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Afghanistan: l'ONU implore les talibans de revenir sur l'interdiction des femmes dans les ONG


Atif ARYAN / AFP
Atif ARYAN / AFP
Genève, Suisse | AFP | mardi 31/12/2024 - L'ONU a demandé mardi aux talibans au pouvoir en Afghanistan d'annuler l'interdiction faite aux femmes afghanes de travailler pour des ONG, un décret jugé "profondément discriminatoire".

Depuis le retour des talibans à Kaboul en août 2021, les femmes ont progressivement été chassées de l'espace public, poussant l'ONU à dénoncer un "apartheid de genre".

"Je suis profondément alarmé par l'annonce récente faite par les autorités de facto d'Afghanistan selon laquelle les licences des ONG seront révoquées si elles continuent à employer des femmes afghanes. Cela va absolument dans la mauvaise direction", a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, dans un communiqué.

La semaine dernière, le ministère de l'Economie afghan a rappelé aux ONG, nationales et internationales, qu'il leur était interdit de travailler avec des femmes, après une première annonce en ce sens en décembre 2022.

Les employées des secteurs de la santé et de l'éducation et celles qui travaillent en distanciel sont exemptées, a toutefois rapporté dimanche l'organisation ACBAR qui fédère environ 200 ONG en Afghanistan, après une réunion avec le ministère à Kaboul.

"Pour l'avenir de l'Afghanistan, les autorités de facto doivent changer de cap", a appelé M. Türk, rappelant que les organisations non gouvernementales jouaient "un rôle essentiel" dans ce pays où la situation humanitaire "reste désastreuse".

La moitié de la population afghane (45 millions) vit sous le seuil de pauvreté, d'après la Banque mondiale.

"Aucun pays ne peut progresser - politiquement, économiquement ou socialement - en excluant la moitié de sa population de la vie publique, a estimé le responsable onusien, exhortant à l'abrogation de "ce décret profondément discriminatoire, ainsi que toutes les autres mesures qui visent à éradiquer l'accès des femmes et des filles à l'éducation, au travail et aux services publics, y compris les soins de santé, et qui restreignent leur liberté de mouvement".

Actuellement, les Afghanes ne peuvent plus étudier au-delà du primaire, aller dans les parcs, les salles de sports, les salons de beauté, ni quasiment sortir de chez elles sans chaperon.

Une récente loi leur interdit de chanter ou de déclamer de la poésie, en vertu, comme les autres directives, d'une application ultra-rigoriste de la loi islamique. Elle les incite aussi à "voiler" leur voix et leurs corps hors de chez elles.

Certaines radios et télévisions locales ont également cessé de diffuser des voix féminines.

Le gouvernement taliban assure, lui, que la loi islamique "garantit" les droits des Afghans et des Afghanes.

le Mardi 31 Décembre 2024 à 02:42 | Lu 354 fois