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350 élèves de Ua Pou à l’école de l’eau


Ua Pou, le 3 octobre 2023 – L’école de va’a de Hakahau, à Ua Pou, soutient et encourage la pratique du va’a pour les plus jeunes à travers son projet intitulé Te Vaka. L’occasion de renouer avec la culture locale et la nature, mais aussi d’apprendre autrement.
 
Quarante V1 taille enfant. Voici l’objectif que s’est fixé depuis novembre dernier Rataro Ohotoua, directeur de l’école de va’a qui se situe sur la plage de Hakahau, à Ua Pou, au sein de la structure Ha’e Vaka, qui existe depuis 1995. À travers son projet intitulé Te Vaka, il souhaite ainsi offrir la possibilité à 350 élèves de l’île, tous cycles confondus, de renouer avec cette coutume polynésienne ancestrale. “Et il ne s’agit pas seulement pour les jeunes d’apprendre à ramer, mais également de se familiariser avec l’environnement dans lequel ils évoluent et apprendre à le protéger”, explique-t-il.
 
“Dans le cadre du projet Te Vaka, différentes séances sont proposées hors temps scolaire mais aussi pendant ces derniers. Le District Vaka de Ua Pou gère le projet, qui est conventionné par la Direction générale de l’éducation et des enseignements et la commune de Ua Pou et financé à 70% par le ministère des Sports à travers la direction de la jeunesse et des sports”, précise-t-il.

Prévention, théorie et pratique

C’est une entreprise locale qui fabrique les pirogues en fibre de verre qui servent de support matériel pédagogique pour des séances quotidiennes d’une heure et demie auxquelles peuvent assister jusqu’à 27 élèves du CSP et 27 autres du collège de Hakahau. Une séance est divisée en trois parties, encadrées par six animateurs / initiateurs qui apprennent les bases aux tout-petits, deux moniteurs qui s’occupent plutôt de la partie pratique et un éducateur, à savoir Rataro Ohotoua.

La première partie de séance est centrée sur la prévention. On y parle alimentation, alcool, cigarette, paka ou encore vigilance et sécurité. Des cours de natation sont assurés pour les élèves à partir du CM2, durant lesquels ils effectuent 15 à 20 minutes d’exercices encadrés. Ils apprennent également à se déplacer dans l’eau – par le biais de jeux de ballons, par exemple – ou encore comment, quand et pourquoi mettre un gilet de sauvetage.

Place ensuite à la théorie liée au va’a : comment monter un va’a et ses trois éléments (la coque, les deux bois et le ama (balancier)) ; quelles sont les différentes parties d’une rame (tuaki : le T, kee: manche, āpa : la palle). L’utilisation de la langue locale fait partie intégrante de l’enseignement. “Le vocabulaire en marquisien apprend et aide à rester dans l’élément : le āpa s’apparente au ‘moteur’ par le biais d’un mouvement de propulsion. Il y a une façon particulière de manier une rame. Et une fois que l’enfant sait manier une rame, on commence à lui expliquer le mouvement”, explique Rataro Ohotoua. “Un coup de rame est divisé en trois phases : l’attaque, la propulsion (action motrice) et le retour. Ça rejoint les maths à l’école, en fin de compte. Pendant cette phase théorique, on explique également la rose des vents. Ici, le vent vient du nord-est, donc on explique pourquoi les vagues viennent par là et non dans l’autre sens, etc.”

Enfin, la troisième partie de séance est consacrée à la pratique. Comment apprendre à chavirer, par exemple et à jouer avec son équilibre. “Chavirer n’est pas grave, tu as juste changé de position. Tu n’es plus dans la pirogue, mais tu es dans l’eau. Tu as appris à nager et tu as un gilet”, explique Rataro Ohotoua. “On les aide à avoir moins peur, ce qui va leur permettre de s’appliquer davantage. Ce qui permet aussi d’éviter les accidents et de développer sa technique.”

Activités culturelles

Le mercredi est aussi consacré à la journée Tuhuna avec diverses activités autour de la culture marquisienne, comme la danse, le chant, la nourriture ou le tressage. “La danse n’est pas si loin, quand on regarde des rameurs en V6, c’est comme une sorte de poésie sportive”, conclut Rataro Ohotoua qui se dit content des retombées car ces projets permettent de travailler la base de l’activité va'a, l’origine même de la discipline, tout en ayant le mérite de sauver quelques enfants du décrochage scolaire.

En 2019, des rameurs de Ua Pou ont représenté Tahiti aux Jeux du Pacifique qui se sont tenus aux Samoa. L’équipe avait d’abord été sélectionnée aux Jeux des Marquises puis enfin aux Jeux de Polynésie, à Tahiti, où Ua Pou avait gagné. Peut-être que les jeunes élèves prenant part au projet Te Vaka suivront-ils un jour les traces de leurs aînés.

Rédigé par Eve Delahaut le Mardi 3 Octobre 2023 à 18:46 | Lu 1212 fois