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Allergie à l'oeuf : souvent de bonne évolution, n'empêche pas la vaccination


Allergie à l'oeuf : souvent de bonne évolution, n'empêche pas la vaccination
PARIS, 22 avril 2011 (AFP) - L'allergie à l'oeuf, une des allergies alimentaires fréquentes chez l'enfant, connaît souvent une bonne évolution spontanée et n'empêche pas ceux qui continuent à en souffrir de recevoir des vaccins cultivés sur l'oeuf, selon des allergologues réunis à Paris.

Si l'on en croit les parents, il y aurait en France jusqu'à 7% d'allergiques à l'oeuf, a souligné le Dr Avigael Benhamou, pédiatre et allergologue aux Hôpitaux universitaires de Genève, devant le 6ème congrès francophone d'allergologie, qui s'achève ce vendredi.

En réalité, on fait la confusion entre sensibilité et allergie, et les allergiques sont 1,7% après vérification par des tests de provocation orale, où l'enfant ingère de l'oeuf par petites quantités jusqu'à déclenchement des symptômes.

Les allergies à l'oeuf se manifestent généralement par de l'urticaire, des problèmes cutanés, un gonflement, des vomissements et douleurs abdominales, et au pire un choc anaphylactique (chute de la pression artérielle, accélération du rythme cardiaque...) pouvant être gravissime.

Certains enfants sont allergiques à l'oeuf seulement cru, d'autres à l'oeuf sous toutes ses formes, a souligné le Dr Benhamou. Le blanc d'oeuf est la principale source d'allergènes tels que l'ovomucoïde, résistant à la chaleur, et l'ovalbumine.

"En général, dit-elle, le pronostic est favorable", mais il faut être patient. Selon une étude récente portant sur 881 personnes, la guérison survient spontanément chez 4% des patients à l'âge de 4 ans, 12% à 6 ans, 37% à 10 ans et 68% à 16 ans.

Les autres étaient condamnés jusqu'à récemment à un régime strict d'éviction de l'oeuf, jusqu'à guérison, ce qui était difficile à tenir. Aujourd'hui on induit une dose d'oeuf progressive qui va "favoriser l'acquisition de tolérance chez la plupart des patients", explique le Dr Delphine de Boissieu, pédiatre et allergologue à l'hôpital Necker.

Les protocoles sont multiples. Pour certains, "la première dose était préparée avec dix gouttes d'oeuf battu, diluées dans 100 ml d'eau", et le patient recevait une goutte de la préparation, avec augmentation des doses tous les trois jours. "On arrivait à l'oeuf entier au bout de 4 à 8 mois", dit le Dr de Boissieu.

D'autres ingèrent progressivement de la poudre d'oeuf, et au bout d'un an peuvent manger un demi-oeuf. Mais l'allergie récidive si on n'en consomme pas régulièrement. D'autres encore ont un protocole plus soutenu, mais à l'hôpital.

A la suite de ces inductions, même si les enfants ne sont pas guéris, ils sont "à l'abri de l'accident" et "gagnent en qualité de vie", relève le Dr de Boissieu.

Enfin, aucun vaccin, même s'il est cultivé sur l'oeuf, n'est contre-indiqué pour les gens allergiques, affirme le Dr Etienne Bidat, pédiatre à l'hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne (Hauts-de-Seine).

Lors de l'épidémie de grippe H1N1, l'an dernier, il avait été recommandé aux personnes présentant une allergie à l'oeuf de se faire vacciner à l'hôpital et avec des vaccins particuliers, cultivés non sur l'oeuf mais par division cellulaire.

"Du délire", selon le Dr Bidat, qui souligne que les vaccins "contiennent des quantités infimes d'oeuf ou n'en contiennent pas". Il note qu'il y a des accidents anaphylactiques pour tous les vaccins, "qu'ils contiennent ou non des traces de protéines d'oeuf".

Pour lui, on peut vacciner tout le monde "en toute quiétude", éventuellement "en deux ou trois fois" pour le vaccin contre la fièvre jaune qui contient plus d'ovalbumine que d'autres.

chc/fa:jmg

Rédigé par Par Christine COURCOL le Vendredi 22 Avril 2011 à 05:53 | Lu 535 fois