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Affaire de la SEP : "L'ampleur des détournements" face aux "imprécisions du dossier"


Tahiti, le 12 octobre 2022 – Le procès de l'ancien directeur de la Société Environnement Polynésien, Karl Meuel, et des hommes d'affaires Hubert Haddad et Dominique Auroy, pour détournements de fonds publics, corruption et prise illégale d'intérêts s'est achevé mercredi soir au terme de trois jours de débats. Quatre ans de prison ferme ont été requis contre les deux premiers et deux ans ferme contre le troisième. Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 22 novembre. 

Au troisième et dernier jour du procès pour détournements de fonds publics, corruption et prise illégale d'intérêts de l'ancien président de la Société Environnement Polynésien (SEP), Karl Meuel, des hommes d'affaires Hubert Haddad et Dominique Auroy ainsi que de cinq autre prévenus, le procureur de la République a requis des peines de prison ferme à l'encontre des principaux mis en cause de ce dossier. Cinq ans de prison dont un avec sursis ont ainsi été demandés contre Karl Meuel, au regard de l'"ampleur" des détournements commis, et contre l'ancien propriétaire du groupe 2H, Hubert Haddad, dont "la pratique des rétrocommissions versées à Karl Meuel, pouvait inciter ce dernier à hâter le paiement des opérations du groupe publicitaire 2H". Il leur était en effet  reproché d'avoir passé des contrats entre la SEP et 2H pour des montants de plus en plus importants, à une fréquence qui n'avait cessé d'augmenter de 2000 à 2010. Cinq ans de prison dont deux avec sursis ont également été requis contre l'homme d'affaires, Dominique Auroy, qui est quant à lui soupçonné d'avoir vendu une chaîne de tri "hors d'usage" de sa société Tamara Nui à la SEP pour 37 millions de Fcfp alors qu'il venait concomitamment de verser 15 millions de Fcfp à Karl Meuel. Une  opération que le procureur a qualifié d'"échange de service". 

Au terme de ces réquisitions, l'avocat parisien de Dominique Auroy, Me Thuilliant, a réfuté l'idée selon laquelle son client et Karl Meuel avait procédé à une transaction sur la chaîne de tri afin de détourner des fonds publics. "La société n'avait plus d'activité, il était donc normal de vendre le matériel" a-t-il ainsi assuré avant d'assurer que cette transaction avait une logique puisque "l'essence de la fonction de la SEP était de remonter une chaîne de tri".
 
Décision "absurde"

Face aux quatre ans ferme requis à l'encontre d'Hubert Haddad, ses avocats parisiens, Mes Pierre-Olivier Sur et Francis Szpiner, ont ensuite demandé au tribunal de ne pas prononcer une décision "absurde". Alors que les investigations avaient permis d'établir que leur client avait remis de l'argent à Karl Meuel, Me Sur a soutenu que l'on n'avait pas "la certitude" que les espèces retirées par Hubert Haddad à l'époque étaient destinées à Karl Meuel. Il a également affirmé que l'augmentation des contrats passés entre le groupe 2H et la SEP s'inscrivait dans le cadre de la politique de communication entreprise par cette dernière. Me Szpiner a de son côté expliqué qu'à l'époque, Hubert Haddad n'avait pas eu besoin de payer pour avoir des clients et des commandes puisqu'il était dans "une situation de monopole très forte". 

Enfin, pour la défense de l'ancien président de la SEP, Karl Meuel, Me Robin Quinquis est revenu sur les faits, "très anciens et insuffisamment précisés". Concernant l'achat de la chaîne de tri à Dominique Auroy, l'avocat a affirmé que son client avait réellement l'intention d'utiliser ce matériel qu'il souhaitait exporter dans les îles. Matériel qui était, selon lui, en parfait état de marche. Concernant les contrats passés entre la SEP et le groupe 2H, Me Quinquis a soutenu qu'il ne voyait pas "l'ombre d'un détournement de fonds dans la technique contractuelle des deux sociétés" alors que le groupe 2H était "quasiment seul" sur le marché de la publicité et qu'il pouvait donc énoncer ses conditions. Le délibéré sera rendu le 22 novembre. 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 12 Octobre 2022 à 20:19 | Lu 4481 fois