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Affaire Garrido-Corbière: l'ex-député Jean-Christophe Lagarde en garde à vue


JULIEN DE ROSA / AFP
JULIEN DE ROSA / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 07/09/2022 - Le patron de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, bientôt jugé pour emploi fictif, est à nouveau dans la tourmente: il a été placé en garde à vue mercredi dans l'enquête sur les fausses accusations du Point en juin ayant visé les députés LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière.

L'ancien parlementaire, battu en juin dernier aux législatives en Seine-Saint-Denis par Raquel Garrido (LFI), a été interpellé à son domicile mercredi matin, a précisé une source proche du dossier, confirmant une information du Parisien.

Il a été placé en garde à vue, a indiqué le parquet de Paris. Contacté, son avocat Me Yvon Goutal n'a pas fait de commentaire.

Deux autres hommes sont également en garde à vue depuis mardi dans cette enquête: un ancien collaborateur de M. Lagarde et Anouar Bouhadjela, dit Noam Anouar, un policier détaché à la mairie de Drancy.

Cette ville de Seine-Saint-Denis d'environ 70.000 habitants a été dirigée par M. Lagarde de 2001 à 2017, avant que son épouse Aude Lavail-Lagarde n'en prenne la tête. 

Ces deux auditions ont été prolongées et étaient toujours en cours mercredi, selon une source proche. 

"Je suis satisfaite que l'enquête avance. Je rappelle que cette affaire dépasse de très loin simplement la diffamation ou l'injure. Il s'agit bien d'une atteinte au droit pénal", a réagi mercredi Raquel Garrido sur BFM TV.

"Je souhaite que la justice aille au bout de son travail", a ajouté la députée LFI, se disant "en attente de résultats".

"Le maillon faible dans cette affaire, c'est quand même Aziz Zemouri", le journaliste du Point auteur de l'article mensonger qui "a publié des choses en sachant au fond qu'elles étaient fausses", a-t-elle souligné.

Procès en octobre

En juin, juste après le second tour des législatives, ce journaliste avait publié sur le site internet de l'hebdomadaire un article accusant indûment le couple d'avoir exploité une femme de ménage sans papiers. Les deux élus avaient aussitôt démenti fermement: "tout est faux", avaient-ils protesté. 

Fait très rare, l'article avait été retiré dès le lendemain et le journal avait admis qu'il s'était "révélé faux" et "mensonger" dans une adresse aux lecteurs. 

Le couple Garrido-Corbière avait déposé une plainte le 27 juin, suivie le lendemain par celle de M. Zemouri qui vise lui Jean-Christophe Lagarde et le policier Anouar Bouhadjela. 

C'est, selon son récit, ce policier qui l'avait contacté fin mai pour le mettre en contact avec une femme prétendant être une aide ménagère, non déclarée et sans papiers, du couple de députés.

Jean-Christophe Lagarde, patron de l'UDI (Union des démocrates et indépendants) depuis 2014, a de son côté déposé plainte fin juin pour abus de confiance.

Le parquet de Paris a ouvert le 29 juin une enquête préliminaire pour examiner ces trois plaintes des chefs d'escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, usurpation d'identité et de données. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Le couple Garrido-Corbière a déposé en outre une seconde plainte pour diffamation contre Aziz Zemouri et Le Point.

Reconnaissant des défaillances dans ses "processus de contrôle interne", l'hebdomadaire a diligenté une enquête interne et M. Zemouri a été mis à pied fin juin.

Le Point a invoqué un "enfumage externe, d'abord" en écrivant que "des personnes ont vraisemblablement cherché à vendre une fausse histoire pour jeter le discrédit sur Raquel Garrido et Alexis Corbière".

Le magazine a aussi expliqué que les captures d'écran des SMS prétendument échangés entre la fausse employée et Raquel Garrido, et publiées par le journaliste, "constituaient un montage grossier".

Défait aux législatives après quatre mandats à la tête de la cinquième circonscription de Seine-Saint-Denis (2002-2022), Jean-Christophe Lagarde, 54 ans, a reçu cet été une citation à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris le 3 octobre pour détournement de fonds publics.

Il comparaîtra au côté de sa belle-mère, Monique Escolier-Lavail, la mère de sa femme, pour lui avoir octroyé un emploi fictif à l'Assemblée nationale entre mai 2009 et août 2010 à l'issue d'une enquête du Parquet national financier (PNF). Des faits qu'il conteste, avait précisé son avocat, Me Yvon Goutal.

le Mercredi 7 Septembre 2022 à 06:05 | Lu 356 fois