Mamoudzou, France | AFP | dimanche 17/06/2023 - Confrontée à un déficit exceptionnel en eau, Mayotte doit économiser la ressource, au point que la Préfecture prévoit d'accroître le nombre de coupures hebdomadaires, qui avoir lieu jusqu'à 6 nuits sur sept, en attendant la prochaine saison des pluies fin 2023.
Depuis le 12 juin, une quatrième coupure d'eau hebdomadaire – de 17 h à 7 h - rythme le quotidien des habitants de l'archipel de Mayotte, dans l'océan Indien, devenu le 101e département français en 2011.
D'ordinaire, "les coupures accompagnent la transition entre saison sèche et saison humide et prennent fin courant février ou mars", précise un ingénieur spécialisé dans la gestion de l'eau, qui souhaite garder l'anonymat.
Cette année, au lieu de disparaître, les coupures se sont intensifiées dans l'Ile, où l'Etat mène depuis fin mai une opération sous le nom de "Wuambushu" (reprise en Mahorais), visant à réduire l'habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l'archipel voisin des Comores.
Dans un communiqué, la préfecture annonce d'ailleurs "un cinquième tour nocturne à la fin de l'année scolaire". Avant une sixième coupure hebdomadaire instaurée à compter de courant août, selon des sources concordantes. Il s'agit d'"éviter le pic de consommation lié au retour des vacances scolaires et à la rentrée", avance l'ingénieur, précisant que Mayotte parvient à économiser ainsi près de 4.000 m³ d'eau par jour.
Car l'île est actuellement confrontée à un déficit en eau exceptionnel. "Il n'est jamais tombé aussi peu de pluie depuis 1997", estime la préfecture.
Avec les rivières et les cours d'eau, les lieux de stockage d'eau de pluie représentent 80% de la ressource de l'île.
Or "la retenue de Combani est actuellement remplie à 46% et celle de Dzoumogné à 25,5%", indique Floriane Ben Hassen, responsable du centre météorologique de Mayotte. A la même période, en 2022, les deux retenues atteignaient un taux de remplissage d'environ 97%.
Les approvisionnements sont complétés à hauteur de 15% par les nappes phréatiques et par l'usine de dessalement, située en Petite-Terre, qui produit 1.300 m³ par jour, ne fonctionnant qu'au tiers de ses capacités.
Infrastructures fragiles
Pour autant, si le manque de précipitations a créé un fort déficit pluviométrique, les capacités de production d'eau potable sont également insuffisantes.
Au total, les usines de potabilisation situées en Grande-Terre et l'usine de dessalement de Petite-Terre produisent environ 38.000 m³ par jour, alors que la consommation atteint 40.000 à 42.000 m³ quotidiennement, selon les estimations.
La consommation augmente d'environ 5% par an, selon le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux. En cause: l'évolution démographique --population est estimée à au moins 350.000 habitants, pour 300.000 personnes recensées--, mais aussi la hausse du niveau de vie des habitants.
"Tant qu'il n'y aura pas eu d'investissements massifs dans les infrastructures, les coupures d'eau seront maintenues", souligne l'ingénieur spécialisé dans la gestion de l'eau.
D'autant que les coupures fragilisent les tuyaux du réseau, ce qui favorise les fuites.
Pour renter d'y remédier, le syndicat, La Mahoraise des eaux, a passé un important marché afin de détecter les failles. Par ailleurs, une deuxième usine de dessalement – en projet depuis quelques années – pourrait voir le jour à Ironi Bé, au sud de Mamoudzou, courant 2024.
A plus court terme, la préfecture a annoncé "plusieurs mesures alternatives et complémentaires". Des travaux ont ainsi été entrepris pour augmenter la capacité de l'usine de dessalement de Petite-Terre.
Des cuves de stockage, financées par l'État, ont également été réceptionnées et devraient bientôt être distribuées aux établissements scolaires et de soins, qui ne peuvent pas être alimentés en eau en continu.
La préfecture prévoit aussi la distribution de kits d'économie d'eau chez les particuliers et applique son "bouclier qualité prix" pour encadrer la vente d'eau embouteillée.
Un arrêté a aussi été pris pour pouvoir importer de l'eau de l'île Maurice, malgré les normes différentes. Aujourd'hui, les bouteilles proviennent principalement de La Réunion voisine.
Enfin, des osmoseurs de petite et moyenne capacité – permettant de désaliniser l'eau – devraient rejoindre le territoire, selon la préfecture.
Depuis le 12 juin, une quatrième coupure d'eau hebdomadaire – de 17 h à 7 h - rythme le quotidien des habitants de l'archipel de Mayotte, dans l'océan Indien, devenu le 101e département français en 2011.
D'ordinaire, "les coupures accompagnent la transition entre saison sèche et saison humide et prennent fin courant février ou mars", précise un ingénieur spécialisé dans la gestion de l'eau, qui souhaite garder l'anonymat.
Cette année, au lieu de disparaître, les coupures se sont intensifiées dans l'Ile, où l'Etat mène depuis fin mai une opération sous le nom de "Wuambushu" (reprise en Mahorais), visant à réduire l'habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l'archipel voisin des Comores.
Dans un communiqué, la préfecture annonce d'ailleurs "un cinquième tour nocturne à la fin de l'année scolaire". Avant une sixième coupure hebdomadaire instaurée à compter de courant août, selon des sources concordantes. Il s'agit d'"éviter le pic de consommation lié au retour des vacances scolaires et à la rentrée", avance l'ingénieur, précisant que Mayotte parvient à économiser ainsi près de 4.000 m³ d'eau par jour.
Car l'île est actuellement confrontée à un déficit en eau exceptionnel. "Il n'est jamais tombé aussi peu de pluie depuis 1997", estime la préfecture.
Avec les rivières et les cours d'eau, les lieux de stockage d'eau de pluie représentent 80% de la ressource de l'île.
Or "la retenue de Combani est actuellement remplie à 46% et celle de Dzoumogné à 25,5%", indique Floriane Ben Hassen, responsable du centre météorologique de Mayotte. A la même période, en 2022, les deux retenues atteignaient un taux de remplissage d'environ 97%.
Les approvisionnements sont complétés à hauteur de 15% par les nappes phréatiques et par l'usine de dessalement, située en Petite-Terre, qui produit 1.300 m³ par jour, ne fonctionnant qu'au tiers de ses capacités.
Infrastructures fragiles
Pour autant, si le manque de précipitations a créé un fort déficit pluviométrique, les capacités de production d'eau potable sont également insuffisantes.
Au total, les usines de potabilisation situées en Grande-Terre et l'usine de dessalement de Petite-Terre produisent environ 38.000 m³ par jour, alors que la consommation atteint 40.000 à 42.000 m³ quotidiennement, selon les estimations.
La consommation augmente d'environ 5% par an, selon le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux. En cause: l'évolution démographique --population est estimée à au moins 350.000 habitants, pour 300.000 personnes recensées--, mais aussi la hausse du niveau de vie des habitants.
"Tant qu'il n'y aura pas eu d'investissements massifs dans les infrastructures, les coupures d'eau seront maintenues", souligne l'ingénieur spécialisé dans la gestion de l'eau.
D'autant que les coupures fragilisent les tuyaux du réseau, ce qui favorise les fuites.
Pour renter d'y remédier, le syndicat, La Mahoraise des eaux, a passé un important marché afin de détecter les failles. Par ailleurs, une deuxième usine de dessalement – en projet depuis quelques années – pourrait voir le jour à Ironi Bé, au sud de Mamoudzou, courant 2024.
A plus court terme, la préfecture a annoncé "plusieurs mesures alternatives et complémentaires". Des travaux ont ainsi été entrepris pour augmenter la capacité de l'usine de dessalement de Petite-Terre.
Des cuves de stockage, financées par l'État, ont également été réceptionnées et devraient bientôt être distribuées aux établissements scolaires et de soins, qui ne peuvent pas être alimentés en eau en continu.
La préfecture prévoit aussi la distribution de kits d'économie d'eau chez les particuliers et applique son "bouclier qualité prix" pour encadrer la vente d'eau embouteillée.
Un arrêté a aussi été pris pour pouvoir importer de l'eau de l'île Maurice, malgré les normes différentes. Aujourd'hui, les bouteilles proviennent principalement de La Réunion voisine.
Enfin, des osmoseurs de petite et moyenne capacité – permettant de désaliniser l'eau – devraient rejoindre le territoire, selon la préfecture.