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A Here, troisième voie offensive


Tahiti, le 20 octobre 2022 – En s'attaquant au Tapura et au Tavini, le A Here ia Porinetia de Nicole Sanquer ambitionne de se placer au centre de l'échiquier politique avant les élections territoriales de 2023. Le parti annonce un “Tere Farerei” à partir de lundi pour aller au contact des électeurs et annoncera sa liste durant son congrès du 25 février.
 
Le A Here ia Porinetia de Nicole Sanquer, Nuihau Laurey et Félix Tokoragi a organisé, jeudi matin, une conférence de presse au siège du parti vert et blanc à Mama'o. L'occasion d'un tour d'horizon de l'actualité politique avec le commentaire du rapport d'orientation budgétaire du gouvernement pour 2023, une critique en règle des deux adversaires politiques identifiés – Tapura et Tavini –, l'explication de l'adhésion de Bernard Natua, l'annonce d'un “Tere Farerei” au contact de la population ou encore celle de l'agenda politique du parti en vue des territoriales de 2023.
 
  • Fade budget
 
Nuihau Laurey et Nicole Sanquer ont entamé la conférence de presse par le commentaire du “rapport d'orientation budgétaire” du gouvernement pour 2023. Le document rassemblant les grandes orientations budgétaires pour l'établissement du budget 2023 est jugé trop fade par l'ancien vice-président d'Édouard Fritch en charge du budget, Nuihau Laurey. “Le rapport d'orientation budgétaire, nous l'avons parcouru et on n'y trouve aucune mesure concrète. Il y a pour l'essentiel la reproduction, quasiment à la page près, du rapport de l'année précédente.” Et Nicole Sanquer d'emboîter le pas de son vice-président : “On a une situation d'urgence qui nécessite des mesures fortes. Mais on a aussi une campagne électorale qui se déroule actuellement et on voit bien que l'objectif, ce n'est pas du tout de proposer des mesures pour sortir le Pays des difficultés actuelles.”
 
Autre critique exprimée par les élus du A Here, une incohérence dans le discours tantôt alarmiste du gouvernement lorsqu'il fallait mettre en place la TVA sociale, tantôt triomphaliste quelques mois plus tard en annonçant des “voyants économiques au vert” et une hausse du moni rū'au et des allocations sociales et familiales. “Après avoir indiqué à toute la représentation que la PSG était quasiment sous tutelle, (…) quelques mois plus tard le gouvernement peut augmenter tous les minima sociaux”, tacle Nuihau Laurey.
 
  • Contre le Tapura…
 
C'est une habitude en période pré-électorale, l'opposition fustige les moyens dont dispose la majorité pour faire campagne. “Ce que l'on voit tous les jours, c'est le gouvernement en déplacement ici ou là pour couper des rubans, inaugurer ceci ou cela”, constate Nuihau Laurey, qui estime que cette sur-communication du gouvernement occulte les “questions économiques, sociales et budgétaires” de la majorité. “Nous, par rapport à cela, on tire la sonnette d'alarme, parce que le contexte politique veut que chaque parti qui va présenter des listes propose un projet. Pour l'instant, du côté du Tapura, on ne voit aucun projet.”
 
Côté A Here pourtant, pas de programme non plus pour l'instant. Seules les grandes lignes énoncées par le parti depuis les législatives sont rappelées par Nicole Sanquer : réduire les dépenses publiques, réduire les impôts, redonner du pouvoir d'achat aux consommateurs et donner envie d'entreprendre, pour reprendre les termes de l'ex-députée.
 
  • … et le Tavini
 
Mais le Tapura n'est désormais plus la seule cible de la stratégie politique du A Here ia Porinetia. C'est une nouveauté, dans le discours du moins, le parti vert et blanc s'en prend au “vide” programmatique du Tavini. “Il y a eu un déplacement à l'ONU, avec beaucoup de monde qui est allé dire son point de vue, par contre on a du mal à comprendre quel est le projet du Tavini”, entame Nuihau Laurey. Rejoignant Édouard Fritch sur ce point, l'élu estime que le “marquage indépendantiste” du parti bleu ciel est aujourd'hui plus assumé qu'aux législatives. “Le mot est enfin clairement lancé du côté du Tavini, mais on ne voit, ni on n'entend, aucune proposition en matière de PSG, de relance économique, de fiscalité. Donc là aussi, on trouve que c'est problématique cette situation-là, où les principaux partis politiques n'abordent pas les vrais sujets.” Même discours et même verve pour Nicole Sanquer, qui s'amuse des sessions de formation organisées par le Tavini et dit ne pas entendre “grand-chose” sur le fond.
 
Une stratégie résolument plus offensive de la jeune formation politique, qui lui permet aujourd'hui de cocher deux cases avant 2023. D'une part, marquer clairement son positionnement idéologique autonomiste. D'autre part surtout, se positionner en véritable troisième voie, entre les deux blocs Tapura et Tavini, au centre de l'échiquier.
 
  • Un Tere Farerei à Tahiti
 
Après une tournée aux Tuamotu et pour lancer sa campagne à Tahiti, le A Here ia Porinetia annonce un “Tere Farerei” dans les communes de l'île. Nicole Sanquer explique que le parti a cherché à se “structurer” depuis les législatives pour “former des équipes dans chaque commune”. Ce tour de Tahiti répond à deux objectifs, selon la présidente du parti. “Le premier, de nous présenter, présenter les équipes dans chaque commune pour qu'on puisse être identifiés. Présenter la base de notre projet pour les prochaines échéances électorales. Le deuxième, d'avoir un véritable échange avec la population. Chaque parti politique est en train de rédiger un programme et un projet. Pour nous, ce qui importe, c'est d'entendre la population. Ce qu'elle attend des élections, qu'elle nous dise quelles sont ses priorités et difficultés au quotidien, même si nous en avons un aperçu chaque jour.”
 
  • Welcome Natua
 
La conférence de presse a également été l'occasion de s'exprimer publiquement sur l'adhésion récente au A Here ia Porinetia du représentant originaire de Rangiroa, Bernard Natua. “Je le répète, cette adhésion a été faite sans conditions. Il a exprimé sa volonté de quitter le Tapura pour des raisons qui lui incombent”, a exposé Nicole Sanquer. Surtout, la présidente du groupe à l'assemblée a expliqué que cette arrivée permettait de “sécuriser” le groupe de huit élus en cette période de “mercato politique”. L'occasion également de faire passer le message aux bonnes volontés intéressées pour rallier le parti : la porte est ouverte, mais pas encore pour discuter des places aux territoriales.
 
  • La liste le 25 février
 
Sur les élections territoriales, enfin, Nicole Sanquer a expliqué le principe et le calendrier retenus pour la constitution de la liste. Un appel à candidatures est annoncé pour le mois de janvier. “S'il y a consensus dans les communes pour désigner les représentants du parti, il n'y aura pas de primaires. Mais s'il y a beaucoup de candidats dans une commune et pas de consensus, nous allons organiser des primaires au mois de janvier.” Un congrès du A Here ia Porinetia est ensuite annoncé pour le 25 février. La liste sera annoncée à cette date.
 
Vaite Urarii Pambrun

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 20 Octobre 2022 à 15:21 | Lu 782 fois