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A l'ouverture de son procès, Jonathann Daval réaffirme avoir tué seul sa femme Alexia


Vesoul, France | AFP | lundi 16/11/2020 - "Oui": après avoir multiplié les versions et les mensonges durant l'enquête, Jonathann Daval a maintenu lundi être l'unique auteur du meurtre en 2017 de sa femme Alexia, au premier jour de son procès devant les assises de la Haute-Saône.

Invité en fin de matinée par le président de la Cour d'assises Matthieu Husson à dire si, trois ans après les faits, il maintenait toujours ses déclarations, à savoir qu'il était "le seul impliqué dans la mort de (son) épouse", cet informaticien de 36 ans, les yeux rougis et au bord des larmes, a sobrement répondu "oui".

Jetant quelques regards à sa famille et aux proches d'Alexia, le trentenaire, jugé pour "meurtre sur conjoint" et qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, est arrivé peu après 09h00 dans le box des accusés. Le verdict doit être prononcé vendredi.

"Vous ne devez pas être jugé différemment parce que cette affaire a connu un retentissement particulier. Je vous dois l'impartialité", l'a assuré le président Husson dans une allusion à l'extrême médiatisation de cette affaire.

Plus de quarante médias sont accrédités pour suivre les cinq jours d'audience, dans le petit tribunal de Vesoul où régnait lundi matin une effervescence inhabituelle avec une forte présence policière, des dizaines de journalistes, les camions satellitaires...

"Oubliez la médiatisation", a encore exhorté le magistrat. "Regardez la cour et les jurés, ce sont eux qui vous jugeront".

L'audience avait débuté par la désignation des jurés, cinq femmes et un homme, dans la petite salle lambrissée de la cour d'assises où de grandes croix blanches tracées sur les bancs rappellent les contraintes sanitaires en pleine épidémie de Covid-19."On est là pour avoir de nouvelles révélations et mettre en exergue toutes les horreurs qu'a subies Alexia", avait souligné quelques instants plus tôt la mère de la victime, Isabelle Fouillot, aux côtés de son mari Jean-Pierre et de leur avocat, Me Gilles-Jean Portejoie.

L'affaire, survenue à l'automne 2017, avait profondément marqué les esprits alors que l'ampleur des violences faites aux femmes éclatait au grand jour avec la vague #MeeToo.

"Une peine juste"

Le 30 octobre, le corps en partie calciné d'Alexia Daval, une employée de banque de 29 ans, était retrouvé dissimulé sous des branchages, dans un bois situé à quelques kilomètres du domicile des Daval à Gray-la-Ville (Haute-Saône).

C'est son mari, Jonathann, qui avait signalé deux jours plus tôt la disparition de son épouse lors d'un jogging.

Les jours suivants, le visage baigné de larmes du trentenaire s'affichait dans les médias.

Mais en janvier 2018, le veuf éploré, placé en garde à vue, craque et avoue le meurtre de sa femme, survenu selon lui lors d'une violente dispute.

S'en suivront deux années d'instruction durant lesquelles Jonathann livrera plusieurs versions, se rétractant, puis accusant son beau-frère, avant de reconnaître de nouveau le meurtre lors d'une audition bouleversante devant le juge d'instruction.

En juin 2019, il avouera enfin lors de la reconstitution avoir incendié la dépouille d'Alexia.

La famille d'Alexia attend de ce procès "une peine juste c'est-à-dire une peine qui soit comprise par eux, qui tiendra compte de leur peine mais également des mensonges récurrents de Jonathann Daval tout au long de ces trois dernières années", a souligné Me Portejoie lundi matin dans une interview à BFMTV.

Mais en attendant, l'avocat attend des débats qu'ils lèvent les "nombreuses zones d'ombre de ce dossier", évoquant "l'éventuelle préméditation" mais aussi une "éventuelle complicité", écartée par l'instruction et par l'accusé lui-même comme il l'a réaffirmé à l'audience.

"On ne le supportera pas" 

Le soir du meurtre, Jonathann dit avoir refusé un rapport sexuel à sa femme qui, en retour, se serait montrée violente, lui reprochant de "ne pas être un homme".

Alexia, "violente en paroles et en actes", "l'humiliait", a soutenu au cours de l'instruction l'accusé, qui dit l'avoir "étranglée" et "frappée pour qu'elle se taise", mais sans vouloir la tuer.

Cette image d'une Alexia dominatrice révulse les parents de la victime.

"Je ne veux pas que ce soit le procès d'Alexia, ça on ne le supportera pas", a prévenu Mme Fouillot.

L'enjeu, c'est "d'arriver à comprendre ce qui s'est vraiment passé, dans un climat délétère où on ne peut plus rien dire", avait souligné pour sa part l'un des avocats de Jonathann, Me Randall Schwerdorffer, promettant durant ce procès "un moment de vérité".

le Lundi 16 Novembre 2020 à 02:43 | Lu 680 fois