MAKEMO, le 6 octobre 2015. Que faire des ordures ménagères et autres encombrants quand on se trouve sur un atoll des Tuamotu? A Makemo, la municipalité a l'ambition de faire disparaître les amas de gravats et autres encombrants qui parsèment le platier. Sans avoir les moyens financiers ni les moyens techniques de faire face.
Ce sont des photographies prises il y a une quinzaine de jours par des touristes venus pratiquer la plongée sur l'atoll de Makemo qui nous ont alertés. On y voit, pêle-mêle et enchevêtrés les uns aux autres, divers matériaux : bois, tôles, gravats de construction, déchets verts, mais aussi plastiques en tous genres, des pneus qui se retrouvent agglomérés, compactés parfois à force d'être entassés et qui débordent à quelques dizaines de mètre seulement de la bordure du lagon. A force d'être entassés les uns sur les autres, ces déchets divers finissent par créer par endroits une sorte de digue, s'élevant parfois à 1,50 mètres ou deux mètres du sol. Preuve qu'ils ont été compactés, sur certaines de ces concrétions décidément peu naturelles, des abris de tôles ont été construits où d'autres déchets plus "sensibles" s'entassent également, à l'abri de la pluie et donc du ruissellement. On y trouve notamment des batteries de véhicules qui attendent d'être évacuées, un jour ou l'autre, vers des centres de traitement qui seraient aptes à traiter ces déchets qui sont des accumulateurs au plomb et contiennent de l'acide. Un cocktail particulièrement nocif pour la santé humaine et pour l'environnement.
Cette vision particulièrement négative de la pression anthropique exercée par la présence d'une population humaine sur un atoll polynésien isolé cadre mal avec l'idée que l'on pourrait se faire, idéalement d'une île faiblement peuplée, au cœur des Tuamotu. Sauf que c'est une réalité palpable. Qui éclaire particulièrement bien la difficulté des autorités locales de ces communes de faible taille –et dans le cas de Makemo avec trois communes associées sur d'autres atolls (Katiu, Raroia et Taenga)- à suivre la réglementation à laquelle elles sont soumises. Selon le code général des collectivités territoriales (CGCT) les communes de Polynésie sont toutes compétentes pour la collecte et le traitement de leurs déchets depuis le 1er janvier 2012. En juillet dernier, la mise en œuvre de cette compétence environnementale (avec la distribution de l'eau potable et la gestion de l'assainissement) a été repoussée à 2024. Mais rien ne dit que d'ici cette date butoir des solutions seront trouvées. Pour l'heure, les déchets ménagers des 800 habitants de Makemo (dont les trois quarts vivent dans le village principal de Pouheva) finissent dans un dépotoir municipal situé à 10 km du village et sont brûlés. Bien que les habitants aient été formés au tri sélectif et disposent des deux bacs verts et gris, tout finit au même endroit et subit le même traitement par le feu. Et tant pis pour les dioxines libérées par la combustion…
PAS DE SOUTIEN NI TECHNIQUE NI FINANCIER
Interrogé par nos soins, le tavana de Makemo Félix Tokoragi avoue son impuissance à se conformer dans l'immédiat aux textes réglementaires du CGCT. "A ce jour aucune disposition n'est prévue pour permettre aux communes des atolls de renvoyer sur Tahiti leurs déchets et permettre leur recyclage (…) Le tri sélectif s'opère dans notre commune mais aucun moyen de recyclage n'a été mis en place à notre arrivée à la tête de la commune. Il n'existe pas de centre de conditionnement ou de centre d'enfouissement technique, ni d'incinérateurs. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'aucune convention n'a été passée pour le transport des déchets sur Tahiti entre les armateurs, les communes, le Pays et l'Etat pour la mise en œuvre de cette compétence. Toutes les initiatives en matière de recyclage er de traitement doivent être supportées par la commune qui ne dispose pas à ce jour des moyens financiers et matériels suffisants. Nous devons trouver par nos propres moyens des solutions pour éliminer et stocker les déchets".
Avec aussi des initiatives louables mais dont le résultat est parfois pire que le mal qu'elles voulaient combattre. La preuve avec ce stock de batteries de voitures qui attendent, depuis longtemps, en bord de mer un transport vers Tahiti et un vrai centre technique de traitement. Jusqu'ici aucun armateur n'a voulu prendre le risque d'embarquer cette cargaison et la commune n'a pas les moyens de payer le fret et la dépollution des batteries. Conséquence, elles se dégradent à l'air libre et quelques-unes ont déjà glissé plus bas, directement sur le platier. Que deviendront-elles si un cyclone frappe Makemo durant la saison chaude qui approche à grand pas et dont le risque est majeur cette année ? "Nous souhaiterions que certaines traces du passé disparaissent définitivement mais nous avons dû prioriser nos actions. A l'heure actuelle, nous devons faire face à la gestion des risques cycloniques qui pèsent sur notre atoll et nous devons mobiliser nos engins pour cette gestion de crise. Il n'est pas envisageable que ceux-ci soient endommagés dans une action d'extraction de ces détritus" nous répond Félix Tokoragi quand on l'interroge sur le devenir de ces amas de gravats qui s'accumulent sur le platier.
La situation de Makemo n'est pas unique, loin de là. Régulièrement des alertes émergent d'atolls ou d'îles isolées de Polynésie pour sensibiliser populations et autorités à cette affaire du traitement des déchets. Mais au final, jusqu'ici personne n'a trouvé la solution miracle…
Ce sont des photographies prises il y a une quinzaine de jours par des touristes venus pratiquer la plongée sur l'atoll de Makemo qui nous ont alertés. On y voit, pêle-mêle et enchevêtrés les uns aux autres, divers matériaux : bois, tôles, gravats de construction, déchets verts, mais aussi plastiques en tous genres, des pneus qui se retrouvent agglomérés, compactés parfois à force d'être entassés et qui débordent à quelques dizaines de mètre seulement de la bordure du lagon. A force d'être entassés les uns sur les autres, ces déchets divers finissent par créer par endroits une sorte de digue, s'élevant parfois à 1,50 mètres ou deux mètres du sol. Preuve qu'ils ont été compactés, sur certaines de ces concrétions décidément peu naturelles, des abris de tôles ont été construits où d'autres déchets plus "sensibles" s'entassent également, à l'abri de la pluie et donc du ruissellement. On y trouve notamment des batteries de véhicules qui attendent d'être évacuées, un jour ou l'autre, vers des centres de traitement qui seraient aptes à traiter ces déchets qui sont des accumulateurs au plomb et contiennent de l'acide. Un cocktail particulièrement nocif pour la santé humaine et pour l'environnement.
Cette vision particulièrement négative de la pression anthropique exercée par la présence d'une population humaine sur un atoll polynésien isolé cadre mal avec l'idée que l'on pourrait se faire, idéalement d'une île faiblement peuplée, au cœur des Tuamotu. Sauf que c'est une réalité palpable. Qui éclaire particulièrement bien la difficulté des autorités locales de ces communes de faible taille –et dans le cas de Makemo avec trois communes associées sur d'autres atolls (Katiu, Raroia et Taenga)- à suivre la réglementation à laquelle elles sont soumises. Selon le code général des collectivités territoriales (CGCT) les communes de Polynésie sont toutes compétentes pour la collecte et le traitement de leurs déchets depuis le 1er janvier 2012. En juillet dernier, la mise en œuvre de cette compétence environnementale (avec la distribution de l'eau potable et la gestion de l'assainissement) a été repoussée à 2024. Mais rien ne dit que d'ici cette date butoir des solutions seront trouvées. Pour l'heure, les déchets ménagers des 800 habitants de Makemo (dont les trois quarts vivent dans le village principal de Pouheva) finissent dans un dépotoir municipal situé à 10 km du village et sont brûlés. Bien que les habitants aient été formés au tri sélectif et disposent des deux bacs verts et gris, tout finit au même endroit et subit le même traitement par le feu. Et tant pis pour les dioxines libérées par la combustion…
PAS DE SOUTIEN NI TECHNIQUE NI FINANCIER
Interrogé par nos soins, le tavana de Makemo Félix Tokoragi avoue son impuissance à se conformer dans l'immédiat aux textes réglementaires du CGCT. "A ce jour aucune disposition n'est prévue pour permettre aux communes des atolls de renvoyer sur Tahiti leurs déchets et permettre leur recyclage (…) Le tri sélectif s'opère dans notre commune mais aucun moyen de recyclage n'a été mis en place à notre arrivée à la tête de la commune. Il n'existe pas de centre de conditionnement ou de centre d'enfouissement technique, ni d'incinérateurs. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'aucune convention n'a été passée pour le transport des déchets sur Tahiti entre les armateurs, les communes, le Pays et l'Etat pour la mise en œuvre de cette compétence. Toutes les initiatives en matière de recyclage er de traitement doivent être supportées par la commune qui ne dispose pas à ce jour des moyens financiers et matériels suffisants. Nous devons trouver par nos propres moyens des solutions pour éliminer et stocker les déchets".
Avec aussi des initiatives louables mais dont le résultat est parfois pire que le mal qu'elles voulaient combattre. La preuve avec ce stock de batteries de voitures qui attendent, depuis longtemps, en bord de mer un transport vers Tahiti et un vrai centre technique de traitement. Jusqu'ici aucun armateur n'a voulu prendre le risque d'embarquer cette cargaison et la commune n'a pas les moyens de payer le fret et la dépollution des batteries. Conséquence, elles se dégradent à l'air libre et quelques-unes ont déjà glissé plus bas, directement sur le platier. Que deviendront-elles si un cyclone frappe Makemo durant la saison chaude qui approche à grand pas et dont le risque est majeur cette année ? "Nous souhaiterions que certaines traces du passé disparaissent définitivement mais nous avons dû prioriser nos actions. A l'heure actuelle, nous devons faire face à la gestion des risques cycloniques qui pèsent sur notre atoll et nous devons mobiliser nos engins pour cette gestion de crise. Il n'est pas envisageable que ceux-ci soient endommagés dans une action d'extraction de ces détritus" nous répond Félix Tokoragi quand on l'interroge sur le devenir de ces amas de gravats qui s'accumulent sur le platier.
La situation de Makemo n'est pas unique, loin de là. Régulièrement des alertes émergent d'atolls ou d'îles isolées de Polynésie pour sensibiliser populations et autorités à cette affaire du traitement des déchets. Mais au final, jusqu'ici personne n'a trouvé la solution miracle…
La hauteur de ces amas finit par être imposante et culmine jusqu'à 2 mètres parfois au-dessus du sol.