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Alterocéan, première SARL polynésienne inspirée du modèle ESS (économie sociale et solidaire)


Audrey Lachaud
Audrey Lachaud
PAPEETE, le 11 juin 2018 - Les trois lettres ESS se rapportent à l’économie sociale et solidaire. Reconnue par la loi du 31 juillet 2014 en France, ces lettres sont associées à des structures qui cherchent à concilier utilité sociale, solidarité, performance économique et gouvernance démocratique. Jusqu’alors inconnue par la loi polynésienne, l’économie sociale et solidaire fait ses premiers pas sur le territoire avec Alterocéan.

En métropole, il n’existe pas de forme juridique particulière d’entreprise sociale. Toutefois, une entreprise sociale peut prendre la forme d’une structure de l’économie sociale et solidaire comme l’association ou la société commerciale coopérative (Scop, Scic), elle peut aussi se constituer sous la forme d’une société commerciale classique comme la SA, la SAS ou la SARL.

Elle applique alors les principes de l’ESS (économie sociale et solidaire) qui sont : l’utilité sociale, la gouvernance participative, la lucrativité limitée.

En Polynésie cela n’est pas possible. Ou plutôt cela n’était pas possible. Audrey Lachaud prouve le contraire avec son entreprise Alterocéan.

Plusieurs statuts de société existent au fenua. Et notamment la SARL et la SAS. La première est plus accessible financièrement, mais aussi plus figée. L’écriture des statuts de la SAS est beaucoup plus libre mais reste très couteuse. Audrey Lachaud a reçu à monter une SARL dont elle a choisi les statuts. Une première au fenua !

"Je me suis inspirée de l’économie sociale et solidaire", rapporte celle qui s’est battue plusieurs mois avant d’arriver à ses fins. Elle a remué ciel et terre, a fait appel à un avocat. Finalement Alterocéan a vu le jour en janvier 2018.

Reprenant les principes métropolitains de l’ESS, Audrey Lachaud énumère : "Alterocéan a une utilité sociale, elle rend service à la communauté, aux gens. Sa lucrativité est limitée. Les bénéfices ne seront donnés aux actionnaires mais réinvestis, enfin, elle repose sur une gouvernance participative. Producteurs, salariés, associations se réuniront deux fois par an et pourront partager leur vision pour réorienter la stratégie vers plus d’éthique, au besoin". Et tout cela est inscrit dans les statuts.

Cook & FoodLab


Alterocéan porte le projet Cook & FoodLab. Un projet qui, concrètement, est en train de voir le jour à Moorea. Cinq containers ont été déposés et sont en cours d’aménagement. Ils forment un U et deviendront bientôt un ensemble de bâtiments eco-responsables divisés en trois parties.

L’une sera mise à disposition de producteurs locaux. "Food & CookLab les accompagnera sur la partie recette, formulation notamment", précise Audrey Lachaud. L’idée est de valoriser les produits animaux ou végétaux du territoire. "Le foodLab sera un outil collaboratif de transformation agroalimentaire pour les producteurs et professionnels. Vous n’aurez pas de charges d’entretien, pas de droits d’entrée. Seule l’envie et la créativité comptent", peuvent lire les internautes sur le site Food & CookLab.

Ce laboratoire suivra un cahier des charges rigoureux. Concrètement il consistera en 75 mètres carrés, composés de huit espaces qui permettront à deux ou trois personnes d’évoluer sans difficultés : réception, vestiaire, réserve, préparation froide, légumerie, plonge, cuisson, conditionnement (avec autoclave, capsuleuse, étuve, unité de séchage).

Expérience culinaire, formation, éducation

Une deuxième partie servira à la mise en place d’expériences et ateliers culinaires à destination des touristes mais aussi des amateurs locaux. Les expériences culinaires raconteront les histoires des produits, leurs usages, leur cueillette. "Vous découvrirez des savoir-faire très ancrés dans la culture polynésienne, découvrirez l’usage des plantes et des parties végétales dans les préparations et les cuissons".

Pour les ateliers, "on aura des thèmes comme la boulangerie, la viennoiserie, les plats vegan, les repas pas chers, la conserverie, la charcuterie", annonce Audrey Lachaud.

Enfin, Food & CookLab comportera un troisième volet, celui de la formation, de l’éducation à la santé, au bien-être local. Le site devrait ouvrir ses portes en octobre prochain.

Pratique

Facebook : Food & CookLab Tahiti
Site internet Food & CookLab

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 11 Juin 2018 à 16:18 | Lu 3017 fois