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A la COP29 de Bakou, Aliev dénonce le "régime Macron" dans les Outre-mers


Bakou le 13 novembre 2024. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réitéré mercredi ses attaques contre la France, dénonçant l'histoire coloniale du pays et les "crimes" du "régime du président Macron" dans ses territoires d'outre-mer, dont la Nouvelle-Calédonie, lors d'un discours à la COP29.

"Les leçons des crimes de la France dans ces prétendus territoires d'outre-mer ne seraient pas complètes sans mentionner les récentes violations des droits humains par le régime", a déclaré Ilham Aliev, qui s'exprimait devant des représentants d'Etats insulaires à la conférence de l'ONU sur le changement climatique, présidée cette année par son pays.

"Le régime du président Macron a tué 13 personnes et blessé 169 personnes (...) pendant les légitimes protestations du peuple kanak en Nouvelle-Calédonie", a-t-il dit, très applaudi au terme de son discours par une partie des représentants des îles.

L'Azerbaïdjan, dont les relations avec la France sont très tendues en raison du soutien français à son ennemi historique arménien, a été accusé par Paris d'ingérence pendant les récentes émeutes en Nouvelle-Calédonie, des allégations rejetées par Bakou.
"Après tout ça, la France n'a pas été dénoncée, ni par la Commission européenne, ni par le Parlement européen", a tonné le président de l'Azerbaïdjan. 

Avant la COP, des ONG et des pays ont critiqué la tenue de la conférence en Azerbaïdjan, dénonçant sa répression de l'opposition et les atteintes aux droits humains.

Emmanuel Macron n'est pas venu à Bakou pour cette COP.

Ilham Aliev a aussi attaqué le Conseil de l'Europe, organisation de défense des droits humains dont fait partie l'Azerbaïdjan mais qu'il a menacée de quitter après avoir été épinglé pour des atteintes aux libertés fondamentales.

"Le Parlement européen et le Conseil de l'Europe, ces deux institutions qui sont devenues les symboles de la corruption politique, partagent la responsabilité avec le gouvernement du président Macron pour le meurtre de gens innocents", a fustigé M. Aliev.

Il a ensuite accusé le chef de la diplomatie européenne Josep Borell d'avoir comparé l'Europe à un jardin et le reste du monde à des jungles (des propos de 2022). "Si nous sommes des jungles, alors écartez-vous et ne vous mêlez pas de nos affaires", a-t-il conclu.

Le président Aliev a aussi dénoncé le maintien "sous la férule coloniale" de tous les territoires ultra-marins français et néerlandais, citant également la Corse.

Les tensions entre la France et l'Azerbaïdjan se sont exacerbées depuis la reprise de contrôle de l'enclave du Haut-Karabakh par Bakou à l'issue d'une offensive éclair, en septembre 2023, au prix de l'exode de plus de 100.000 Arméniens.

Agnès Pannier-Runacher annule son déplacement

Depuis Paris, la ministre française a jugé "inacceptables" ces propos "contre la France et contre l'Europe", devant les sénateurs.

Lors de la séance de questions au gouvernement, Mme Pannier-Runacher a reproché à l'Azerbaïdjan d'instrumentaliser "la lutte contre le dérèglement climatique pour un agenda personnel indigne".

Ces attaques constituent de plus une "violation flagrante du code de conduite" de la convention cadre des Nations unies sur le changement climatique, a accusé Mme Pannier-Runacher, dans une lourde charge.

Selon un vétéran des COP, ledit code évoque la nécessité d'un processus où "tout le monde peut participer dans un environnement inclusif, respectueux, sain et sûr, et être traité avec dignité". "Je crois qu'on peut dire que ces propos n'étaient pas en ligne avec ces lignes directrices", a commenté cet observateur, laissant "à d'autres" le soin de déterminer si elles ont été violées ou non.

"Les attaques directes contre notre pays, ses institutions et ses territoires sont injustifiables", a fustigé Mme Pannier-Runacher, "les propos tenus par l'Azerbaïdjan en faveur des énergies fossiles sont également inacceptables".

"Cela est indigne d'une présidence de la COP", a-t-elle poursuivi, ajoutant que c'est d'une "dynamique positive", à l'instar des nouveaux engagements de leurs émissions pris par le Brésil et le Royaume-Uni, "et non d'attaques d'une déplorable bassesse dont la communauté internationale a besoin pour lutter efficacement contre le dérèglement climatique".

"Je ne me rendrai pas à Bakou la semaine prochaine", a annoncé Mme Pannier-Runacher, applaudie par les membres de la chambre haute du Parlement français.

Rédigé par AFP le Mercredi 13 Novembre 2024 à 10:32 | Lu 479 fois