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200 élèves de Gauguin seront testés pour la tuberculose


Hier soir, plus d'une centaine de parents inquiets a pu poser des questions aux responsables sanitaires et aux médecins, qui les ont rassurés. La tuberculose se dépiste et se soigne, il faut juste suivre la procédure pour arrêter la chaine de transmission de la bactérie.
Hier soir, plus d'une centaine de parents inquiets a pu poser des questions aux responsables sanitaires et aux médecins, qui les ont rassurés. La tuberculose se dépiste et se soigne, il faut juste suivre la procédure pour arrêter la chaine de transmission de la bactérie.
PAPEETE, le 25 septembre 2018 - Un cas de tuberculose détecté au lycée Paul Gauguin va déclencher une grande enquête de dépistage dans l'établissement. Ce sont autour de 200 adolescents et adultes qui vont être testés pour la maladie, une procédure de trois mois qui inclut une radio des poumons.

Le 14 septembre, un patient malade depuis plus d'un an a finalement été diagnostiqué : tuberculose pulmonaire. Le malade a été immédiatement hospitalisé et placé sous traitement antibiotique. Aujourd'hui il va mieux. Par contre ce diagnostic a conduit à une grande mobilisation du bureau de veille sanitaire et des autorités de lutte contre les épidémies. La tuberculose pulmonaire est très contagieuse et ce patient est "un élève ou un professeur" du lycée Paul Gauguin de Papeete, le deuxième plus grand établissement scolaire du territoire... Ça laisse craindre que d'autres élèves, professeurs ou salariés du lycée aient été contaminés. Heureusement, le temps de développement de la maladie est très long et elle se soigne efficacement. Il s'agit juste de trouver ces éventuels nouveaux cas et de les traiter avant qu'ils ne deviennent contagieux à leur tour.

>>> Voir notre article Un cas de tuberculose au lycée Gauguin

C'est pour cette raison que lundi soir, dès le retour des vacances, une centaine de parents d'élèves du lycée Gauguin étaient convoqués à une réunion d'information. Le bureau de veille sanitaire, des médecins épidémiologistes, la proviseure du lycée ainsi que la Direction générale de l'éducation et des enseignements ont fait le point sur la situation. Ils leur ont expliqué les démarches qu'il faudra suivre. Ils ont surtout répondu aux nombreuses questions des parents, inquiets pour leurs enfants.

Déjà, pour les rassurer, les officiels ont expliqué ce cas particulier n'a rien d'exceptionnel puisque la tuberculose est endémique en Polynésie, avec 50 à 60 nouveaux cas par an. À chaque fois, la famille, les collègues et les proches du patient doivent être dépistés. Quand des enfants sont touchés, ces enquêtes touchent aussi les établissements scolaires. Ces dernières années, des écoles primaires, des collèges et des lycées de toute la Polynésie ont vu débarquer le bureau de veille sanitaire pour cette raison. Donc le cas du lycée Gauguin n'est pas inhabituel... La différence, c'est l'échelle : chaque classe et chaque adulte qui a été en contact proche avec le patient devra être dépisté, ce qui représente 200 personnes dans le deuxième plus grand lycée de Polynésie (et le plus grand établissement scolaire tout court si l'on inclut le collège de Tipaerui voisin, avec qui le lycée partage sa cantine).

Si aucun nouveau cas n'est détecté, le lycée sera déclaré libre de la tuberculose en janvier. Si des cas secondaires apparaissent, de nouvelles enquêtes de dépistage seront lancées. Il y a aussi une possibilité qu'avec tous ces tests, de nouveaux patients qui auraient été contaminés dans leur milieu familial soient découverts, sans aucun lien avec l'affaire en cours... Au moins ils recevront un traitement immédiatement.

SURVEILLER LES SYMPTOMES MAIS NE PAS PANIQUER

En pratique, les dépistages au lycée Gauguin commenceront le 15 octobre. Les élèves concernés seront transportés par classe entière, en trucks, jusqu'aux médecins mobilisés pour le test. Les élèves recevront une "petite piqure pour leur injecter un fragment des protéines de la bactérie, ce qu'on appelle un test d'intradermo-réaction. Trois jours après, les patients qui auront déjà été en contact avec la bactérie montreront une réaction allergique à l'endroit de la piqure, et on saura qu'ils sont malades" a expliqué le docteur Lam Nguyen, responsable du centre des maladies infectieuses et tropicales. Mais le dépistage ne s'arrêtera pas là puisque les élèves devront aussi passer une radio des poumons, puis repasser le test d'intradermo-réaction en janvier. Ce n'est que là qu'ils sauront définitivement s'ils ont échappé à la maladie.

Ceux qui auraient été contaminés n'ont pas s'inquiéter. Tant qu'ils ne toussent pas, ils n'ont pas pu contaminer leurs proches. S'ils ne présentent aucun symptôme, un traitement antibiotique de trois mois les débarrassera de la bactérie et évitera qu'ils développent la maladie plus tard. Par contre les patients plus atteints devront suivre un traitement lourd, de six mois, avec quatre antibiotiques différents. Un traitement à bien prendre jusqu'au bout, pour éviter la rechute et le développement de bactéries résistantes aux traitements.

En attendant, le docteur Nguyen rappelle à tous la liste des symptômes de la tuberculose, qui doivent vous alerter et vous inciter à immédiatement consulter un médecin :
- Fièvre légère qui dure plus d'une semaine
- Toux avec ou sans crachats de sang, qui ne disparaît pas
- Sueurs la nuit
- Perte de poids, fatigue générale qui dure...

Docteur Lam Nguyen, responsable du centre des maladies infectieuses et tropicales

Tout le monde est curieux de connaitre l'identité du premier malade, mais pour vous ce n'est pas la question aujourd'hui...
Oui, la question n'est pas de savoir qui c'est, puisque l'on sait que la tuberculose pulmonaire se transmet de personne humaine à personne humaine. Il n'y a pas de réservoirs animaux. Donc à chaque fois, c'est le même scénario : une personne malade affecte d'autres personnes, et ça se propage. Donc connaitre la 'personne index' n'a pas d'intérêt en tant que soit. Ça n'a d'intérêt que pour nous, l'équipe d'investigation, et nous sommes tenus au secret médical.

En plus de ça, en pointant du doigt la personne source, on risque de le stigmatiser inutilement et ça peut même dissuader les autres personnes malades de venir chercher de l'aide. Donc non, il ne faut pas chercher à savoir qui c'est.

Aujourd'hui comment ce premier patient est-il soigné ?
Le patient est isolé à l'hôpital. On fait tout pour éviter de contaminer d'autres personnes. Nous voulons stériliser rapidement la personne au niveau bactériologique, de sorte à ce qu'elle puisse mener de nouveau sa vie normale sans aucun risque pour son entourage. On les garde deux à trois semaines avec un traitement antibiotique.

L'épidémie à Gauguin est-elle entièrement circonscrite ?
Pour l'instant on ne sait pas encore, on va voir avec cette enquête.



Marine Giard, responsable du bureau de veille sanitaire

"Une grippe ne dure que sept jours, donc au bout de trois semaines il faut penser à la tuberculose et aller voir un médecin"

Ces cas de tuberculose en milieu scolaire sont donc finalement assez courants ?
Heureusement pour nous ce n'est pas si fréquent, mais nous avons déjà fait des dépistages de la maternelle jusqu'à l'université... La procédure est rodée.

Si tout le monde joue le jeu du dépistage, l'épidémie sera-t-elle très vite circonscrite ?
Alors on ne parle pas d'épidémie. Là, pour l'enquête qui nous concerne, on a un seul cas. En Polynésie on parle d'endémie, car il y a 50 à 60 cas par an. On ne pourra parler d'épidémie que si on découvre d'autres cas autour de celui-là. Donc pour l'instant c'est un cas isolé... Mais c'est une maladie qui se transmet de personne à personne, donc il y a bien quelqu'un qui l'a contaminé. Pour tous les cas polynésiens, c'est une chaine de transmission continue. Il y a ceux que l'on diagnostique et que l'on traite, et il y a tous ceux qu'on ne diagnostique pas et qui participent à la transmission...

Hier nous publiions que c'est un élève qui a contaminé un enseignant, pouvez-vous confirmer ?
Je ne peux ni confirmer, ni infirmer ces informations-là. Par contre, pendant notre enquête nous allons non seulement essayer de trouver les personnes qui auraient pu être contaminées par le patient récemment diagnostiqué, mais nous allons aussi essayer de trouver la personne source qui l'avait lui-même contaminé. Donc il y a cette enquête en milieu scolaire, mais aussi une enquête en milieu familial. La plupart du temps, ce sont des transmissions familiales.

Après l'enquête de diagnostic, si personne d'autre n'a été contaminé dans le lycée, vous pourrez lever le dispositif en janvier ?
Oui. Et si jamais il y a des cas secondaires, on refait la même chose avec ces nouveaux cas. On ré-établit le cercle de contacts autour des cas secondaires.

Le traitement est très lourd ?
Oui, il faut prendre quatre antibiotiques pendant deux mois, puis deux antibiotiques pendant quatre mois. Donc le traitement dure six mois en tout. C'est un traitement qui est efficace quand il est bien pris, on guérit de la tuberculose la plupart du temps. Mais quand il est mal pris ou arrêté, la bactérie continue de se développer et peut devenir résistante au traitement.

Quand on parle de maladie contagieuse dans un milieu confiné comme un lycée, ça provoque tout de suite de vives inquiétudes. Pouvez-vous nous assurer que tout va bien se passer ?
Oui. On a eu une question qui ne m'a pas du tout étonné, qui était "est-ce que c'est un cas importé de France". On voit que la tuberculose est méconnue en Polynésie, et fait donc peur. C'est donc vraiment bien d'en parler, car la tuberculose circule toujours en Polynésie. L'objectif n'est pas du tout de paniquer la population. L'objet de cette réunion était de rassurer les parents, parce que la tuberculose, ça se dépiste et ça se traite. Mais il faut faire tout le travail que nous avons présenté pour casser les chaines de transmission.

Car il faut que tout le monde sache bien que la tuberculose circule en Polynésie et que n'importe qui peut être touché. Il faut que la population soit vigilante, et que le gents y pensent quand ils ont des signes qui durent plus de trois semaines. Donc qu'ils toussent, qu'ils transpirent la nuit, qu'ils aient un peu de fièvre le soir, qu'ils maigrissent ou qu'ils crachent éventuellement. Une grippe ne dure que sept jours, donc au bout de trois semaines il faut penser à la tuberculose et aller voir un médecin.


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 25 Septembre 2018 à 15:32 | Lu 1339 fois