Ulysse et Roméo aux côtés de leur maman Prisca Guillemette-Artur.
PAPEEETE, le 23 février 2018. Prisca Guillemette-Artur raconte dans un roman largement autobiographique l'adoption de ses fils et décrit le lien fort qu'elle a tissé avec la famille biologique de ses deux garçons. La radiologue, qui exerce au Taaone, évoque aussi les souffrances qu'engendrent certaines adoptions fa'a'amu dans les familles polynésiennes qui n'ont plus de nouvelles de leurs enfants.
"J’ai pleuré quand il est enfin apparu. J’ai même sangloté, je me souviens. Des soubresauts inattendus ont soulevé ma poitrine comme une toux inopportune et incontrôlable", décrit Lucile l'héroïne du roman On vous souhaite tout le bonheur du monde, lorsqu'elle raconte la naissance de son fils. Ce premier garçon attendu pendant si longtemps et que lui a "donné" une maman polynésienne. Ce roman "largement autobiographique" a été écrit par Prisca Guillemette-Artur, radiologue à l'hôpital de Taaone.
"J'ai écrit d'abord par besoin, c'était comme un exutoire. Ce que je vivais était difficile. Mais je n'avais pas envie d'oublier et j'avais l'espoir secret que cela pourrait devenir quelque chose de positif", explique Prisca Guillemette-Artur. Puis l'idée est venue d'en faire un roman que ses enfants pourront lire. Ecrire un roman et non un témoignage lui a aussi permis de prendre du recul sur son histoire.
Dans ce roman, il y a d'abord l'histoire d'amour, le bonheur d'être à deux puis l'envie d'avoir un enfant. Les mois passent, des grossesses surviennent mais ne se passent pas comme prévu. C'est alors le long et difficile parcours de l'aide à la procréation médicalement assistée qui commence. Un combat dont Prisca et son héroïne ne parlent pas à leur entourage. Les deux femmes sont muselées par la "honte" et une "pudeur extrême".
Puis un jour, l'appel d'une amie marque le début d'une nouvelle vie pour le couple. "J’ai rencontré une maman aujourd’hui. Elle et son mari cherchent un couple pour adopter. Elle est enceinte", entend la protagoniste du livre. D'abord c'est le doute : "je gardais des réticences vis-à-vis de cette tradition séculaire, que je jugeais détournée insidieusement de sa vocation première par les popa’a", se souvient l'héroïne avant de rencontrer quelques jours plus tard la future maman de ses deux enfants. Des liens forts commencent alors à se créer entre les deux familles.
"On s'est fait adopter. Nous allons au moins deux fois par an les voir sur leur atoll", souligne Prisca. D'ailleurs les enfants -le petit Roméo a eu un petit frère, Ulysse, deux ans plus tard-, iront seuls aux prochaines vacances voir leurs "cousins" et leurs parents biologiques.
"Les liens du sang sont sacrés"
Le livre de Prisca Guillemette-Artur n'est pas un simple récit de parents popa'a ayant adopté. "Avec ce livre, je veux donner de l'espoir aux gens qui souffrent mais je ne veux pas faire la promotion du fa'a'amu", souligne Prisca. La radiologue a en effet souhaité donner à travers ce livre la parole aux "Polynésiens qui ne s'expriment pas". "Je ne veux plus entendre dire 'les Polynésiens donnent leur enfant car c'est culturel'. Je veux insister sur la notion de contre-don", met-elle en avant.
"Les liens du sang sont sacrés", explique Prisca qui met en avant l'importance de connaître "ses origines pour se construire sur des bases solides". "Il ne faut pas se voiler la face: il est extrêmement difficile de maintenir les contacts avec une famille polynésienne quand on vit à 17 000 kilomètres, à moins de revenir régulièrement sur le territoire, sachant que le coût élevé du billet d'avion est un facteur prohibitif à lui seul", souligne le personnage dans son livre.
"Maintenir un lien familial à distance, tel que l'entend la véritable tradition fa'a'amu est illusoire", regrette Prisca. Elle, son mari et leurs deux enfants ont tissé des liens uniques avec leur famille polynésienne. "On a trouvé une famille ici. Je me sens éperdument reconnaissante envers elle. Ce livre est aussi une manière de leur rendre hommage".
"J’ai pleuré quand il est enfin apparu. J’ai même sangloté, je me souviens. Des soubresauts inattendus ont soulevé ma poitrine comme une toux inopportune et incontrôlable", décrit Lucile l'héroïne du roman On vous souhaite tout le bonheur du monde, lorsqu'elle raconte la naissance de son fils. Ce premier garçon attendu pendant si longtemps et que lui a "donné" une maman polynésienne. Ce roman "largement autobiographique" a été écrit par Prisca Guillemette-Artur, radiologue à l'hôpital de Taaone.
"J'ai écrit d'abord par besoin, c'était comme un exutoire. Ce que je vivais était difficile. Mais je n'avais pas envie d'oublier et j'avais l'espoir secret que cela pourrait devenir quelque chose de positif", explique Prisca Guillemette-Artur. Puis l'idée est venue d'en faire un roman que ses enfants pourront lire. Ecrire un roman et non un témoignage lui a aussi permis de prendre du recul sur son histoire.
Dans ce roman, il y a d'abord l'histoire d'amour, le bonheur d'être à deux puis l'envie d'avoir un enfant. Les mois passent, des grossesses surviennent mais ne se passent pas comme prévu. C'est alors le long et difficile parcours de l'aide à la procréation médicalement assistée qui commence. Un combat dont Prisca et son héroïne ne parlent pas à leur entourage. Les deux femmes sont muselées par la "honte" et une "pudeur extrême".
Puis un jour, l'appel d'une amie marque le début d'une nouvelle vie pour le couple. "J’ai rencontré une maman aujourd’hui. Elle et son mari cherchent un couple pour adopter. Elle est enceinte", entend la protagoniste du livre. D'abord c'est le doute : "je gardais des réticences vis-à-vis de cette tradition séculaire, que je jugeais détournée insidieusement de sa vocation première par les popa’a", se souvient l'héroïne avant de rencontrer quelques jours plus tard la future maman de ses deux enfants. Des liens forts commencent alors à se créer entre les deux familles.
"On s'est fait adopter. Nous allons au moins deux fois par an les voir sur leur atoll", souligne Prisca. D'ailleurs les enfants -le petit Roméo a eu un petit frère, Ulysse, deux ans plus tard-, iront seuls aux prochaines vacances voir leurs "cousins" et leurs parents biologiques.
"Les liens du sang sont sacrés"
Le livre de Prisca Guillemette-Artur n'est pas un simple récit de parents popa'a ayant adopté. "Avec ce livre, je veux donner de l'espoir aux gens qui souffrent mais je ne veux pas faire la promotion du fa'a'amu", souligne Prisca. La radiologue a en effet souhaité donner à travers ce livre la parole aux "Polynésiens qui ne s'expriment pas". "Je ne veux plus entendre dire 'les Polynésiens donnent leur enfant car c'est culturel'. Je veux insister sur la notion de contre-don", met-elle en avant.
"Les liens du sang sont sacrés", explique Prisca qui met en avant l'importance de connaître "ses origines pour se construire sur des bases solides". "Il ne faut pas se voiler la face: il est extrêmement difficile de maintenir les contacts avec une famille polynésienne quand on vit à 17 000 kilomètres, à moins de revenir régulièrement sur le territoire, sachant que le coût élevé du billet d'avion est un facteur prohibitif à lui seul", souligne le personnage dans son livre.
"Maintenir un lien familial à distance, tel que l'entend la véritable tradition fa'a'amu est illusoire", regrette Prisca. Elle, son mari et leurs deux enfants ont tissé des liens uniques avec leur famille polynésienne. "On a trouvé une famille ici. Je me sens éperdument reconnaissante envers elle. Ce livre est aussi une manière de leur rendre hommage".
"Deux souffrances qui se rencontrent"
Pendant le parcours de procréation médicalement assistée, Prisca ne parle pas de ses difficultés à avoir un enfant. La héroïne du livre parle de "honte". "Je l'ai vécu comme un handicap, une privation", explique Prisca. "Je voulais aussi décrire dans ce livre que le désir inassouvi d'avoir un enfant est terrible."
"Le juge des affaires familiales m'a fait remarquer un jour très justement que l'adoption fa'a'amu résulte de la rencontre de deux souffrances. D'un côté le calvaire du couple entravé par l'infertilité qui désespère de devenir parents, et de l'autre, le déchirement rarement considéré des parents biologiques, dans l'incapacité psychologique ou matérielle d'élever l'enfant", raconte l'héroïne du roman On vous souhaite tout le bonheur du monde. "On considère souvent que parce que la coutume est ancestrale, elle est naturelle. Toutefois, même si le fait de confier ses enfants à autrui est inscrit socialement dans les mœurs, la séparation charnelle ne se déroule pas pour autant sans douleur. Il n'est pas coutumier, en revanche chez les Polynésiens, d'exprimer oralement leurs émotions. Ils gardent le plus souvent pour leurs états d'âme avec raison et acceptation de leur sort, le temps faire son œuvre : on leur impute souvent un certain fatalisme devant l'adversité, la maladie ou la mort. Je pense pour ma part que c'est le peuple le plus résilient qu'il m'ait été donné de connaître."
"Le juge des affaires familiales m'a fait remarquer un jour très justement que l'adoption fa'a'amu résulte de la rencontre de deux souffrances. D'un côté le calvaire du couple entravé par l'infertilité qui désespère de devenir parents, et de l'autre, le déchirement rarement considéré des parents biologiques, dans l'incapacité psychologique ou matérielle d'élever l'enfant", raconte l'héroïne du roman On vous souhaite tout le bonheur du monde. "On considère souvent que parce que la coutume est ancestrale, elle est naturelle. Toutefois, même si le fait de confier ses enfants à autrui est inscrit socialement dans les mœurs, la séparation charnelle ne se déroule pas pour autant sans douleur. Il n'est pas coutumier, en revanche chez les Polynésiens, d'exprimer oralement leurs émotions. Ils gardent le plus souvent pour leurs états d'âme avec raison et acceptation de leur sort, le temps faire son œuvre : on leur impute souvent un certain fatalisme devant l'adversité, la maladie ou la mort. Je pense pour ma part que c'est le peuple le plus résilient qu'il m'ait été donné de connaître."
Livre en vente chez Klima et Odyssey ou sur internet
Plus d'informations sur www.faaamu.com et la page Facebook Adoption polynésienne
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