent dans le bâtiment, mais les exigences se heurtent aux réalités sur le terrain, ont souligné vendredi des acteurs du secteur.
"Pour les jeunes, l'amiante peut souvent être perçu comme une affaire du passé. Or, c'est une affaire qu'on va encore traîner pendant quelques dizaines d'années", a relevé Philippe Jandrot de l'Institut national de recherche et de sécurité (Inrs), à l'occasion d'une conférence de presse organisée par l'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP).
Avec cette fibre interdite depuis 1997, "on a affaire à quelque chose qui est invisible", un "ennemi caché" dont les effets sur la santé se produisent 10 à 40 ans après l'exposition, ce qui fait que "beaucoup de gens sont dans le déni", a-t-il ajouté.
Pourtant, la substance - encore présente dans environ un logement sur deux dans l'Hexagone - est jugée responsable de 10 à 20% des cancers du poumon et pourrait provoquer 100.000 décès d'ici à 2025.
Elle est la deuxième cause de maladies professionnelles et coûte plus de 900 millions d'euros par an d'indemnisations à l'Assurance maladie, a souligné Bénédicte Legrand-Jung, de la Direction générale du Travail (DGT).
D'où la nécessité d'agir pour une meilleure protection des salariés qui peuvent y être exposés, le secteur du bâtiment étant le plus concerné.
Mme Legrand-Jung met en exergue la "réforme réglementaire lourde, très exigeante intervenue depuis 2012", avec notamment un abaissement des seuils d'exposition autorisés (qui entrera en vigueur au 1er juillet 2015), des obligations de formation et de protection renforcée dans les entreprises (masques, vêtements de protection, calfeutrage des chantiers, etc.).
Mais elle reconnaît qu'historiquement, les obligations règlementaires n'ont "pas toujours été bien appliquées" et souligne que le ministère du Travail a un double souci: une "exigence très forte sur la prévention" et un souci "d'effectivité de la mise en oeuvre de cette réglementation".
Des "exigences irréalisables"
Certaines entreprises font toutefois part de difficultés.
"On souffre d'un manque de places en terme de formation", indique notamment Julien Durieux, gérant d'une société de couverture basée dans l'Aude, confrontée à beaucoup de matériaux amiantés.
Selon l'OPPBTP, qui mène depuis un an une vaste campagne dont le message est "pas formé, pas toucher", plus de 10.000 travailleurs ont reçu une formation amiante en 2012.
Un chiffre qui peut paraître faible "au vu des plus de 300.000 personnes qui constituent le public prioritaire à former", relève Alexandre Nazet, représentant de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb), le secrétaire général de l'OPPBTP, Paul Duphil, soulignant toutefois que la "dynamique est enclenchée".
Outre ces problèmes de formation, M. Durieux souligne une "méconnaissance du danger amiante chez les donneurs d'ordre", certains percevant les exigences - évidemment coûteuses - d'installations de sas de décontamination, d'utilisation de combinaisons... comme "du cinéma".
Philippe Tempère, représentant les syndicats patronaux au sein de la Fédération française du bâtiment (FFB), assure que "la volonté de la profession est effectivement de parvenir à pouvoir respecter la réglementation", mais réclame du temps.
Il évoque des organismes de formation "saturés", des "textes très nombreux et difficiles à comprendre", alors que dans le bâtiment, un "certain nombre de salariés ne sont même pas lettrés en français". Il met aussi en avant des problèmes purement matériels comme la question des masques de protection, importés des Etats-Unis et conçus sur un modèle unique pas forcément adapté à la physionomie des ouvriers.
Pour M. Tempère, "la nouvelle réglementation vient se traduire pour la plupart des entreprises par des exigences techniques irréalisables dans les délais impartis" ce qui, en ces temps de crise, risque, finalement, "de jouer contre l'emploi".
Une opposition entre "crise économique et emploi d'un côté et amiante de l'autre" que le ministère du Travail "ne souhaite pas faire", a souligné de son côté Mme Legrand-Jung.
"Pour les jeunes, l'amiante peut souvent être perçu comme une affaire du passé. Or, c'est une affaire qu'on va encore traîner pendant quelques dizaines d'années", a relevé Philippe Jandrot de l'Institut national de recherche et de sécurité (Inrs), à l'occasion d'une conférence de presse organisée par l'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP).
Avec cette fibre interdite depuis 1997, "on a affaire à quelque chose qui est invisible", un "ennemi caché" dont les effets sur la santé se produisent 10 à 40 ans après l'exposition, ce qui fait que "beaucoup de gens sont dans le déni", a-t-il ajouté.
Pourtant, la substance - encore présente dans environ un logement sur deux dans l'Hexagone - est jugée responsable de 10 à 20% des cancers du poumon et pourrait provoquer 100.000 décès d'ici à 2025.
Elle est la deuxième cause de maladies professionnelles et coûte plus de 900 millions d'euros par an d'indemnisations à l'Assurance maladie, a souligné Bénédicte Legrand-Jung, de la Direction générale du Travail (DGT).
D'où la nécessité d'agir pour une meilleure protection des salariés qui peuvent y être exposés, le secteur du bâtiment étant le plus concerné.
Mme Legrand-Jung met en exergue la "réforme réglementaire lourde, très exigeante intervenue depuis 2012", avec notamment un abaissement des seuils d'exposition autorisés (qui entrera en vigueur au 1er juillet 2015), des obligations de formation et de protection renforcée dans les entreprises (masques, vêtements de protection, calfeutrage des chantiers, etc.).
Mais elle reconnaît qu'historiquement, les obligations règlementaires n'ont "pas toujours été bien appliquées" et souligne que le ministère du Travail a un double souci: une "exigence très forte sur la prévention" et un souci "d'effectivité de la mise en oeuvre de cette réglementation".
Des "exigences irréalisables"
Certaines entreprises font toutefois part de difficultés.
"On souffre d'un manque de places en terme de formation", indique notamment Julien Durieux, gérant d'une société de couverture basée dans l'Aude, confrontée à beaucoup de matériaux amiantés.
Selon l'OPPBTP, qui mène depuis un an une vaste campagne dont le message est "pas formé, pas toucher", plus de 10.000 travailleurs ont reçu une formation amiante en 2012.
Un chiffre qui peut paraître faible "au vu des plus de 300.000 personnes qui constituent le public prioritaire à former", relève Alexandre Nazet, représentant de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb), le secrétaire général de l'OPPBTP, Paul Duphil, soulignant toutefois que la "dynamique est enclenchée".
Outre ces problèmes de formation, M. Durieux souligne une "méconnaissance du danger amiante chez les donneurs d'ordre", certains percevant les exigences - évidemment coûteuses - d'installations de sas de décontamination, d'utilisation de combinaisons... comme "du cinéma".
Philippe Tempère, représentant les syndicats patronaux au sein de la Fédération française du bâtiment (FFB), assure que "la volonté de la profession est effectivement de parvenir à pouvoir respecter la réglementation", mais réclame du temps.
Il évoque des organismes de formation "saturés", des "textes très nombreux et difficiles à comprendre", alors que dans le bâtiment, un "certain nombre de salariés ne sont même pas lettrés en français". Il met aussi en avant des problèmes purement matériels comme la question des masques de protection, importés des Etats-Unis et conçus sur un modèle unique pas forcément adapté à la physionomie des ouvriers.
Pour M. Tempère, "la nouvelle réglementation vient se traduire pour la plupart des entreprises par des exigences techniques irréalisables dans les délais impartis" ce qui, en ces temps de crise, risque, finalement, "de jouer contre l'emploi".
Une opposition entre "crise économique et emploi d'un côté et amiante de l'autre" que le ministère du Travail "ne souhaite pas faire", a souligné de son côté Mme Legrand-Jung.