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Adeline Yvon : “L’environnement est l’affaire de tous”


TAHITI, le 19 juillet 2023 - Engagée pour la préservation de l’environnement depuis de nombreuses années, Adeline Yvon met en place des actions concrètes. Elle a notamment créé l’association Mama Natura et assure des formations pour encourager chacune et chacun à agir à son niveau. Elle le répète, “j’ai bien cherché, mais il n’y a pas de planète B”.

L’environnement, ça me touche !” Adeline Yvon, soucieuse de vivre dans un milieu plaisant et de laisser le meilleur aux générations à venir, agit. “Il faut arrêter les réunions, les plans, les chalala… Place à l’action.” Elle a donc créé l’association Mama Natura en 2022, embarquant dans l’aventure une équipe de bénévoles motivés et bienveillants dans les quartiers, les plages et les embouchures de rivières pour ramasser tous les déchets qui s’y trouvent. Depuis janvier, 25 sorties ont déjà eu lieu et 4,665 tonnes de batteries, canettes, savates, barquettes et autres détritus ont été récoltés. Adeline Yvon assure également des formations de sensibilisation au développement durable et aux écogestes avec David Nataf qui a monté Terra Formation. L’état de la planète l’inquiète. “On vit des éléments, de la terre et de la mer, des fa’a’apu et de la pêche. Or, j’ai bien cherché, il n’y a pas de planète B !”, plaisante-t-elle. Les déchets qui jonchent les plages et souillent rivières et lagons “finissent dans nos assiettes et celles de nos enfants”, rappelle-t-elle.


“J’ai pas mal bougé”

Adeline Yvon est née en métropole en 1980. Elle reste discrète sur son enfance qu’elle décrit avec pudeur comme “très difficile”. Sa force de caractère lui permet aujourd’hui d’affirmer que “rien n’est insurmontable”. Ni les drames de la vie, ni les problématiques auxquelles l’humanité doit faire face actuellement. Elle a notamment vécu à Annecy et en Corse, mais ajoute rapidement : “J’ai pas mal bougé”. Elle pose le pied en Polynésie pour la première fois en 2006, puis elle fait des séjours tous les ans jusqu’en 2018, l’année au cours de laquelle elle s’installe définitivement. Pourquoi la Polynésie ? “Grâce à Paul-Émile Victor”, répond Adeline Yvon. Lorsqu’elle était âgée de 7 ou 8 ans, elle avait l’habitude de regarder avec son père des documentaires de l’explorateur. “Je ne pensais pas qu’il pouvait exister un tel paradis sur Terre. Je me suis promis d’y aller un jour.” Le rêve s’est réalisé. Il a été à la hauteur de ses espérances. “Je me suis sentie bien dès que les portes de l’avion se sont ouvertes.”

Adeline Yvon a une expérience professionnelle variée, elle a été vendeuse principale et adjointe de boutiques de prêt-à-porter, chaussures, lingerie et parfumerie entre 1997 et 2020. Depuis 1997, elle fait du mannequinat : shows coiffure, défilés, shootings photos, figuration... Coach sportive diplômée, elle propose des séances à des groupes et particuliers depuis 2017. Mais son cœur et son temps sont pris par ses actions environnementales.


Elle a grandi proche de la nature où elle continue à y puiser l’énergie qui la porte. “Je peux passer des heures en montagne, j’y puise toutes mes leçons”, confirme-t-elle. “Je suis une amoureuse de la nature. Sans elle, on n’est rien.” La vie n’a rien de lisse, “mais les épreuves te rendent plus fort”. Elle décrit avec émotion l’odeur, les bruits, le vent qui caresse les palmes de cocotiers ou les rameaux des ‘aito. “On traverse des épreuves qui restent mais qu’il faut transformer en positif. La nature te donne beaucoup pour ça.” Dans ce contexte, elle est très attachée aux actions menées dans les quartiers. “L’environnement, ce n’est pas seulement la planète et son devenir, c’est un problème social et économique.” Elle comprend que cela ne soit pas une priorité pour tous selon les contextes, “mais il faut changer de point de vue, prendre conscience que l’on peut tous avoir un impact et y arriver ensemble”. Selon elle, il conviendrait de mettre sur pied des projets avec des suivis. “En plus, une fois que l’on change d’habitudes, on se rend compte que l’on peut faire des économies.” Son discours n’est jamais “moralisateur” mais plutôt “fédérateur”.


Globalement, Adeline Yvon constate une évolution encourageante, en particulier chez les enfants. Mais il reste des incivilités. Pour cela, il faudrait passer “par la répression”. Les gens aujourd’hui semblent “s’étonner de l’état de la planète. Mais ça ne date pas d’aujourd’hui.” Et tout cela continue. Faute d’alternatives, “tout le monde pollue, moi la première, mais on peut limiter notre impact”. C’est avec regret qu’Adeline Yvon constate par exemple des pollutions signalées qui perdurent. Elle cite à ce propos le déversement de laitance de ciment dans la rivière à Tipaerui. Le signalement a été fait il y a deux ans, “j’ai envoyé deux courriers au procureur”. La laitance continue de s’écouler dans l’environnement.

Joyeuse ambiance

Mama Natura et ses bénévoles sont sur le terrain chaque semaine. Pendant le Heiva i Tahiti, ils ont tenu un stand et se sont chargés de gérer les poubelles du site de Tō’ata. Chacun fait comme il peut, en fonction de son emploi du temps. À l’issue de chaque sortie, les déchets sont triés. Le verre est recyclé en Polynésie, les savates sont envoyées dans le bac à savates, les cannettes au père Christophe.

L’association fonctionne avec le seul soutien des entreprises, les adhérents ne payant pas de cotisations. “Ils donnent déjà de leur temps, c’est beaucoup !”, explique Adeline Yvon qui aime à dire à ses équipes : “Faites comme vous voulez, avec vos moyens, et faites-le avec votre cœur.” Ils sont de plus en plus nombreux, viennent de tous les horizons, de tous les milieux sociaux, de toutes les cultures. Ils sont aussi bien retraités qu’étudiants, salariés ou patentés. Tous prennent plaisir à œuvrer ensemble, soudés par une cause commune. L’ambiance est joyeuse, les membres se retrouvent régulièrement pour des sorties cohésion (randonnée, plage, vélo…). “On s’éclate”, résume Adeline Yvon.

L’association s’engage aussi pour la cause animale, à chaque sortie, les membres emmènent avec eux des paquets de croquettes ainsi que des produits antiparasitaires. “On voit des animaux dans des états vraiment tristes, mais on fait tout ce qu'on peut pour les aider.” Ils sont plusieurs à avoir adopté chiens et chats. La priorité de Mama Natura actuellement est de se doter d’un véhicule. Un appel aux dons est lancé via Anavai (lire aussi l’encadré).

Adeline Yvon aimerait professionnaliser ses actions de sensibilisation, sans pour autant mettre en sommeil son association. “Ce sont deux choses bien différentes.” Avec Terra Formation, elle a commencé. Elle a formé, avec David Nataf, 300 agents de la commune de Papeete. Ses ateliers conçus sur mesure s’adressent aux entreprises et collectivités. Quand elle intervient, elle insiste sur les 3 R : réutiliser, recycler, réparer. Elle décrit des alternatives, pointe du doigt les gestes et habitudes qui peuvent changer. Elle suscite la curiosité avec une bonne dose d’humour. Elle conclut en demandant aux participants ce qu’ils feront en rentrant chez eux. Surtout, elle donne sans compter son savoir et son expérience, elle transmet toute sa force, sa motivation et son optimisme. Tel le colibri, elle fait sa part.

Appel aux dons

Mama Natura a lancé un appel aux dons via la plateforme Anavai pour se doter d’un véhicule utilitaire. Celui-ci permettra de transporter le matériel comme les sacs, gants, pinces mais aussi déchets, ainsi que les bénévoles qui n’ont pas de moyen de transport. Aujourd’hui, la fondatrice utilise son propre véhicule qui n’est pas adapté. L’ensemble des dons servira à l’achat de ce véhicule.


Contacts

FB : Mama Natura
Mail Mama Natura : [email protected]
Mail Terra Formation : [email protected]

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 19 Juillet 2023 à 15:27 | Lu 3200 fois