Tahiti Infos

Aéroport de Tahiti-Faa’a : “Une sécurité défaillante”


Tahiti, le 27 juillet 2024 – Les instances représentatives du personnel de la société Aéroport de Tahiti pointent du doigt “l’état de vétusté avancé” de la structure de l’aéroport avec des toitures “complètement pourries”, ce qui a pour conséquences des “infiltrations d’eau”. Et également la dangerosité de la piste de Tahiti-Faa’a car les “affaissements, trous et fissures” de la piste représentent un “danger” pour les utilisateurs.   
 
Les instances représentatives du personnel de la société Aéroport de Tahiti (ADT), entourées des salariés grévistes, se sont exprimées pour la première fois vendredi. “On ne pouvait pas rester muet face à tant de déni et d’irresponsabilité de la part d’Egis et d’ADT.”
 
Face à “l’impopularité” de leur mouvement, les salariés ont voulu mettre à jour les dysfonctionnements au sein de l’entreprise et dénoncer la “désinformation” émanant de leur direction. Ils ont donc voulu “délivrer l’information utile pour permettre à tout un chacun de se forger un véritable avis sur la légitimité et l’importance de ce mouvement”, précise le délégué syndical de la CSIP, Tanetua Manutahi.
 
Il rappelle qu’après de nombreuses années de “discussions (…) stériles ou rompues” dans le cadre règlementaire, “l’ultime possibilité pour défendre l’intérêt collectif – et donc de protéger les salariés – et pour faire valoir leurs droits” est la grève, un droit constitutionnel.
 
Mais plus encore, la secrétaire du comité d’entreprise (CE) d’ADT, Herenui Morienne, affirme que leur mouvement social sert également à “protéger les usagers, les passagers, les compagnies aériennes et les occupants en signalant une sécurité volontairement défaillante”. La secrétaire du CE précise qu’ils ne sont pas les seuls à faire “ce constat”.

La piste, “un vrai danger et un vrai risque”

Les instances représentatives du personnel regrettent que pendant les quatorze années de gestion d’ADT, “rien de significatif n’ait été entrepris sur les infrastructures de ces quatre aéroports (Tahiti-Faa’a, Raiatea, Bora Bora et Rangiroa, NDLR)”.
 
Ainsi, continue la membre du comité d’entreprise et du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail de l’entreprise (CHSCT) Linda Katupa, la piste de l’aéroport de Tahiti-Faa’a présente “beaucoup d’affaissements, de trous et de fissures qui mettent en danger des milliers de passagers qui circulent tous les jours sur cette piste et qui apportent aussi une grande inquiétude aux compagnies aériennes. Aujourd’hui, cette piste présente un vrai danger et un vrai risque”.
 
Les instances représentatives du personnel ajoutent que même Air Tahiti, “exploitant principal” de l’aéroport de Tahiti-Faa’a, a à plusieurs reprises tiré la sonnette d’alarme car les “trous (…) usent vite les équipements et le dos des chauffeurs”. Même malgré les multiples interventions du CHSCT, rien n’y a fait. Selon elle, ADT colmate les trous présents sur la piste “avec de l’enrobé à froid qui ne tient que quelques mois”. Linda Katupa dénonce le fait qu’aucune intervention réelle n’ait été faite car “cela coûte beaucoup d’argent donc c’est reporté à des dates ultérieures”.

“On fait du bricolage”

L’état des bâtiments n’est pas en reste selon la secrétaire du comité d’entreprise d’ADT, Herenui Morienne. Elle explique que les locataires des bâtiments n’ont eu de cesse d’alerter et de signaler les “infiltrations d’eau et les conditions de travail dégradées” auprès de la direction d’ADT.
 
La structure de l’aéroport de Tahiti-Faa’a est une vieille dame de 64 ans qui s’est “dégradée” au fur et à mesure des années et qui est aujourd’hui “arrivée à un état de vétusté avancé” alors que c’est “le poumon économique de notre pays”, regrette Linda Katupa. De plus, les bâtiments présenteraient également de “l’amiante dans les murs, les sols et réseaux”.
 
Elle ajoute également que les structures des toitures sont “complètement pourries, c’est vraiment inquiétant”, car il y a des problèmes “de fuites et d’étanchéité”. Elle regrette que la société  ne fasse “que du bricolage juste pour tenir un moment et après, avec les pluies, cela finit par se dégrader car de vraies mesures n’ont pas été prises”.
 
Les autres aéroports gérés par ADT ne sont pas en reste. Dans un des locaux de Raiatea par exemple,  où est installée l’armoire électrique basse tension, Linda Katupa indique que des étais ont été installés pour “soutenir des poutres pour éviter que cela ne tombe”. Une grande partie de cet aéroport a même été condamnée car de l’amiante a été détecté, précise-t-elle.

“Une gestion de type colonial”

Les instances représentatives du personnel regrettent “l’état dégradé de l’aéroport censé être un outil de développement économique et touristique de la Polynésie”. Toutes ces “situations latentes font aussi partie des causes et des raisons du sentiment de honte associé à de la frustration des salariés impuissant et démunis”, souligne la secrétaire du comité d’entreprise d’ADT.
 
Pour les salariés de l’entreprise,les directions successives n’ont pas eu de “considération” pour les employés, “les obligeant à absorber des missions supplémentaires sans fournir les ressources et les moyens adaptés mettant ainsi à mal les services opérationnels”. “On en retire le sentiment, peut-être erroné, d’une gestion de type colonial”.
 
Interrogé, le directeur d’ADT, Gwenvaël Ronsin-Hardy, a tout simplement répondu qu’il ne souhaitait pas “entrer dans les polémiques” et a donné rendez-vous à l’intersyndicales ce samedi à 14 heures. 


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Samedi 27 Juillet 2024 à 12:04 | Lu 4080 fois