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AO Monoï de Tahiti : les marques qui jouent le jeu... et celles qui trichent un peu


AO Monoï de Tahiti : les marques qui jouent le jeu... et celles qui trichent un peu
Dix millions de produits utilisant le monoï de Tahiti sont commercialisés dans le monde : c’est le chiffre annoncé ce mardi matin (avec une certaine fierté) par le directeur de l’institut du monoï, Eric Vaxelaire. Une jolie réussite pour ce produit traditionnel polynésien, élaboré avec des fleurs de Tiare Tahiti macérées dans du coprah, l’huile raffinée de noix de coco séchée. Grâce à sa renommée internationale, et à ses nombreuses vertus, le monoï de Tahiti est aujourd’hui utilisé par près de 260 marques. Qui n’hésitent pas en revanche à prendre quelques libertés avec la réalité pour séduire le consommateur.

« L’exemple le plus frappant, c’est une marque de lessive qui a commercialisé un produit sous le nom "Fleur de monoï de Bora Bora" s’amuse Eric Vaxelaire. L’image est certes parlante, et plutôt bénéfique à la renommée du Fenua, elle n’en est pas moins totalement fantaisiste. « Beaucoup de marques confondent monoï et tiare, tiare et tipanier… Nous leur avons écrit pour le leur signaler, on pense qu’ils corrigeront peut-être cette erreur dans quelques années, quand ils referont leur packaging » relativise E. Vaxelaire, qui ne pourra rien faire de plus. Car le nom « monoï » est tombé dans le domaine public, et les publicitaires peuvent en faire ce qu'ils veulent. Seule l'expression « Monoï de Tahiti » est une appelation d’origine (AO) qui fêtera ses 20 ans en 2012, et qui est, elle, protégée.

La lessive à la "fleur de monoï de Bora Bora" (sic) relevée par le site www.tahitiheraldtribune.com


Masque pour cheveux à la mangue et à la fleur de tiare
Masque pour cheveux à la mangue et à la fleur de tiare
C’est un décret du 1er avril 1992 qui définit les termes de cette appellation d'origine :« Le Monoï de Tahiti est le produit obtenu par la macération de fleurs de Tiaré dans l’huile de Coprah raffinée, extraite de noix de coco récoltées dans l’aire géographique de Polynésie française au stade de noix mûres, sur des sols d’origine corallienne. Ces noix doivent provenir du cocotier « Cocos nucifera » et les fleurs de Tiare de l’espèce végétale « Gardenia tahitensis » (Flore de Candolle) d’origine polynésienne récoltées au stade de bouton. »

Seules les marques qui précisent ces deux mentions dans leurs ingrédients, comme le masque pour cheveux des laboratoires Garnier, peuvent donc revendiquer l’AO, et reçoivent la bénédiction de l’institut du monoï. « Les marques sont de plus en plus nombreuses à agir ainsi », affirme Vaxelaire. Selon lui, très peu de sociétés enfreignent la réglementation internationale, puisque l’usage de l’appellation d’origine de ce produit ancestral et artisanal est de toute façon bénéfique face à des consommateurs en quête d'authenticité.

Les soins pour cheveux de la marque américaine "Carol's daughter"
Les soins pour cheveux de la marque américaine "Carol's daughter"
L’exportation de monoï représente chaque année un chiffre d’affaire de 0,5 milliard de francs. C’est peu, mais le milieu veut accroître ce chiffre en affichant son dynamisme, grâce à sa présence sur internet. « La marque Carol's Daughter, qui commercialise trois produits pour cheveux, nous a trouvé sur le web, grâce au site internet de la route du monoï », relate Eric Vaxelaire. Une piste que le GIMT continue à explorer, tout en assurant par ailleurs la couverture médiatique internationale de la route du Monoï, avec la collaboration du GIE Tahiti Tourisme. Des journalistes étrangers étaient ainsi invités la semaine dernière à emprunter cet itinéraire qui permet de découvrir toutes les étapes de la fabrication du monoï à travers l'île de Tahiti.

En Polynésie enfin, le groupement interprofessionnel du monoï de Tahiti continue son travail de mise en valeur de cette huile sacrée ancestrale, avec la 4ème édition de la semaine du monoï, qui se déroulera du 16 au 19 novembre 2011 à la maison de la culture autour du thème « cheveux de rêve ». Tout un programme.

le Mardi 8 Novembre 2011 à 12:05 | Lu 1738 fois