Cette photo est un document précieux : il montre Karl von den Steinen en Europe avec, à côté de lui, un tiki en bois d’arbre à pain qu’il avait acheté en France et qui arbore un collier de dents de cachalot ayant une singulière histoire. L’ethnologue les avait achetées avant son départ pour les Marquises dans le but de les échanger contre des objets. Mais malheureusement pour lui, à la fin du XIXe siècle, plus personne aux Marquises ne s’intéressait à ces dents jadis si précieuses et il les ramena en Allemagne où il confectionna ce collier pour son tiki.
PAPEETE, le 21 juin 2019. Quand on évoque Karl von den Steinen dans le Pacifique, on pense immanquablement aux îles Marquises, dont on peut légitimement penser que cet Allemand a sauvé ce qui pouvait encore l’être du patrimoine culturel de la Terre des Hommes. Mais si on replace le séjour aux Marquises de ce scientifique dans son contexte, on comprend vite qu’il n’y a passé finalement que six mois sur une vie de soixante-quatorze ans quand même. Comment cet homme a-t-il donc pu faire tant en un semestre de labeur ?
Si l’on vous dit Die Marquesaner und ihre Kunst : Studien über die Entwicklung primitiver Südseeornamentik nach eigenem Reiseergebnissen und dem Material der Museum » 3 vol., Berlin : D. Reimer (E. Vohsen) 1925, il y a peu de chances, sauf à ce que vous soyez germanophile, de capter votre attention. 1925 en effet est l’année au cour de laquelle Karl von den Steinen fit publier le premier des trois tomes de son monumental travail consacré aux îles Marquises, archipel qu’il avait sillonné six mois, vingt-huit ans auparavant. Vingt-huit ans pour écrire trois livres, cela peut sembler beaucoup ; mais en réalité, le semestre de ce « Charles des Pierres » (si l’on traduit en français son nom) passa aux Marquises ne fut que le préambule d’un énorme, un invraisemblable travail de recensement et de description de toutes les pièces, de toutes les archives conservées par les musées du monde concernant l’ancienne civilisation marquisienne.
Si l’on vous dit Die Marquesaner und ihre Kunst : Studien über die Entwicklung primitiver Südseeornamentik nach eigenem Reiseergebnissen und dem Material der Museum » 3 vol., Berlin : D. Reimer (E. Vohsen) 1925, il y a peu de chances, sauf à ce que vous soyez germanophile, de capter votre attention. 1925 en effet est l’année au cour de laquelle Karl von den Steinen fit publier le premier des trois tomes de son monumental travail consacré aux îles Marquises, archipel qu’il avait sillonné six mois, vingt-huit ans auparavant. Vingt-huit ans pour écrire trois livres, cela peut sembler beaucoup ; mais en réalité, le semestre de ce « Charles des Pierres » (si l’on traduit en français son nom) passa aux Marquises ne fut que le préambule d’un énorme, un invraisemblable travail de recensement et de description de toutes les pièces, de toutes les archives conservées par les musées du monde concernant l’ancienne civilisation marquisienne.
Un quart de siècle de recherches
Karl von den Steinen alors au sommet de sa gloire. Il a à peine plus de quarante ans et son travail au Brésil l’a rendu célèbre.
Sur place, den Steinen avait entamé un très riche inventaire ethnologique de ce qui subsistait du passé des Marquisiens, mais le chercheur comprit vite que nombre des questions qu’il se posait trouvaient leur réponse dans les collections publiques et privées d’Europe et des Etats-Unis. Aussi entama-t-il avec une ardeur extraordinaire (compte tenu de la lenteur des moyens de communication d’alors) un inventaire de tout ce que les « hommes blancs » avaient pu ramener de leurs passages successifs dans cet archipel polynésien isolé. Pour cela, rédigeant au fur et à mesure ses descriptions, il fallut plus d’un quart de siècle à den Steinen pour faire la synthèse de ses travaux. Travaux aujourd’hui accessibles à tous puisque son œuvre a été traduite en français et que ses trois tomes se trouvent dans toutes les bonnes librairies et sur internet.
Psychiatre globe-trotter
Cette tête de tiki a été ramenée en Allemagne par von den Steinen ; elle provient sans doute du site de Puamau ; y reviendra-t-elle un jour ?
Mais revenons au passé de ce personnage hors du commun, qui demeure, dans l’histoire de l’ethnologie non pas comme un spécialiste des Marquises, mais comme un très grand nom de l’ethnologie au Brésil.
Le petit Karl, orphelin de mère très jeune, avait vu le jour le 7 mars 1855 à Mülheim an der Ruhr.
Elevé par ses grands-parents, dans une ambiance studieuse, il entra à l’université dès dix-sept ans pour devenir médecin, diplôme qu’il obtint à l’âge de vingt ans, étant passé par Bonn, Zurich et Strasbourg. La médecine, à l’époque, poussait de nouvelles portes, explorait de nouveaux domaines, aussi se spécialisa-t-il en 1878 dans la naissante psychiatrie, travaillant ensuite à l’hôpital universitaire de Berlin.
Sa voie paraissait toute tracée, mais le jeune homme était d’une curiosité insatiable ; pas question de ronronner sur place, il lui fallait parcourir le monde et il partit ainsi à la découverte de la psychiatrie pendant trois ans, de 1879 à 1881, dans plusieurs pays. Une exploration du globe et des maladies mentales qui l’amena dans le Pacifique, entre autres en Nouvelle-Zélande, aux Samoa, à Hawaii où il rencontra l’homme qui allait radicalement changer sa vie, Adolf Bastian.
Le petit Karl, orphelin de mère très jeune, avait vu le jour le 7 mars 1855 à Mülheim an der Ruhr.
Elevé par ses grands-parents, dans une ambiance studieuse, il entra à l’université dès dix-sept ans pour devenir médecin, diplôme qu’il obtint à l’âge de vingt ans, étant passé par Bonn, Zurich et Strasbourg. La médecine, à l’époque, poussait de nouvelles portes, explorait de nouveaux domaines, aussi se spécialisa-t-il en 1878 dans la naissante psychiatrie, travaillant ensuite à l’hôpital universitaire de Berlin.
Sa voie paraissait toute tracée, mais le jeune homme était d’une curiosité insatiable ; pas question de ronronner sur place, il lui fallait parcourir le monde et il partit ainsi à la découverte de la psychiatrie pendant trois ans, de 1879 à 1881, dans plusieurs pays. Une exploration du globe et des maladies mentales qui l’amena dans le Pacifique, entre autres en Nouvelle-Zélande, aux Samoa, à Hawaii où il rencontra l’homme qui allait radicalement changer sa vie, Adolf Bastian.
Pacifique Sud et Antarctique
Ce dernier, citoyen allemand né en 1826, peut être considéré comme le père de deux sciences nouvelles alors, l’ethnologie et l’anthropologie. Célèbre dans la seconde moitié du XIXe siècles pour ses récits et ses initiatives visant à faire reconnaître ces deux sciences, Bastian avait entrepris de nombreux voyages, notamment dans le Pacifique où sa route croisa celle du jeune et curieux Karl von den Steinen.
Fondateur de la Société berlinoise d’anthropologie, d’ethnologie et de préhistoire (Berliner Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Ungerschichte), coéditeur du journal de la société, le Zeitschrift für Ethnologie, également à la tête de la Société royale géographique d'Allemagne, Bastian était un savant universel, médecin, écrivain, géographe, et cette rencontre fut décisive pour den Steinen.
Ebloui par ces disciplines qu’il ne connaissait que fort peu, le jeune médecin allemand poursuivit son périple dans le Pacifique en se rendant notamment aux îles Salomon, où il collecta de nombreux objets, tentant de mieux comprendre ces peuples dits primitifs. En 1882 et 1883, l’Allemagne organisa une expédition savante au sud de la Georgie (Antarctique) et den Steinen fit partie de l’aventure polaire. A son retour du grand sud, il quitta l’expédition en décidant de s’installer en Uruguay, car c’est là, il le savait, il le sentait, qu’il pourrait réellement s’affirmer et vivre sa passion pour l’ethnologie. Montevideo était déjà une grande ville, comptant beaucoup d’Allemands et den Steinen n’y était pas perdu. Dès 1884, il décida de se lancer dans le grand bain et partit pour le Brésil, plus exactement en pleine Amazonie, afin d’y explorer les sources de la rivière Xingu. Il la redescendit sur 2 200 km, parvint à Belem et revint par Rio de Janeiro où l’empereur du Brésil le reçut.
Fondateur de la Société berlinoise d’anthropologie, d’ethnologie et de préhistoire (Berliner Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Ungerschichte), coéditeur du journal de la société, le Zeitschrift für Ethnologie, également à la tête de la Société royale géographique d'Allemagne, Bastian était un savant universel, médecin, écrivain, géographe, et cette rencontre fut décisive pour den Steinen.
Ebloui par ces disciplines qu’il ne connaissait que fort peu, le jeune médecin allemand poursuivit son périple dans le Pacifique en se rendant notamment aux îles Salomon, où il collecta de nombreux objets, tentant de mieux comprendre ces peuples dits primitifs. En 1882 et 1883, l’Allemagne organisa une expédition savante au sud de la Georgie (Antarctique) et den Steinen fit partie de l’aventure polaire. A son retour du grand sud, il quitta l’expédition en décidant de s’installer en Uruguay, car c’est là, il le savait, il le sentait, qu’il pourrait réellement s’affirmer et vivre sa passion pour l’ethnologie. Montevideo était déjà une grande ville, comptant beaucoup d’Allemands et den Steinen n’y était pas perdu. Dès 1884, il décida de se lancer dans le grand bain et partit pour le Brésil, plus exactement en pleine Amazonie, afin d’y explorer les sources de la rivière Xingu. Il la redescendit sur 2 200 km, parvint à Belem et revint par Rio de Janeiro où l’empereur du Brésil le reçut.
Une renommée internationale
Première expédition aux sources de la rivière Xingu en 1883. Steinen est à droite, avec deux collègues allemands.
L’Allemand avait compris que l’ethnologie ne se limitait pas à la collecte d’objets ; certes, il en ramènera de très nombreux en Allemagne en 1885 (il les revendit au musée d’ethnologie de Berlin), mais il fit l’effort, durant ce premier séjour en forêt, de s’initier aux langages des tribus rencontrées.
Un livre plus tard (Durch Central-Brasilien), le voilà repartit sur le cours de la Xingu en 1887 où il s’immerge littéralement parmi les Indiens de la région pour en livrer, en Allemagne, les éléments permettant de comprendre ces peuples isolés.
A l’époque, cette approche humaniste est quelque peu révolutionnaire et lui vaut une grande célébrité, à la manière de l’hivernage, bien plus tard, d’un Paul-Emile Victor au Groenland. Sa renommé est si grande qu’il est fait docteur honoris causa de l’université de Halle et qu’il est élu président de la Société géographique de Berlin. En 1894, il publie ce qui reste son œuvre magistrale concernant l’Amazonie, Unter den Naturvölkern Central-Brasiliens. Il a alors trente-neuf ans seulement, et règne sur le musée d’ethnologie de Berlin. Jusqu’en 1906, il demeurera enseignant au plus haut niveau dans son pays connu et reconnu par ses pairs multipliant titres et fonctions.
Un livre plus tard (Durch Central-Brasilien), le voilà repartit sur le cours de la Xingu en 1887 où il s’immerge littéralement parmi les Indiens de la région pour en livrer, en Allemagne, les éléments permettant de comprendre ces peuples isolés.
A l’époque, cette approche humaniste est quelque peu révolutionnaire et lui vaut une grande célébrité, à la manière de l’hivernage, bien plus tard, d’un Paul-Emile Victor au Groenland. Sa renommé est si grande qu’il est fait docteur honoris causa de l’université de Halle et qu’il est élu président de la Société géographique de Berlin. En 1894, il publie ce qui reste son œuvre magistrale concernant l’Amazonie, Unter den Naturvölkern Central-Brasiliens. Il a alors trente-neuf ans seulement, et règne sur le musée d’ethnologie de Berlin. Jusqu’en 1906, il demeurera enseignant au plus haut niveau dans son pays connu et reconnu par ses pairs multipliant titres et fonctions.
« Un demi-siècle trop tard » aux Marquises
Une fête de la mort chez les Indiens Bororo, telle que décrite par von den Steinen, premier homme blanc à approcher ces Indiens amazoniens.
C’est durant cette période, la plus faste de sa carrière, que Karl von den Steinen se vit confier la mission, par le musée de Berlin, de mener une étude durant six mois aux Marquises, archipel qu’il abordera avec la même curiosité humaniste que les tribus amazoniennes. Il n’en reviendra pas indemne, c’est le moins que l’on puisse affirmer, puisqu’il consacra une très large partie du reste de sa vie (il s’éteignit le 4 novembre 1929, à l’âge de 74 ans) à recenser tous les objets marquisiens existant dans le monde.
Très concrètement, il s’embarqua en 1897 pour le Canada ; après une escale à Vancouver, il gagna San Francisco, en pleine fièvre à cause de la ruée vers l’or. De là, il embarqua sur une petite goélette, le City of Papeete, qui le déposa, vingt jours plus tard, à Nuku Hiva.
Von Steinen, lorsqu’il était passé aux Salomon, avait fait trois constats : derrière les objets, il y avait des hommes ; ceux-ci, face aux blackbirders destinant leur main d’œuvre aux plantations des Fidji et du Queensland surtout ne faisaient pas le poids ; ces groupes humains, désunis, désarmés, vulnérables aux maladies importées allaient finir par disparaître ; un triple constat qu’il refit sur les rives de la Xingu au Brésil, là où il rencontra des tribus n’ayant jamais vu ni même soupçonné l’existence des hommes blancs.
Aux Marquises, l’ethnologue fit un constat plus amer : il arrivait trop tard « environ un demi-siècle trop tard » expliqua-t-il ! Du peuple marquisien ne restaient plus que quelques ombres. Un siècle de contacts avec les Européens, explorateurs, santaliers, baleiniers, colons, religieux, avait littéralement « nettoyé » les Marquises de sa population d’origine (plus de soixante-dix mille âmes probablement, ramenées au nombre de deux à trois mille) ; outre la population, les objets caractérisant cette culture insulaire avaient, eux aussi, été razziés, échangés contre des armes ou de l’alcool.
Très concrètement, il s’embarqua en 1897 pour le Canada ; après une escale à Vancouver, il gagna San Francisco, en pleine fièvre à cause de la ruée vers l’or. De là, il embarqua sur une petite goélette, le City of Papeete, qui le déposa, vingt jours plus tard, à Nuku Hiva.
Von Steinen, lorsqu’il était passé aux Salomon, avait fait trois constats : derrière les objets, il y avait des hommes ; ceux-ci, face aux blackbirders destinant leur main d’œuvre aux plantations des Fidji et du Queensland surtout ne faisaient pas le poids ; ces groupes humains, désunis, désarmés, vulnérables aux maladies importées allaient finir par disparaître ; un triple constat qu’il refit sur les rives de la Xingu au Brésil, là où il rencontra des tribus n’ayant jamais vu ni même soupçonné l’existence des hommes blancs.
Aux Marquises, l’ethnologue fit un constat plus amer : il arrivait trop tard « environ un demi-siècle trop tard » expliqua-t-il ! Du peuple marquisien ne restaient plus que quelques ombres. Un siècle de contacts avec les Européens, explorateurs, santaliers, baleiniers, colons, religieux, avait littéralement « nettoyé » les Marquises de sa population d’origine (plus de soixante-dix mille âmes probablement, ramenées au nombre de deux à trois mille) ; outre la population, les objets caractérisant cette culture insulaire avaient, eux aussi, été razziés, échangés contre des armes ou de l’alcool.
Ramener le passé à la surface
Un marae marquisien ; la photo date de 1909 et a été prise par Louis Grélet. Les crânes ont été disposés artificiellement, comme pour une mise en scène volontairement morbide et « sauvage ».
Que pouvait-il faire face à ce désastre ? Les Allemands ne sont pas gens à baisser les bras. Von den Steinen décida courageusement de faire avec ce qu’il avait ; les rares témoins, les rares personnes à se souvenir, il allait les interroger inlassablement, mais toujours avec douceur. Il lui fallait ramener à la surface un passé qui disparaissait au fil des jours. Le tatouage, par exemple, était une des caractéristiques essentielles de la culture de ce peuple, les tatouages jouant le rôle de véritable carte d’identité du porteur. A défaut de les voir sur des jeunes, il copia les motifs que les anciens survivants arboraient. Idem avec les objets de la vie courante ou ceux, plus précieux et plus rares des cultes anciens. Idem avec la langue, avec les légendes, avec les savoirs.
Ce bouleversant travail de fourmi, von den Steinen n’allait pas l’arrêter en montant à bord du bateau qui le ramènerait à Tahiti, puis en Nouvelle-Zélande : le chercheur souhaitait en effet maîtriser les canons de l’art maori pour mieux comprendre et interpréter l’art marquisien.
A son retour en Allemagne, den Steinen n’avait alors que quarante-trois ans. Il réintégra l’Allemagne, ses musées, ses universités, ses cercles scientifiques jusqu’en 1906.
Ce bouleversant travail de fourmi, von den Steinen n’allait pas l’arrêter en montant à bord du bateau qui le ramènerait à Tahiti, puis en Nouvelle-Zélande : le chercheur souhaitait en effet maîtriser les canons de l’art maori pour mieux comprendre et interpréter l’art marquisien.
A son retour en Allemagne, den Steinen n’avait alors que quarante-trois ans. Il réintégra l’Allemagne, ses musées, ses universités, ses cercles scientifiques jusqu’en 1906.
Tous les musées passés au crible
Très beau portrait en héliogravure du jeune von den Steinen à son retour de l’Amazonie brésilienne. Deux expéditions lui valurent une fantastique renommée à son époque.
TMais à cinquante et un ans, il décida de cesser de travailler « académiquement » parlant pour ne plus se consacrer qu’à la poursuite de son travail sur les Marquises, en effectuant un recensement des pièces marquisiennes ramenées en Occident, leur mise en perspective, leur « traduction », entendez leur fonction usuelle ou rituelle.
Pour cela, il visita tous les musées d’Europe, même les plus modestes en province et ceux des Etats-Unis.
Par ce travail méthodique de fourmi, Karl von den Steinen fit sortir les objets marquisiens du domaine des cabinets de curiosités pour en révéler au monde la véritable dimension, esthétique, culturelle et cultuelle.
Son travail, colossal, comparable à aucun autre, lui permit en 1925 de publier le tome I puis en 1928 pour les tomes II et III de son œuvre de référence sur la Terre des Hommes.
Il continua à se passionner pour l’ethnologie, mais sa mission accomplie, il s’éteignit en 1929, sa maison étant toujours restée ouverte à tous les jeunes chercheurs qui désiraient le rencontrer.
Pour cela, il visita tous les musées d’Europe, même les plus modestes en province et ceux des Etats-Unis.
Par ce travail méthodique de fourmi, Karl von den Steinen fit sortir les objets marquisiens du domaine des cabinets de curiosités pour en révéler au monde la véritable dimension, esthétique, culturelle et cultuelle.
Son travail, colossal, comparable à aucun autre, lui permit en 1925 de publier le tome I puis en 1928 pour les tomes II et III de son œuvre de référence sur la Terre des Hommes.
Il continua à se passionner pour l’ethnologie, mais sa mission accomplie, il s’éteignit en 1929, sa maison étant toujours restée ouverte à tous les jeunes chercheurs qui désiraient le rencontrer.
A lire
Les trois tomes de von den Steinen, réédités par « Au vent des îles » et le Musée de Tahiti et des îles, des ouvrages incontournables pour qui s’intéresse aux Marquises.
Les trois ouvrages que nous recommandons ont été édités une première fois en 2008 par le Musée de Tahiti et des îles et la maison d’éditions Le Motu, une seconde fois (plus récemment, en 2016) par la maison d’édition Au vent des îles, en partenariat avec le Musée de Tahiti et des îles.
- Les Marquisiens et leur art. Tome I : le tatouage
- Les Marquisiens et leur art. Tome II : l’ornementation primitive des Mers du Sud (plastique)
- Les Marquisiens et leur art. Tome III : l’ornementation primitive des Mers du Sud (les collections)
- Les Marquisiens et leur art. Tome I : le tatouage
- Les Marquisiens et leur art. Tome II : l’ornementation primitive des Mers du Sud (plastique)
- Les Marquisiens et leur art. Tome III : l’ornementation primitive des Mers du Sud (les collections)
« Premières amours ! »
Voici les premières lignes d’introduction de Karl von den Steinen à ses trois ouvrages consacrés aux Marquises : « On revient toujours à ses premières amours ! Alors que j’étais jeune médecin, les impressions les plus fortes et les plus vivaces rapportées d’un voyage autour du monde qui m’avait conduit au Mexique, en Californie, au Japon, à Java, aux indes et en Egypte furent, sans conteste, celles des îles polynésiennes où l’homme et la nature vivent dans la beauté et l’harmonie comme nulle part ailleurs dans le monde ».
Plus loin, il écrira à propos de son exploration systématique aux Marquises : « passant d’une vallée à l’autre par les crêtes des montagnes, tous les villages des six îles habitées, j’y ai perdu vingt kilos… J’ai noté les paroles des chants et des généalogies qui remontent à la nuit des temps … Mon intérêt personnel me portait vers ces récits sacrés de la patrie d’origine, de la Polynésie centrale et d’autres îles éloignées. »
Plus loin, il écrira à propos de son exploration systématique aux Marquises : « passant d’une vallée à l’autre par les crêtes des montagnes, tous les villages des six îles habitées, j’y ai perdu vingt kilos… J’ai noté les paroles des chants et des généalogies qui remontent à la nuit des temps … Mon intérêt personnel me portait vers ces récits sacrés de la patrie d’origine, de la Polynésie centrale et d’autres îles éloignées. »