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A Limoges, de la porcelaine jusque sur les routes


Limoges, France | AFP | jeudi 22/03/2017 - A Limoges, on trouve de la porcelaine jusque sur les routes: depuis neuf mois, l'entreprise de BTP Colas y teste en conditions réelles un enrobé unique en son genre, composé à 30% de rebuts de l'industrie porcelainière pour rendre la chaussée plus lumineuse.
"En 2014, nous nous sommes inscrits dans l’expérimentation nationale Lumiroute. Il s’agissait de tester un enrobé réputé réfléchir la lumière en le combinant avec un nouvel éclairage. L’hypothèse était que grâce à cette route, il serait possible de faire des économies d’énergie sur l'éclairage public", résume Carole Cheucle, directrice générale adjointe de l'Agglomération de Limoges.
Forts de résultats encourageants, la collectivité a rapidement engagé une nouvelle réflexion: "Développer un matériau au potentiel similaire en mobilisant les ressources et les compétences propres à notre territoire", explique-t-elle.
L'Agglomération de Limoges a donc demandé aux entrepreneurs de lui fabriquer un enrobé similaire à celui de l'expérience Lumiroute, mais incluant la porcelaine qui a rendu la ville célèbre dans le monde entier.
Il aura fallu deux ans de recherche aux équipes de Jacques Senant, chef d'agence de Colas à Limoges, pour le mettre au point. "Nous sommes arrivés à la bonne mesure de 30% de porcelaine, seul dosage à partir duquel l'enrobé remplit ses promesses en terme de dureté, de glissance ou même de luminosité et pour un coût raisonnable", dit-il.
Colas a conclu des partenariats avec des marques prestigieuses comme Bernardaud ou Haviland qui s’engagent à lui céder leurs rebuts de porcelaine à la tonne. "D'après nos estimations, ce sont entre 200 et 300 tonnes de déchets porcelainiers par an qui pourraient être valorisés, quand ils étaient jusqu'alors enfouis", explique-t-il.
 

- Objectif 50% d'économie d'énergie -

 
D'après les premiers tests effectués sur une petite portion de route dans le centre-ville, la porcelaine qui se trouve à la surface se polit sous l'effet du passage des voitures et réfléchit la lumière des lampadaires. "Non seulement cet enrobé permet d'attirer l’attention de l'automobiliste sur des zones à risque, mais, à terme, il permettra des économies d’énergie. Car si la route amplifie la lumière en la réfléchissant, nous pouvons baisser l’intensité lumineuse de l’éclairage public", explique Carole Cheucle.
Décidée à confirmer le potentiel de cette innovation, l'Agglomération vient de lancer un appel d'offres pour réaliser dès cet été une portion de route de 500 mètres, en la dotant cette fois d’un éclairage public spécifique, avec des lampadaires plus espacés et fonctionnant avec des ampoules LED. Elle vise à atteindre 50% d’économie d’énergie.
Voilà déjà une dizaine d'années que la porcelaine traditionnelle investit des secteurs liés à l'innovation et à la haute-technologie. L'"or blanc" du Limousin a ainsi été mis en oeuvre avec succès dans des implants et prothèses humaines en céramique, telles les prothèses crâniennes ostéo-conductibles et sternums utilisés au CHU de Limoges. 
Mais la porcelaine est aussi présente dans le design, avec la création de mobilier urbain par le CRAFT (Centre de recherches sur les arts du feu et de la terre), ou même dans le domaine militaire via la marque Bernardaud qui mène des recherches sur ses applications pour le blindage de matériel roulant ou encore les gilets pare-balles.

le Jeudi 23 Mars 2017 à 04:51 | Lu 436 fois