Le réseau des Aires marines protégées de Moorea. En orange, les zones totalement interdites à la pêche et aux activités extractives. En jaune, les zones partiellement protégées. Selon leur vocation, diverses activités y sont autorisées. Ainsi, dans l'AMP à vocation touristique de Nuarei, la pêche à la ligne , la pêche à la bonite et la pêche des alevins sont permises. Les points orange sont les lieux où les prélèvements du Criobe sont effectués depuis 2004.
PAPEETE, le 9 septembre 2019 - Une étude du Criobe montre que les cinq aires marines totalement protégées de Moorea ont eu un impact positif sur l'environnement, dix ans après leur mise en place. Bien plus que les trois aires marines partiellement protégées de l'île-sœur.
Dans un article scientifique publié au début de l'année, les scientifiques du Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement (Criobe) de Moorea font le point sur l'efficacité des aires marines protégées (AMP) de Moorea, mises en place en 2007.
Pour leur étude, les chercheurs se basent sur un travail de longue haleine : depuis 2004, ils sont allés régulièrement prélever des échantillons sur 39 zones de Moorea, dans toutes les AMP de l'île mais aussi en dehors, pour pouvoir comparer l'effet de la protection. Ils ont ainsi effectué cinq fois leurs prélèvements avant l’instauration des AMP, puis ils y sont retournés neuf fois depuis.
Leurs conclusions : "dans toutes les AMP, à l'extérieur du récif, la densité de poissons a augmenté de 19,3 % et la biomasse a augmentée de 24,8 % comparées aux zones-témoins. Les zones totalement protégées ont offert un bénéfice écologique supérieur aux zones modérément protégées. Dans le lagon, la densité et la biomasse des poissons concernés par la pêche ont augmentés, mais ce n'est que dans les AMP totalement protégées que cette augmentation a été significative avec une biomasse en hausse de 31 %." Ces résultats confirment ceux d'une vaste étude internationale, publiée en 2008, selon laquelle les AMP partiellement protégées se révèlent très peu efficaces au niveau écologique à travers le monde, contrairement aux AMP totalement protégées.
Pour Moorea, les recherches du Criobe apportent donc de très bonnes nouvelles, au moins pour les cinq AMP totalement protégées. Mais ces progrès restent plus faibles que ce que les scientifiques attendaient par rapport aux résultats des AMP dans le reste du monde. Le Criobe suggère "que l'effet de la protection a été relativement faible à cause du respect limité des zones protégées et de la très faible surveillance. Néanmoins d'autres facteurs ont pu participer, comme un épisode de taramea et un cyclone qui ont touché Moorea après l'établissement des AMP. Malgré tout, nos résultats mettent en avant l'importance d'instaurer des AMP totalement protégées plutôt que des AMP partiellement protégées pour atteindre les objectifs de préservation, même dans les cadres socio-écologiques complexes. Nos résultats montrent également clairement qu'il faut surveiller les changements et adapter la gestion de ces AMP en fonction des évolutions constatées."
Joachim Claudet, chercheur au CNRS - Criobe et co-auteur de l'étude, a précisé ces résultats dans un interview pour le journal MPA News : "les aires marines entièrement protégées (...) interdites à la pêche, apportent le plus de bénéfices écologiques. Concernant les aires marines partiellement protégées ou les aires marines gérées, aucun bénéfice écologique direct ne peut être attendu, car l’impact des activités autorisées sur la biodiversité et les habitats reste trop important. Mais ce type de zones de gestion peut toujours être utilisé par les gestionnaires pour des campagnes de sensibilisation. Elles peuvent aussi être un point de départ (...) en vue de renforcer le niveau de protection. Dans la plupart des cas, les bénéfices écologiques des AMP vont générer par la suite des bénéfices sociaux et économiques. La preuve scientifique de ces bénéfices écologiques permet en outre de justifier la mise en place de ces réglementations et de mobiliser la population pour un meilleur respect des réglementations."
Dans un article scientifique publié au début de l'année, les scientifiques du Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement (Criobe) de Moorea font le point sur l'efficacité des aires marines protégées (AMP) de Moorea, mises en place en 2007.
Pour leur étude, les chercheurs se basent sur un travail de longue haleine : depuis 2004, ils sont allés régulièrement prélever des échantillons sur 39 zones de Moorea, dans toutes les AMP de l'île mais aussi en dehors, pour pouvoir comparer l'effet de la protection. Ils ont ainsi effectué cinq fois leurs prélèvements avant l’instauration des AMP, puis ils y sont retournés neuf fois depuis.
Leurs conclusions : "dans toutes les AMP, à l'extérieur du récif, la densité de poissons a augmenté de 19,3 % et la biomasse a augmentée de 24,8 % comparées aux zones-témoins. Les zones totalement protégées ont offert un bénéfice écologique supérieur aux zones modérément protégées. Dans le lagon, la densité et la biomasse des poissons concernés par la pêche ont augmentés, mais ce n'est que dans les AMP totalement protégées que cette augmentation a été significative avec une biomasse en hausse de 31 %." Ces résultats confirment ceux d'une vaste étude internationale, publiée en 2008, selon laquelle les AMP partiellement protégées se révèlent très peu efficaces au niveau écologique à travers le monde, contrairement aux AMP totalement protégées.
Pour Moorea, les recherches du Criobe apportent donc de très bonnes nouvelles, au moins pour les cinq AMP totalement protégées. Mais ces progrès restent plus faibles que ce que les scientifiques attendaient par rapport aux résultats des AMP dans le reste du monde. Le Criobe suggère "que l'effet de la protection a été relativement faible à cause du respect limité des zones protégées et de la très faible surveillance. Néanmoins d'autres facteurs ont pu participer, comme un épisode de taramea et un cyclone qui ont touché Moorea après l'établissement des AMP. Malgré tout, nos résultats mettent en avant l'importance d'instaurer des AMP totalement protégées plutôt que des AMP partiellement protégées pour atteindre les objectifs de préservation, même dans les cadres socio-écologiques complexes. Nos résultats montrent également clairement qu'il faut surveiller les changements et adapter la gestion de ces AMP en fonction des évolutions constatées."
Joachim Claudet, chercheur au CNRS - Criobe et co-auteur de l'étude, a précisé ces résultats dans un interview pour le journal MPA News : "les aires marines entièrement protégées (...) interdites à la pêche, apportent le plus de bénéfices écologiques. Concernant les aires marines partiellement protégées ou les aires marines gérées, aucun bénéfice écologique direct ne peut être attendu, car l’impact des activités autorisées sur la biodiversité et les habitats reste trop important. Mais ce type de zones de gestion peut toujours être utilisé par les gestionnaires pour des campagnes de sensibilisation. Elles peuvent aussi être un point de départ (...) en vue de renforcer le niveau de protection. Dans la plupart des cas, les bénéfices écologiques des AMP vont générer par la suite des bénéfices sociaux et économiques. La preuve scientifique de ces bénéfices écologiques permet en outre de justifier la mise en place de ces réglementations et de mobiliser la population pour un meilleur respect des réglementations."