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A Jérusalem, Macron propose une "coalition" internationale contre le Hamas


Crédit Christophe Ena / POOL / AFP
Crédit Christophe Ena / POOL / AFP
Jérusalem, Non défini | AFP | mardi 24/10/2023 - "C'est une page noire de notre propre histoire": Emmanuel Macron, en visite au Proche-Orient mardi, a exprimé avec émotion sa solidarité après l'attaque sanglante du Hamas, et proposé une "coalition" internationale pour "lutter" contre le mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza.

A Jérusalem, le président français a présenté les "condoléances" d'un "pays ami, éploré devant l'acte terroriste le plus terrible de votre Histoire et saisi par votre chagrin et votre douleur".

"Nos deux pays sont liés par le même deuil", a ajouté M. Macron, le ton grave, au côté du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a évoqué "une guerre entre la barbarie et la civilisation", promettant une fois de plus de "détruire" le Hamas.

Cette visite de solidarité intervient après l'émotion suscitée en France par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien sur le sol israélien le 7 octobre. Elle a fait plus de 1.400 morts, en très grande majorité des civils, parmi lesquels trente Français ou Franco-Israéliens.

Au 18e jour de la guerre, les représailles israéliennes à Gaza ont fait plus de 5.000 morts, également civils pour la plupart, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Conflagration régionale"

Alors que la France affirme le droit d'Israël à se défendre dans le respect du droit international, Emmanuel Macron a formulé une proposition aux contours encore flous pour "bâtir une coalition régionale et internationale" pour "lutter" contre le Hamas. Selon son entourage, il s'agirait soit de créer une nouvelle coalition, soit d'étendre au combat contre le Hamas celle qui a été mise en place en 2014 sous la houlette des Etats-Unis pour lutter le groupe Etat islamique en Syrie et en Irak, à laquelle participent Paris mais aussi nombre de pays arabes.

Cela dépendra "de ce qu'Israël demandera", plaide-t-on côté français, tout en estimant qu'une offensive terrestre à Gaza, telle que l'envisage l'armée israélienne, "serait très difficile à mener dans le respect" du "droit international".

A Paris, l'opposant de gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a critiqué un possible "retour à la théorie de la +guerre contre le terrorisme+" de l'ex-président américain George W. Bush, "tout un monde que la diplomatie française récusait".

Dès son arrivée à l'aéroport de Tel-Aviv mardi matin, le chef de l'Etat avait rencontré, lors d'un échange empreint d'émotion, des familles de Français ou Franco-israéliens tués, disparus ou retenus otages dans la bande de Gaza.

Il a d'ailleurs revu à la hausse le bilan en affirmant que neuf Français ou Franco-Israéliens étaient otages ou portés disparus. Parmi les familles, celle de Mia Shem, une otage franco-israélienne dont une vidéo a été diffusée la semaine dernière par le Hamas.

"Le premier objectif que nous devrions avoir aujourd'hui est la libération de tous les otages, sans aucune distinction", a aussi déclaré le président français lors d'un tête-à-tête avec son homologue israélien, Isaac Herzog. 

Après la libération de quatre femmes par le Hamas, environ 220 otages sont encore retenus dans la bande de Gaza, selon les autorités israéliennes.

Le président français a également prévenu toutes les parties qu'il ne fallait pas "élargir le conflit".

Mettant en garde contre "une conflagration régionale dont chacun sortirait perdant", il a appelé nommément "le régime iranien" et ses alliés régionaux, "le Hezbollah" libanais et "les Houthis au Yémen", à "ne pas prendre le risque inconsidéré d'ouvrir de nouveaux fronts", alors que la situation est très tendue à la frontière avec le Liban.

"Processus politique" 

Emmanuel Macron a par ailleurs insisté sur la nécessité d'une "relance décisive du processus politique avec les Palestiniens". 

"La cause palestinienne, elle doit être entendue avec raison", a plaidé le président français, estimant qu'il fallait "accepter le droit légitime des Palestiniens à disposer d'un territoire et d'un Etat en paix et en sécurité aux côtés d'Israël".

Il doit en discuter dans l'après-midi à Ramallah, en Cisjordanie, avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et mercredi à Amman où, selon l'Elysée, il rencontrera "probablement" le roi Abdallah II et "peut-être d'autres dirigeants de la région".

La visite d'Emmanuel Macron intervient après celles du président américain, Joe Biden, ou du Premier ministre, Rishi Sunak. Il avait dit ces derniers jours vouloir se rendre en Israël lorsque sa venue serait "utile".

Un de ses conseillers a précisé que la France suggérait d'oeuvrer à une "pause humanitaire, pour avoir plus de chances de sortir les otages". "Peut-être nous pouvons utiliser ce laps de temps" pour "consolider la perspective d'un cessez-le-feu", a-t-il détaillé, tout en concédant qu'il était "délicat" d'évoquer un cessez-le-feu à ce stade.

Emmanuel Macron s'est lui abstenu d'évoquer publiquement ce sujet sur place.

le Mardi 24 Octobre 2023 à 05:54 | Lu 870 fois