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286 milliards de Fcfp pour la relance des outre-mer


Tahiti, le 3 décembre 2020 - Adopté jeudi en première lecture, le budget 2021 du ministère des Outre-mer marque une hausse de 2,6% pour les crédits de paiement, soit 286 milliards de Fcfp. Un "effort réel de l'Etat" que Teva Rohfritsch, rapporteur spécial à la commission des Finances, n'a pas manquer de souligner, dans un discours aux antipodes du coup de gueule de sa consœur, Lana Tetuanui.

C'est dans un contexte de crises sanitaire, économique et sociale sans précédent que le sénat a adopté hier en première lecture les crédits de la mission "outre-mer", où le seuil de pauvreté est, selon l'Insee, deux à cinq fois supérieur à la France métropolitaine. En hausse de 7,5% en autorisation d'engagement à 2,7 milliards d'euros (322 milliards de Fcfp), et de 2,5% en crédits de paiement à 2,4 milliards (286 milliards de Fcfp), par rapport à 2020, le budget veut incarner "l’ambition du gouvernement pour les outre-mer". A cela s’ajoute "un socle de 1,5 milliard d’euros (119,3 milliards de Fcfp) destiné à relancer l’économie" de ces territoires. Mais au total, le budget de l'État consacré aux outre-mer "s'étend sur 31 missions et 94 programmes pour un montant de quelques 19 milliards (2 266 milliards de Fcfp)", a rappelé le ministre, Sébastien Lecornu.

Un "effort réel de l'Etat" que Teva Rohfriscth n'a pas manqué de souligner "malgré la crise" et "certaines sous-exécutions chroniques". Pour sa première intervention, le rapporteur spécial nommé récemment à la commission des Finances pour le budget Outre-mer, a clairement affiché son adhésion aux orientations du ministre, saluant au passage "son engagement et son dévouement à nos océans de France".

"Question centrale et récurrente" selon Georges Patient, son confrère de Guyane, la "sous-consommation" des enveloppes, faute notamment d’ingénierie locale, entraîne cependant des "baisses de 5 millions d’euros des crédits propres au logement". Si Sébastien Lecornu a reconnu une part de responsabilité de l’Etat, il a pointé "le rôle des porteurs de projets".

"Il faut savoir dire merci et arrêter de se plaindre"

Volant à son secours, le sénateur polynésien a rappelé que "les outre-mer ne sont ni des enfants trop gâtés, ni des oubliés de la République", ajoutant que les terres ultramarines sont certes "lointaines et isolées, mais pas esseulées."  Il a également mis en garde contre "la division des énergies". "Plutôt que de joute verbale décapante, il nous faut relever le défi de l'efficacité et de l’efficience des moyens déployés par l'Etat." Preuve que le gouvernement polynésien s'inscrit sur cette ligne, celui qui est aussi vice-président du Tapura Huiraatira va jusqu'à citer son président, Edouard Fritch : "Il faut savoir dire merci et arrêter de se plaindre."

Un discours qui tranche particulièrement avec le coup de gueule de sa consœur, Lana Tetuanui, la semaine dernière. "Quand ça arrange certains, les outre-mers c'est la France. Quand les petits territoires ultramarins demandent la solidarité nationale, y a plus personne. (…) On a raclé tous nos fonds de tiroirs, les PGE, ce sont des prêts qu'il faudra rembourser ! s'impatiente la sénatrice. Qu'est-ce que c'est 250 millions dans un plan de relance de 100 milliards d'euros ? On a payé le prix fort quand même pour la grandeur de cette nation."

Si Teva Rohfriscth reconnaît des "retards de paiement", il souligne que le "défi au-delà de la course au crédit est de gagner la bataille de l'efficacité dans un partenariat franc et constructif", invitant "le Sénat à adopter ces crédits et l'Etat à les exécuter avec nos collectivités".
 

Rédigé par Esther Cunéo le Jeudi 3 Décembre 2020 à 18:45 | Lu 2192 fois