Le bulbul à ventre rouge est en train d'envahir Bora Bora, mais les autorités ont commencé à réagir (crédit Thomas Ghestemme)
PAPEETE, le 16 juillet 2014 - De plus en plus de plantes et animaux étrangers envahissent nos îles. La plupart sont inoffensives et s’intègrent harmonieusement dans le paysage, prenant l’exemple des orangers introduits par James Cook au 19ème siècle. D’autres, comme le rat noir et le miconia, deviennent des plaies conduisant nos espèces endémiques à l’extinction.
Il y a un mois, la petite fourmi de feu a été découverte à Rurutu. Une colonie s’est installée sur 3,5 hectares à Moerai et elle commence son travail de sape : la petite bête est capable de dévorer des animaux de la taille d’un oiseau ou d’un bébé tortue, chasse les escargots et insectes autochtones, et son venin peut faire perdre la vue aux gros animaux domestique comme les chiens et chats. Aussitôt c’est le branle-bas de combat.
La Direction de l’Environnement (Diren) et le Service du Développement Rural (SDR) lancent en ce moment une grande opération d’éradication et de sensibilisation. C’est que cette fourmi est une des 10 plus grosses menaces pour la biodiversité à travers le monde.
La petite fourmi de feu a désormais conquis Tahiti, et des millions de francs ont été dépensés pour tenter de l’éradiquer… en vain. Il était déjà trop tard. C’est pour ça que les moyens vont désormais être redirigés vers les combats qui peuvent encore être remportés : éliminer les 4 colonies de Moorea et celle découverte à Rurutu.
La Direction de l’Environnement (Diren) et le Service du Développement Rural (SDR) lancent en ce moment une grande opération d’éradication et de sensibilisation. C’est que cette fourmi est une des 10 plus grosses menaces pour la biodiversité à travers le monde.
La petite fourmi de feu a désormais conquis Tahiti, et des millions de francs ont été dépensés pour tenter de l’éradiquer… en vain. Il était déjà trop tard. C’est pour ça que les moyens vont désormais être redirigés vers les combats qui peuvent encore être remportés : éliminer les 4 colonies de Moorea et celle découverte à Rurutu.
Le miconia toujours pas sous contrôle
La fourmi de feu et sa violente piqûre est, avec le rat noir, la plus connue des espèces nuisibles qui colonisent nos îles avec l’aide souvent involontaire des humains. Dans le règne végétal une autre peste fait aussi parler d’elle : le miconia. Cet arbre planté d’abord comme plante ornementale a envahi les forêts humides des îles de la Société et des Marquises.
L’introduction d’un champignon, prédateur naturel de la plante, n’a pas eu l’impact espéré : au mieux, les trous qu’elle arrive à creuser dans les feuilles des miconias poussant en altitude permettent de laisser passer la lumière et de régénérer la végétation en dessous. Mais en bas de vallée, les plantes sont toujours indemnes. Les campagnes d’arrachage, en particulier aux Marquises où certaines îles ont encore une chance de se débarrasser du problème, restent la seule solution efficace.
Et ces trois « stars » de l’invasion cachent un problème beaucoup plus vaste : dans son guide « Protection des îles contre les espèces envahissantes » publié le mois dernier, la Diren compte pas moins de 46 espèces invasives dangereuses pour la biodiversité.
Un escargot carnivore
La fourmi de feu et sa violente piqûre est, avec le rat noir, la plus connue des espèces nuisibles qui colonisent nos îles avec l’aide souvent involontaire des humains. Dans le règne végétal une autre peste fait aussi parler d’elle : le miconia. Cet arbre planté d’abord comme plante ornementale a envahi les forêts humides des îles de la Société et des Marquises.
L’introduction d’un champignon, prédateur naturel de la plante, n’a pas eu l’impact espéré : au mieux, les trous qu’elle arrive à creuser dans les feuilles des miconias poussant en altitude permettent de laisser passer la lumière et de régénérer la végétation en dessous. Mais en bas de vallée, les plantes sont toujours indemnes. Les campagnes d’arrachage, en particulier aux Marquises où certaines îles ont encore une chance de se débarrasser du problème, restent la seule solution efficace.
Et ces trois « stars » de l’invasion cachent un problème beaucoup plus vaste : dans son guide « Protection des îles contre les espèces envahissantes » publié le mois dernier, la Diren compte pas moins de 46 espèces invasives dangereuses pour la biodiversité.
Un escargot carnivore
Marie Fourdrigniez est en charge de la coordination du Programme Espèces Envahissantes mis en place par la Diren et cofinancé par l'Etat. Elle nous présente les menaces graves mais méconnues qui attaquent nos îles. « La Diren s'attache à renforcer la prévention en sensibilisant la population sur les conséquences des espèces envahissantes » explique-t-elle. « Nous allons à la rencontre de 24 îles de Polynésie cette année. Sur chaque île, les personnes les plus intéressés font partie de notre réseau de veille "Te Rau Mata Arai" et savent maintenant qu'il faut vite faire remonter l'information en cas d'arrivée d'une nouvelle espèce envahissante sur l'île. »
La végétation basse des Marquises et des Tuamotu est ainsi confrontée au faux acacia, adepte des climats secs et venteux. Il pousse à la fois sur les atolls et sur les flancs de colline et les crêtes, puis étouffe la végétation endémique. Il a aussi l’avantage d’être adapté aux chèvres, qui ne les tuent pas et se chargent de répandre ses graines et de brouter ses concurrents.
Des rapaces trop voraces
La végétation basse des Marquises et des Tuamotu est ainsi confrontée au faux acacia, adepte des climats secs et venteux. Il pousse à la fois sur les atolls et sur les flancs de colline et les crêtes, puis étouffe la végétation endémique. Il a aussi l’avantage d’être adapté aux chèvres, qui ne les tuent pas et se chargent de répandre ses graines et de brouter ses concurrents.
Des rapaces trop voraces
A Hiva Oa l’introduction du Grand Duc d’Amérique pour chasser les rats n’aura abouti qu’à aider à faire disparaître le pahi (un martin-pêcheur endémique), et "le hibou menace maintenant les oiseaux de l’île de Tahuata, île distante de seulement 4 km. C’est pourquoi l’association Manu a mis en place une surveillance sur Tahuata" explique Marie Fourdrigniez. L’épervier a eu un impact similaire à Tahiti et Moorea en faisant disparaître le rupe (carpophage de la Société) et en chassant les pétrels (noha) et les puffins (o’upoa).
Dans les Tuamotu et à Bora Bora, le pluchea, une plante basse, envahit les motu et remplace la végétation naturelle (ouru, miki miki, naupata…). Un oiseau, le bulbul, est arrivé récemment à Bora Bora. Avant qu’il ne remplace les oiseaux locaux et s’attaque aux buffets des hôtels, une campagne d’élimination a été mise en place par la DIREN, avec l’aide de la commune, du SDR et de résidents impliquées dans la protection de leur île.
Et à Tahiti et Moorea, un arche de Noé d’espèces envahissent peu à peu toutes nos niches écologiques. Un escargot carnivore, Euglandine, a déjà fait disparaitre plus de 57 espèces endémiques, la tortue carnivore de Floride a été retrouvée jusqu’au lac Vahiria. Et dans les forêts, deux nouveaux arbres viennent prêter main forte au miconia contre les plantes endémiques : le goyavier de Chine et le Tulipier du Gabon (surnommé « pisse-pisse »).
Une carte du nombre d'espèces menaçant la biodiversité sur chaque île de Polynésie :
Et à Tahiti et Moorea, un arche de Noé d’espèces envahissent peu à peu toutes nos niches écologiques. Un escargot carnivore, Euglandine, a déjà fait disparaitre plus de 57 espèces endémiques, la tortue carnivore de Floride a été retrouvée jusqu’au lac Vahiria. Et dans les forêts, deux nouveaux arbres viennent prêter main forte au miconia contre les plantes endémiques : le goyavier de Chine et le Tulipier du Gabon (surnommé « pisse-pisse »).
Une carte du nombre d'espèces menaçant la biodiversité sur chaque île de Polynésie :
L’invasion générale
Outre les 46 espèces menaçant la biodiversité, de nombreuses autres espèces colonisent notre territoire mais sont jugées moins dangereuses pour nos animaux et plantes endémiques et ne sont pas dans le guide de la Diren. Par exemple la fourmi folle jaune, qui envahit les Marquises et les Australes, est surtout désagréable aux habitants (elles sont tellement nombreuses qu’on les entend parfois craquer sous ses pas) et aux agriculteurs. Elle est traitée par le biais de formations des professionnels effectués par le SDR et avec des appâts empoisonnés financés par les communes.
La majorité de ces espèces menaçant la biodiversité est propagée, de manière volontaire ou non, par les activités humaines. Rappelons que la meilleure façon d’agir contre ces espèces est la prévention par le respect de règles simples : L’introduction de nouvelles espèces sur le territoire est interdite, les dérogations peuvent être obtenues par une demande au service phytosanitaire. Le transfert de plantes ou d’animaux envahissants entre les îles est interdit, le transport de terre entre les îles est interdit, car elle peut contenir des graines, des insectes, etc. C’est par exemple le cas des pots de fleurs.
Outre les 46 espèces menaçant la biodiversité, de nombreuses autres espèces colonisent notre territoire mais sont jugées moins dangereuses pour nos animaux et plantes endémiques et ne sont pas dans le guide de la Diren. Par exemple la fourmi folle jaune, qui envahit les Marquises et les Australes, est surtout désagréable aux habitants (elles sont tellement nombreuses qu’on les entend parfois craquer sous ses pas) et aux agriculteurs. Elle est traitée par le biais de formations des professionnels effectués par le SDR et avec des appâts empoisonnés financés par les communes.
La majorité de ces espèces menaçant la biodiversité est propagée, de manière volontaire ou non, par les activités humaines. Rappelons que la meilleure façon d’agir contre ces espèces est la prévention par le respect de règles simples : L’introduction de nouvelles espèces sur le territoire est interdite, les dérogations peuvent être obtenues par une demande au service phytosanitaire. Le transfert de plantes ou d’animaux envahissants entre les îles est interdit, le transport de terre entre les îles est interdit, car elle peut contenir des graines, des insectes, etc. C’est par exemple le cas des pots de fleurs.