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«Allez-vous vraiment mettre un homme de 80 ans en prison pour 3 ans ?»


«Allez-vous vraiment mettre un homme de 80 ans en prison pour 3 ans ?»
C’est la carte de l’émotion que Me Lef Forster a joué, jeudi après-midi, devant le tribunal, au cours d’une plaidoirie vibrante pour son client Gaston Flosse. « C’est avec sérénité que je demande la relaxe de M. Flosse », a déclaré l’avocat, après avoir imploré le tribunal de ne pas mettre en péril la belle « histoire d’amour » que vivent la Polynésie et la France depuis le don que Pomare V fit de Tahiti et de ses dépendances en 1880. Au terme de ces plaidoiries, le tribunal a fixé la date du délibéré au 4 octobre.

Si Me Quinquis, pendant plus de 2 heures, a tenté de prouver que ce procès était politique, Me Forster, lui, a tenté d’en faire un procès historique. « J’aurais aimé plaider un 13 mai (les plaidoieries devaient normalement avoir lieu le vendredi 13 ndlr) car c’est un 13 mai que Gaston Flosse présenta à la France son projet de statut d’autonomie », s’est ainsi exclamé Me Forster, avant de revenir longuement, devant une salle captivée, sur les « bienfaits » de Gaston Flosse pour la Polynésie.

« Je ne vais pas vous faire un panégyrique ! je ne vous demande pas de l’élire ! mais enfin cet homme n’a pas gagné un centime sur les faits qui lui sont reprochés ! » Pour l’avocat, M. Flosse est un homme qui souffre d’une « névrose » : celle de vouloir aider les autres, sans y trouver d’enrichissement personnel. S’il ne veut pas faire de panégyrique, l’avocat n’est pourtant pas loin : il évoque le petit Gaston Flosse, fils d’un limonadier des Gambier, qui choisit de devenir instituteur, puis de se lancer dans la politique.


«Allez-vous vraiment mettre un homme de 80 ans en prison pour 3 ans ?»
« Rarement un homme politique aura été à ce point disponible », s’exclame Me Forster, en référence à ces fameuses audiences du mardi, où Gaston Flosse recevait le « peuple », et qui avaient été dénigrées par le Parquet, pour qui « la démocratie, ce n’est pas ça ». Pour contrer l’image de République bananière, souvent évoquée au cours du procès, l’avocat, dans un trait d’esprit… un peu grivois, lâche que l'emblème du parti Tahoeraa, ce n’est pas la banane, mais le fei, cette « banane orange dressée vers le ciel » (sic). Mais Forster est aussi un homme de culture, la culture Austro-hongroise de ses origines. Il évoque tour à tour Brecht, Zweig, la liberté, et les valeurs de la démocratie, et finit, en nage, une plaidoirie qui aura captivé son audience, en demandant à la cour : « Allez-vous vraiment mettre un homme de 80 ans en prison pour 3 ans » ?


«Allez-vous vraiment mettre un homme de 80 ans en prison pour 3 ans ?»
Les questions de droit pur, c’est son confrère, Me Quinquis, qui s’est chargé de les évoquer longuement, pendant plus de deux heures. L’instruction a été « nulle », ose l’avocat, pour qui on cherche la « mort politique de nos élites ». Pour l’avocat, la question principale est « Etait-ce légal ? » ? Pour lui bien sûr, la réponse est oui. Et de rappeler que le président n’avait que deux solutions légales pour faire travailler ces personnes sans les intégrer à la fonction publique territoriale : le statut d’ANFA (agent non-fonctionnaire) ou les contrats cabinet. « Avait-il le choix » ? s’interroge donc l’avocat. Au tribunal d’en juger. Le délibéré a été fixé au 4 octobre.

Rédigé par F K le Jeudi 12 Mai 2011 à 18:31 | Lu 2758 fois