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AFD, CPS, Dexia… Le point sur les emprunts qui posent problème au Pays


AFD, CPS, Dexia… Le point sur les emprunts qui posent problème au Pays
La Polynésie française a besoin d’argent. Qui lui en prêtera? C'est la question à 5 milliards de francs qui agite le gouvernement, et la population polynésienne. Le gouvernement a deux trous à combler : la section « Investissements » du budget 2010, et celle du budget 2011. Deux casse-têtes pour le vice-président en charge du budget, Antony Geros. Car tant que l’AFD ne débloque pas la deuxième tranche du prêt censé combler le premier, les bailleurs de fonds sont méfiants, et ne prêtent pas ( ou à des conditions intenables). Voilà comment la CPS est devenue l’ultime recours du gouvernement, qui ne sait toujours pas comment financer ses investissements en 2011.

La CPS n’est pas une banque, « mais elle a des réserves d’argent » rappelle Antony Géros. « Pour les faire fructifier, elle peut placer son argent ou le prêter à une collectivité ; ça a déjà été fait par le passé » explique-t-il. A en croire le VP, cette option serait même la meilleure pour la CPS : la caisse ferait ainsi « fructifier » ses réserves, « qui de toute façon ne vont rien rapporter sinon, et se retrouver dépréciées dans le cadre de l’évolution de la monnaie. »

Pourquoi ne pas emprunter à l'AFD? Parce que la Polynésie a déjà du mal à obtenir de l'Agence française de développement le prêt destiné à couvrir les dépenses en investissement de l'année... 2010. « Le prêt AFD, je l’ai souvent répété, c’est une tâche d’encre dans la mare » explique le vice-président Antony Geros. « Il est destiné à couvrir les dépenses qui ne l’ont pas été au titre de 2010. On fait donc peser sur la trésorerie de 2011 le fardeau du manque à gagner de 2010. C’est pour ça que nous avons besoin que ce prêt soit débloqué rapidement ». A. Géros estime que toutes les conditions écrites sont remplies, et affirme ne pas comprendre ces lenteurs. « On va arriver à fin décembre et on n’aura pas encore réglé le problème » regrette le VP, qui a toutefois reçu du Haut-commissaire jeudi l’assurance que le déblocage était « imminent ».

Reste à régler le problème du "prêt CPS". Avec cette demande, le gouvernement a suscité une levée de boucliers sans précédent dans la population. Si la CPS dit non, lors de son conseil d'administration, le 30 septembre, quelles options restera-t-il au Pays ? « On verra avec Dexia, avec l’AFD » explique Antony Géros, qui envisage aussi d’« emprunter à un pool bancaire ». En revanche, si toutes les portes se ferment devant la Polynésie, les investissements ne pourront être reportés à l’an prochain : ils tomberont purement et simplement à l’eau.

Et la Polynésie n’est peut-être pas au bout de ses peines en matière d’emprunt.

Selon le quotidien Libération, Dexia, qui est le principal bailleur de fonds de la Polynésie française, aurait fait contracter à plus de 5 500 collectivités locales des emprunts dits « toxiques » , c’est-à-dire extrêmement risqués, puisque basés sur des taux d’intérêt variables, indexés sur des valeurs extrêmement volatiles « comme les variations de change, les écarts de taux d’intérêts ou le baril de pétrole, qui peuvent baisser ou augmenter dans des proportions importantes et impossibles à maîtriser ». Le quotidien publie une carte de ces "emprunts toxiques".

La Polynésie, dont la dette s’élève à 90 milliards de francs, a emprunté 25 milliards à Dexia. Selon Pierre Frebault, tous ces prêts ne sont pas à taux variable. Seuls deux d’entre eux seraient « toxiques » et auraient été placés sous surveillance particulière. « La situation est tout à fait maîtrisable » a insisté le ministre de l’économie.

le Vendredi 23 Septembre 2011 à 16:06 | Lu 1846 fois