Selon Tunui Pureni, conseiller technique au ministère de la santé, le jeûne intermittent est une des solutions pour lutter contre l'obésité.
Tahiti, le 10 avril 2024 - Ce mercredi, à l'assemblée de la Polynésie française, dans le cadre de la Journée mondiale de la santé, s'est tenue la conférence sur “la diète des anciens Polynésiens pour améliorer notre santé”. L'occasion pour le ministère de la Santé de fustiger les mauvaises habitudes de consommation des Polynésiens, mais, surtout, d'encourager ces derniers à revenir à un comportement alimentaire raisonné, hérité des tupuna.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 75% de la population polynésienne sont en surpoids, parmi lesquels 48% souffrent d'obésité. Des données alarmantes, pourtant bien connues des pouvoirs publics depuis des années et qui ne font qu'empirer. Selon le conseiller technique du ministère de la Santé, Tunui Pureni, les origines du problème remontent à l'époque du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) : “Lorsque le CEP est arrivé, les Polynésiens ont eu accès au sucre plus facilement. Cela a été un bouleversement dans les comportements alimentaires de ces derniers.”
Une occidentalisation des comportements alimentaires qui ne correspond pas aux habitudes frugivores des Polynésiens d'antan : “Aujourd'hui, nous mangeons trois repas par jours. Or, à l'époque, les Polynésiens ne mangeaient que deux fois par jours en période d'abondance, et même une fois par jour en période de disette. Et il s'agissait essentiellement de fruits et légumes locaux. Sans le savoir, les Polynésiens pratiquaient déjà à l'époque ce que l'on appelle le jeûne intermittent aujourd'hui”, explique Tunui Pureni.
En finir avec le mythe de l'abondance
Dans l'ensemble des écrits des premiers Européens à avoir foulé le sol polynésien, tous décrivaient une certaine abondance des ressources alimentaires. Une image, en partie erronée, qui s'est installée durablement dans les représentations collectives. Pour Tunui Pureni, il est important de préciser certaines choses : “De récentes études anthropologiques démontrent que l'abondance décrite à l'époque est un mythe ! Pour avoir cette impression d'abondance, il y avait des restrictions fortes et structurées. À l'époque, il y avait deux sortes de restrictions alimentaires : il y avait des interdits, donc des ma'a tapu, et des restrictions occasionnelles, c'est-à-dire des rāhui.”
Mais contrairement à l'utilisation courante du terme aujourd'hui, ces rāhui ne concernaient pas uniquement les lagons ou les vallées, ils étaient d'abord et surtout imposés à l'homme lui-même. “C'est une tout autre approche que celle dont nous sommes témoins aujourd'hui”, fait remarquer Tunui Pureni. “La restriction structurait le régime alimentaire et le quotidien des Polynésiens de l'époque. Ils ne pouvaient pas se permettre de manger autant que nous le faisons aujourd'hui. Et à l'époque, ils étaient en bonne santé. Aujourd'hui, quel constat pouvons-nous faire ? Un seul : avec trois repas par jour, nous tombons dans l'obésité.”
Revenir à des comportements alimentaires raisonnés
Pour le porte-parole du ministère de la Santé, le rapport à l'alimentation des anciens suggère de nombreux bénéfices : “Cela fait cinq ans maintenant que je pratique le jeûne intermittent. Cela m'a permis de guérir de mon diabète de type 2, de guérir de ma goutte et de perdre 33 kilos.” De plus, le jeûne entraînerait une nette amélioration des capacités cognitives, due notamment à la sécrétion de corps cétoniques, cellules énergétiques bénéfiques au cerveau, lorsque les graisses brûlent.
Autre bénéfice des pratiques ancestrales, des études montrent que la consommation de fruits et légumes d'origine polynésienne renforce le microbiote, c'est-à-dire la flore intestinale. En effet, les légumineuses locales, très riches en fibre, favorisent la présence de bonnes bactéries. Et en période de disette, la consommation de produits fermentés, qui se conservent plus longtemps, apporte également ces fameuses bonnes bactéries à la flore intestinale. À l'exemple du ‘uru fermenté ou encore du mitihue.
“Revenir au jeûne et au rāhui, c'est avoir une vision communautaire de l'alimentation. C'est là l'héritage de nos tupuna”, défend fermement Tunui Pureni, qui n'hésite pas à dénoncer l'approche individualiste et hâtive des consommateurs polynésiens d'aujourd'hui : “C'est malheureux, mais c'est plus facile aujourd'hui pour les Polynésiens d'acheter cinq baguettes de pain que de cuire le ‘uru de leur jardin. Je le dis toujours : donner du pain, c'est tuer les Polynésiens, donner du ‘uru, c'est les faire revivre !" Selon le ministère, un plan de transition alimentaire serait en cours d'élaboration.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 75% de la population polynésienne sont en surpoids, parmi lesquels 48% souffrent d'obésité. Des données alarmantes, pourtant bien connues des pouvoirs publics depuis des années et qui ne font qu'empirer. Selon le conseiller technique du ministère de la Santé, Tunui Pureni, les origines du problème remontent à l'époque du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) : “Lorsque le CEP est arrivé, les Polynésiens ont eu accès au sucre plus facilement. Cela a été un bouleversement dans les comportements alimentaires de ces derniers.”
Une occidentalisation des comportements alimentaires qui ne correspond pas aux habitudes frugivores des Polynésiens d'antan : “Aujourd'hui, nous mangeons trois repas par jours. Or, à l'époque, les Polynésiens ne mangeaient que deux fois par jours en période d'abondance, et même une fois par jour en période de disette. Et il s'agissait essentiellement de fruits et légumes locaux. Sans le savoir, les Polynésiens pratiquaient déjà à l'époque ce que l'on appelle le jeûne intermittent aujourd'hui”, explique Tunui Pureni.
En finir avec le mythe de l'abondance
Dans l'ensemble des écrits des premiers Européens à avoir foulé le sol polynésien, tous décrivaient une certaine abondance des ressources alimentaires. Une image, en partie erronée, qui s'est installée durablement dans les représentations collectives. Pour Tunui Pureni, il est important de préciser certaines choses : “De récentes études anthropologiques démontrent que l'abondance décrite à l'époque est un mythe ! Pour avoir cette impression d'abondance, il y avait des restrictions fortes et structurées. À l'époque, il y avait deux sortes de restrictions alimentaires : il y avait des interdits, donc des ma'a tapu, et des restrictions occasionnelles, c'est-à-dire des rāhui.”
Mais contrairement à l'utilisation courante du terme aujourd'hui, ces rāhui ne concernaient pas uniquement les lagons ou les vallées, ils étaient d'abord et surtout imposés à l'homme lui-même. “C'est une tout autre approche que celle dont nous sommes témoins aujourd'hui”, fait remarquer Tunui Pureni. “La restriction structurait le régime alimentaire et le quotidien des Polynésiens de l'époque. Ils ne pouvaient pas se permettre de manger autant que nous le faisons aujourd'hui. Et à l'époque, ils étaient en bonne santé. Aujourd'hui, quel constat pouvons-nous faire ? Un seul : avec trois repas par jour, nous tombons dans l'obésité.”
Revenir à des comportements alimentaires raisonnés
Pour le porte-parole du ministère de la Santé, le rapport à l'alimentation des anciens suggère de nombreux bénéfices : “Cela fait cinq ans maintenant que je pratique le jeûne intermittent. Cela m'a permis de guérir de mon diabète de type 2, de guérir de ma goutte et de perdre 33 kilos.” De plus, le jeûne entraînerait une nette amélioration des capacités cognitives, due notamment à la sécrétion de corps cétoniques, cellules énergétiques bénéfiques au cerveau, lorsque les graisses brûlent.
Autre bénéfice des pratiques ancestrales, des études montrent que la consommation de fruits et légumes d'origine polynésienne renforce le microbiote, c'est-à-dire la flore intestinale. En effet, les légumineuses locales, très riches en fibre, favorisent la présence de bonnes bactéries. Et en période de disette, la consommation de produits fermentés, qui se conservent plus longtemps, apporte également ces fameuses bonnes bactéries à la flore intestinale. À l'exemple du ‘uru fermenté ou encore du mitihue.
“Revenir au jeûne et au rāhui, c'est avoir une vision communautaire de l'alimentation. C'est là l'héritage de nos tupuna”, défend fermement Tunui Pureni, qui n'hésite pas à dénoncer l'approche individualiste et hâtive des consommateurs polynésiens d'aujourd'hui : “C'est malheureux, mais c'est plus facile aujourd'hui pour les Polynésiens d'acheter cinq baguettes de pain que de cuire le ‘uru de leur jardin. Je le dis toujours : donner du pain, c'est tuer les Polynésiens, donner du ‘uru, c'est les faire revivre !" Selon le ministère, un plan de transition alimentaire serait en cours d'élaboration.