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Abandonner son smartphone pour un dumbphone, une tendance qui n'accroche pas au fenua


Tahiti, le 8 août 2022 – À l'heure du tout numérique et de l'ultraconnexion, en métropole, certains choisissent d'opter pour les “dumbphones”, des téléphones basiques. La tendance est-elle également présente à Tahiti ? Pas vraiment. Même s'il y a toujours eu une clientèle pour ce type de téléphones, il semble que ce soit surtout pour leur simplicité d'utilisation. Cependant, on note un certain engouement pour le reconditionné.
 
Depuis quelques années déjà, on observe en métropole un intérêt grandissant des consommateurs pour les “dumbphones”, comprenez téléphones idiots par opposition aux smartphones, les téléphones intelligents. Également appelés feature phones, il s'agit de téléphones basiques qui permettent uniquement de téléphoner et d'envoyer des SMS. À l'échelle mondiale, 400 millions de dumbphones avaient été vendus en 2019, un chiffre qui avait quasiment doublé en 2020, avec 735 millions de ventes dans le monde, et une étude datant de 2019 de Counterpoint, une société mondiale d'analyse de l'industrie, prévoyait un milliard de ventes pour 2021. Si la vente de ces téléphones semble surtout exploser dans les pays où le pouvoir d'achat est faible, il n'en reste pas moins qu'ils séduisent de plus en plus d'Occidentaux.
 
À Tahiti, en revanche, les opérateurs de téléphonie mobile n'observent pas d'attirance plus particulière pour ce type de téléphones. Selon l'assistante au service achat chez Vodafone, il y a toujours eu une demande forte pour les téléphones qui permettent uniquement de téléphoner et d'envoyer des messages. Un constat partagé par Noëlle Lauber, responsable des achats chez Vini, qui estime que les feature phones “représentent 5 ou 6 % des ventes sur l'année”.

Digital detox et écoresponsabilité

Qu'est-ce qui pousse les gens, en métropole, à opter pour ce type de téléphones ? D'abord une envie de revenir aux fondamentaux et de se déconnecter. En effet, en 2021, un rapport de State of Mobil d'App Annie, une société spécialisée dans l'analyse de données mobiles, devenue une référence mondiale dans le domaine, estimait que les utilisateurs de smartphones à travers le monde ont passé en moyenne 5 heures par jour sur leur téléphone, soit un tiers de leur journée. C'est 30% de plus par rapport à 2019. Les Français sont, quant à eux, un peu en dessous de la moyenne, avec 3h30 par jour en 2021 (2h45 en 2019). Sans réseaux sociaux, ni web, mail et photos à portée de main, le dumbphone permettrait donc de récupérer du “temps de cerveau disponible”.
 
Autres raisons, une certaine nostalgie pour les premiers téléphones portables, comme le Nokia 3310 qui avait fait son retour en 2017, 17 ans après sa sortie. “Je pense que cette nostalgie un peu vintage est toujours là”, estime Noëlle Lauber. “On le voit aussi avec Samsung qui développe son nouveau Flip, on revient sur un téléphone à clapet comme on l'a connu. C'est un smartphone pliable qui se rapproche fortement des téléphones à clapet.” Les consommateurs qui se tournent vers les dumbphones semblent également vouloir échapper à la collecte de données personnelles opérée sur les smartphones ou encore sont dans une démarche écoresponsable, les smartphones étant très énergivores, autant pour leur utilisation que pour leur fabrication et celle-ci nécessite des matériaux rares et difficilement recyclables.
 
Au fenua, il semble que ces préoccupations ne soient pas ce qui pousse les consommateurs à choisir un feature phone. Il s’agit surtout, selon les opérateurs, d'une clientèle de personnes âgées à la recherche d'un outil simple d'utilisation ou bien les entreprises pour leurs salariés. La robustesse de ce type de téléphones, mais surtout leurs prix attractifs sont également des arguments évoqués. Si la démarche écoresponsable est souvent évoquée par les adeptes du dumbphone, celle-ci est également présente chez les utilisateurs de smartphones, selon Noëlle Lauber : “On a de plus en plus de demandes pour les téléphones reconditionnés. Les gens essayent de plus en plus d'aller vers ça. Il y a certes un gain en termes de coût, mais il y a quand même beaucoup de gens qui le font par conscience écolo, pour redonner une seconde vie au produit.”

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Lundi 8 Août 2022 à 18:14 | Lu 2880 fois