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7 ans de prison pour la mère infanticide de Rikitea


L'accusée avait été condamnée en première instance à sept ans de prison.
L'accusée avait été condamnée en première instance à sept ans de prison.
PAPEETE, le 2 juin 2015. La mère qui a mis le feu à son bébé à Rikitea, en 2010, a été condamnée à 7 ans de prison par la cour d'assises d'appel. Le petit Maeanu était décédé quelques jours après le drame.


Pourquoi cette femme de Rikitea a-t-elle mis le feu à son bébé ? Après un procès en première instance en 2014, elle était ce mardi devant le jury de la cour d'assises d'appel. L'accusée a beaucoup parlé de son enfance, comment elle avait eu quatre enfants avec quatre pères différents, sa vie avec son conjoint... En revanche, on en sait toujours peu sur les raisons de son geste.

Le drame s'est produit le 25 novembre 2010.
Le petit bébé avait précisément ce jour-là six mois. En cette fin d'après-midi, une nouvelle altercation se produit entre le couple, qui habite Rikitea. Ces deux-là se disputent souvent. Elle lui reproche de ne pas « l'aider assez, de boire, de fumer ». Lui critique son « caractère pas facile ».
Ce jour-là, à 17 heures, son tane dort toujours. Elle le tire du lit. Les injures commencent à pleuvoir des deux côtés. L'homme se saisit d'une hache et fracasse la machine à laver « qui était toute neuve ». Pour que les choses ne s’aggravent pas, il prend un sac avec ses affaires pour s'éloigner pour quelque temps du fare. Ce geste met hors d'elle sa vahine.

Les propos de l'un et de l'autre ne coïncident ensuite pas tout à fait. Une chose est sûre : elle est allée chercher son bébé et a versé sur eux de l'essence. Le couple se contredit sur le fait qu'elle se soit aspergée d'essence ou non déjà avant de prendre leur fils dans les bras. Mais leurs propos se recoupent ensuite : elle s'empare d'un briquet, celui qui était dans la cuisine habituellement pour allumer la gazinière. « Tu veux ? Tu veux ?! » menace-t-elle alors son concubin en brandissant le briquet. « Ça s'est enflammé d'un coup », explique le concubin, qui purge actuellement une peine de prison pour violences.
Il explique avoir tenté en vain d'éteindre les flammes sur son bébé en le serrant contre lui puis l'avoir passé sous l'eau du robinet. Mais les blessures sont graves.


Brûlé à 75 %

Le bébé, brûlé à 75 %, a été évasané sur Auckland avec sa mère, elle aussi blessée. Le 4 décembre, l'enfant poussait son dernier souffle. « C'est exceptionnel lorsqu’un être humain survit à de telles brûlures », a souligné à la barre le médecin légiste. « Cet enfant a beaucoup souffert avant d'être soigné. Il a eu le maximum des douleurs qui peuvent être provoquées par des brûlures. »
En 2013, la cour d'assises avait condamné cette mère à sept ans de prison pour violences volontaires ayant donné la mort sans intention de la donner. Le jury n'avait pas retenu l'intention d'homicide. « Est-ce que vous aviez la volonté de mourir ? Est-ce que vous vouliez punir (votre tane) ? », l'a interpellée l'avocate générale. « C'est un peu facile. Depuis le départ, vous êtes dans l'évitement quand ça vous dérange. Vous avez fait appel (du verdict). Il faut vous expliquer. Évitez de dire trop 'Je ne sais pas'. » L'accusée, qui porte encore des marques des brûlures sur son visage s'est ainsi retranchée à plusieurs reprises derrière des « Je ne sais pas », « Je n'ai pas réfléchi ce jour-là » et même un « j'ai peur de dire des bêtises ».
« A travers cet enfant, c'est le père qu'elle veut atteindre »,
a analysé l'avocate générale Brigitte Angibaud. « Elle veut l'instrumentaliser pour faire souffrir le père ». La représentante du ministère public a requis la confirmation de la peine prononcée par la cour d'assises, soit sept ans de prison. « La cour d'assises qui l'a condamnée en 2013 a-t-elle été trop sévère ? Je ne crois pas. Je pense au contraire qu'elle a bénéficié à l'époque de beaucoup de clémence et qu'elle ne l'a toujours pas compris. (…) Elle doit être confrontée à la rigueur de la loi. Elle doit savoir qu'il y a des limites qu'on ne peut pas dépasser. Une mère même en colère ne peut sous aucun prétexte détruire la vie de son enfant. »
La cour d'assises d'appel a confirmé la peine de 7 ans de prison.

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 2 Juin 2015 à 18:32 | Lu 1786 fois