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A Tia i Mua a un nouveau chef : Heifara Parker


Le nouveau Comité Directeur de la Confédération A Tia I Mua et son nouveau Secrétaire Général Heifara Parker
Le nouveau Comité Directeur de la Confédération A Tia I Mua et son nouveau Secrétaire Général Heifara Parker
PAPEETE, le 15 octobre 2014 - Pour son 10ème congrès, la confédération syndicale A Tia i Mua a beaucoup discuté de la réforme du système de santé et des retraites. C’était aussi l’occasion d’introniser le nouveau secrétaire général de l’organisation, Heifara Parker, qui succède à Jean-Marie Yan Tu.

Ces mardi et mercredi le syndicat A Tia i Mua tenait son 10ème congrès, celui de ses 30 ans. L’occasion d’aborder avec les militants les grands sujets du moment, en particulier sur le financement de la CPS. Mais il s’agissait aussi de trouver un nouveau secrétaire général pour remplacer Jean-Marie Yan Tu, dit Piko, qui doit céder sa place après 14 ans à la tête du syndicat.

Le syndicaliste a été condamné à 3 ans d'interdiction de droits civils, civiques et de famille dans l’affaire des emplois fictifs. Il a épuisé ses recours en juillet dernier en même temps que Gaston Flosse, bien qu’il attende encore la réponse à sa demande de grâce présidentielle. Surtout, il affirme toujours son innocence : « Je sais que je n’ai pas triché, volé, je n’ai tué personne. Certains prévenus dans le même cas que moi ont été relaxés et pas moi, c’est peut-être dû à mes responsabilités syndicales » analyse-t-il, tout en acceptant la décision. « La relève est prise par Heifara Parker, mais je resterai avec mon équipe, je n’ai que 59 ans, je veux travailler encore pour mon Pays et mon syndicat. »

Alors que sonne l’heure du bilan, Piko se dit très fier que « les grèves qu’on a fait, elles se comptent sur les doigts d’une main. Ma responsabilité c’était de mettre en avant la discussion, le respect et la transparence, la grève ne vient qu’en dernier recours. Et toutes les semaines on signe des protocoles d’accord avec les employeurs, même si ça ne fait pas la une des journaux. »

Le financement de la CPS fait débat

Il reste un gros dossier, sur les lèvres de tous les responsables et militants présents : la PSG. « Si le gouvernement ne nous appelle pas pour discuter, fin 2015 c’est terminé parce que la CPS a commencé à piocher dans ses réserves ! » explique Jean-Marie Yan Tu. Et les militants sont convaincus de l’urgence, ils dénoncent ce qu’ils perçoivent comme des abus. Un militant rencontré au détour d’un couloir lance : « ce qu’on cotise ça ne va plus à la CPS, ça devient politique ! C’est pour ça que le gouvernement a créé les CAE. Je viens d’entendre que le gouvernement n’a pas voté un budget pour ça, c’est un outil politique et c’est nous qui payons, c’est pas juste ! »

Le nouveau bureau, élu avec un score de plébiscite de 100%, a nommé Heifare Parker comme secrétaire général en fin de matinée. « Mon principal acte ce sera la continuité, avec comme cheval de bataille toutes les résolutions qui ont été prises depuis hier, notamment sur la protection sociale généralisée et le logement social pour les salariés. On prend comme exemple Bora Bora : nos employés qui vont travailler dans les hôtels n’ont pas de logement. C’est un souci qui est le nôtre depuis plus de 10 ans et aujourd’hui il va falloir y aller franco » déclare le tout nouveau secrétaire général en guise de programme.

Il y aura tout de même de petites différences avec son prédécesseur, qui devraient rester minimes : « j’ai été formaté par Piko quand même, s’il y a une petite différence ce sera avec la jeunesse montante, c’est à nous de leur inculquer les valeurs de A Tia i Mua. » Heifara Parker vient du syndicalisme communal, et il ne cache pas que les mairies sont une terre de reconquête pour le syndicat, où la Cosac leur a pris des adhérents.

Beaucoup d’invités pour parler de la protection sociale. Sur la photo : Patrick Galenon (secrétaire général de la CSTP-FO), Jean-Michel Garrigues (A Tia i Mua), Jean-Marie Yan Tu (ancien secrétaire général de A Tia i Mua), Angélo Frébault (président du CESC) et Régis Chang (directeur de la CPS)
Beaucoup d’invités pour parler de la protection sociale. Sur la photo : Patrick Galenon (secrétaire général de la CSTP-FO), Jean-Michel Garrigues (A Tia i Mua), Jean-Marie Yan Tu (ancien secrétaire général de A Tia i Mua), Angélo Frébault (président du CESC) et Régis Chang (directeur de la CPS)

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT

« C’est un congrès très intéressant, où l’on se pose beaucoup de questions que l’on se pose aussi en métropole : la question de l’emploi, du respect des travailleurs, mais aussi la question de la protection sociale. Ce matin on a parlé de l’avenir des retraites et de l’assurance maladie. La CFDT est un partenaire de A Tia i Mua, et nous avons beaucoup de point commun. On part de la réalité telle qu’elle est, on ne se raconte pas d’histoires et on fait des propositions qui sont utiles aux salariés. Je me trouve très en phase avec cette organisation. »

Les systèmes de protection sociale de la métropole et de la Polynésie sont très différents, mais Laurent Berger ne pense pas que nous devrions nous inspirer du modèle français : « Je pense qu’il n’y a pas de modèle à copier, il y a un modèle à construire, ce qui n’est possible que si on écoute les organisations syndicales, et notamment A Tia i Mua. On le voit, l’IGASS est venu faire un rapport, et ils n’ont même pas consulté A Tia i Mua, ce qui est un scandale et je vais le dire en métropole. Parce que ce qui est contenu dans le rapport de l’IGASS, ça fait longtemps que A Tia i Mua le disait. Je pense que le modèle de métropole souffre de beaucoup de lacunes, il vaut mieux que les partenaires sociaux et le gouvernement construisent leur propre modèle, mais il doit être protecteur des salariés face à tous les risques qui sont les leurs aujourd’hui, que ce soit la santé ou le chômage. »

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 15 Octobre 2014 à 16:22 | Lu 1672 fois