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Air France: fin de négociations avec les pilotes, un texte sur la table


Paris, France | AFP | mercredi 03/05/2017 - Après des semaines de négociations chaotiques avec les pilotes, la direction d'Air France a transmis mercredi aux syndicats un projet d'accord sur le plan stratégique de la compagnie, sans garantie de réussite.
Les deux parties négocient depuis début décembre l'application du plan d'Air France-KLM, "Trust Together" ("la confiance ensemble"), qui comprend notamment la création d'une compagnie à coûts réduits.
S'il n'obtient pas la signature du syndicat de pilotes majoritaire à Air France, le SNPL (65% des voix), ce projet de filiale ne verra pas le jour.
Les discussions ont également porté sur la délicate question du partage d'activité entre Air France et sa consœur néerlandaise KLM, les syndicats français revendiquant un rééquilibrage en faveur de la compagnie tricolore.
Il y a eu "beaucoup d'avancées de part et d'autre" mais "l'accord était loin d'être achevé" quand les négociations ont été "interrompues" par la direction dans la nuit de jeudi à vendredi, a rapporté à l'AFP Emmanuel Mistrali, porte-parole du SNPL Air France.
"Chacun est allé au bout de ses positions dans la négociation, et désormais chacun doit prendre ses responsabilités: ce qui se joue, c'est l'avenir d'Air France et sa capacité à s'engager dans une nouvelle phase de croissance durable et de reconquête", a rétorqué dans un communiqué le président d'Air France, Jean-Marc Janaillac, évoquant un "compromis positif, ambitieux, équilibré".
Le texte est ouvert à la signature des syndicats jusqu'au 31 mai.
La direction souhaitait conclure vite pour tenir son calendrier : commercialisation en juin des premiers vols de la future compagnie "Boost" (nom provisoire), lancement à l'automne sur moyen-courrier et courant 2018 sur long-courrier.
"Nous étions conscients qu'il fallait avancer rapidement", mais des doutes persistaient sur la "structure juridique" de Boost, selon M. Mistrali, qui évoque un "projet rédigé un peu à la hussarde".
 

- 'Fort impact économique' -

 
La filiale à 100% d'Air France a pour objectif de contrer la concurrence des compagnies low-cost et du Golfe en reprenant, grâce à des coûts d'exploitation inférieurs, certaines lignes moyen et long-courrier d'Air France actuellement "ultra déficitaires".
Pour cela, elle recruterait des hôtesses et stewards "au prix du marché", soit nettement moins cher qu'à Air France, et installerait une gouvernance plus souple.
Estimant que les précédents efforts faits par les pilotes ont permis à Air France de se redresser, les syndicats ont tenté d'obtenir des augmentations salariales au cours de la négociation, en vain.
Le texte de la direction ne comprend "aucun chapitre sur la revalorisation des grilles", a regretté Grégoire Aplincourt, président du second syndicat de pilotes (Spaf). Le sujet n'a "pas été abordé", "c'est carrément tabou", a poursuivi M. Mistrali.
Dans un tract, le SNPL affirme avoir demandé "une réévaluation modeste (des) grilles de 1% pour 2017 associée à un mécanisme progressif pour les années suivantes".
Un système d'intéressement a par ailleurs été discuté, mais la dernière version proposée était "sous-dimensionnée", selon les syndicats.
Pour arracher leur signature, la direction a néanmoins fait plusieurs concessions.
Les vols de Boost seraient opérés par des pilotes Air France et sa flotte limitée à 28 avions. L'entreprise a aussi renoncé à réduire la majoration des heures de nuit à Air France, un sujet qui empoisonne les relations avec le SNPL depuis plusieurs années.
En contrepartie, la direction a introduit dans le projet d'accord "différentes mesures à fort impact économique (...) dont la suppression d'un jour de repos en moyen-courrier et l'optimisation des cabines des Airbus A330 et A350", soit la suppression des toilettes réservées au personnel, explique-t-elle.
Au total, elle réclame un effort de productivité de 1,5% pour l'ensemble des pilotes du groupe Air France.
Air France-KLM a enregistré en 2016 des résultats en forte hausse, avec un bénéfice net de 792 millions d'euros, principalement grâce à sa partie néerlandaise. Le résultat d'exploitation de KLM a atteint 681 millions d'euros, contre 372 millions pour Air France.

le Mercredi 3 Mai 2017 à 04:56 | Lu 236 fois