Charles Guillain fut un gouverneur pragmatique. Lorsqu’il prit ses fonctions en 1862, le Caillou n’était pas encore un bagne, la population d’origine européenne se comptait en centaines d’habitants seulement, les indigènes étaient loin d’être pacifiés et enfin les ressources de cette vaste terre demeuraient embryonnaires.
“On n’attire pas les mouches avec du vinaigre”, Charles Guillain en était convaincu et compte tenu du développement de la Californie, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie après la découverte d’or en quantité, le gouverneur se dit qu’après tout, une bonne ruée vers l’or en Nouvelle-Calédonie mettrait de l’argent dans les caisses de la colonie et surtout attirerait des milliers de prospecteurs qui permettraient ainsi d’occuper le terrain face à des tribus canaques loin d’être convaincu des bienfaits de la civilisation.
Un détail restait toutefois à régler, il fallait susciter des prospections un peu partout et pour cela donner envie aux chercheurs d’or de venir tenter l’aventure sur le Caillou pas vraiment réputé pour son sens de l’accueil. Tout le monde avait encore en mémoire le massacre, quelques années plus tôt, de sept chercheurs d’or dans les environs de Canala. Une expédition punitive fut d’ailleurs menée après le drame avec le navire La Bayonnaise... Autre détail, de l’or, il fallait en trouver en grande quantité. Ce qui n’était pas gagné.
Guillain pourtant avait confiance, car certains apprentis géologues d’alors avaient prophétisé que s’il y avait de l’or à profusion en Australie et en Nouvelle-Zélande, il devait obligatoirement en être de même en Nouvelle-Calédonie, puisque ces trois territoires étaient, disaient-ils bien naïvement, les parties émergées d’une seule et même structure géologique (ce qui est, évidemment, totalement faux...).
Bref, Guillain voulait y croire et pour cela, il décida d’employer les grands moyens. Non seulement les portes de la Nouvelle-Calédonie étaient grandes ouvertes pour tous les prospecteurs, mais en outre, le gouverneur promit une prime alléchante de 50 000 Francs à celui ou ceux qui mettraient au jour le premier filon exploitable, cadeau assorti d’une concession en pleine propriété de vingt-cinq hectares. Difficile de faire mieux...
Avant de parler de l’or calédonien, revenons en arrière pour comprendre qui était ce Charles Guillain si décidé à développer le territoire placé sous sa responsabilité.
Le petit Charles avait vu le jour le 19 mai 1808 à Lorient, son père travaillant à fournir en vivres la marine. Le jeune enfant eut donc très tôt les yeux tournés vers la mer et c’est ainsi qu’en 1822, il étudia au collège de la marine à Angoulême, avant d’embarquer en 1825 pour le Proche-Orient. Passé aspirant en 1826, il se retrouva au cœur de la bataille de Navarin, épisode qui mit en scène les forces britanniques, françaises et russes contre les Turcs Ottomans. Il s’agissait alors d’aider la Grèce à accéder à son indépendance.
En 1828, il fut nommé enseigne de vaisseau et accumula les déplacements : Terre-Neuve, Alger, Brésil, Argentine. En 1835, il était promu lieutenant de vaisseau, ce qui lui permit d’être commandant en second de La Prévoyante ; il navigua au Sénégal, puis à La Réunion ; il devint ensuite commandant en titre de La Prévoyante, ce qui lui donna l’opportunité de sillonner durant trois ans les eaux de l’océan Indien.
Remontant en 1840 en mer Rouge, redescendant à Madagascar, notre homme était sur tous les fronts, ce qui lui valut de devenir capitaine de corvette en 1842, capitaine de frégate en 1848 et capitaine de vaisseau en 1850.
En 1846, il fut amené à explorer l’Afrique du Sud, et c’est sans doute là que son goût pour ce qu’on commençait à appeler l’ethnologie naquit, puisqu’il consacra du temps à l’étude des peuples Swahili et Somali. Ce voyage avait un caractère scientifique et Guillain participa activement à ce type de recherches, ce qui lui valut peu de temps après de quitter la mer. De 1856 à 1861, il fut en effet en poste à terre, commandant la division des équipages de ligne à Lorient ; mais en 1858, tout bascula lorsqu’il fut nommé membre de la commission d’études sur l’immigration aux colonies. Il se donna alors corps et âme à son travail et produisit en 1861 un mémoire intitulé “Essai de colonisation pénale à la Nouvelle-Calédonie”.
Guillain, alors que le bagne calédonien n’existait pas encore (il vit le jour en 1864), en devint un ardent prosélyte. Mais il faisait bien la différence entre les “déportations” (pour raisons politiques) et les “transportations pénales” qui consistaient à exiler hors de la Métropole les condamnés de droit commun. Inspiré par les théories de Saint-Simon, Guillain voyait dans cette transportation un moyen de faire purger leurs peines aux condamnés et surtout de les réinsérer dans une nouvelle colonie dont ils deviendraient les plus dynamiques agents de développement.
Cet intérêt pour les colonies qui dépendaient alors du ministère de la Marine lui permit d’être tout simplement nommé, le 17 mars 1862, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie où il posa ses bagages le 1er juin 1862. Sa longévité en tant que gouverneur fut exceptionnelle, puisqu’il resta en poste sur le Caillou jusqu’au 12 mars 1870.
Fort de ses convictions de saint-simonien, il mit en place la transportation pénale, dépoussiéra la Justice locale qui en avait bien besoin, modernisa la petite ville (une bourgade alors !) de Nouméa (ex Port de France) et surtout s’intéressa de près au sort des indigènes.
Il mit en place dès 1862 un système de travail indigène basé sur des ateliers de travailleurs qui leur étaient réservés. Persuadé que c’est par l’éducation que la colonisation serait pleinement acceptée, il créa également une école indigène le 10 mars 1863 et lança en 1864 une ferme modèle à Yaté, cette société agricole devant permettre une promotion des Canaques.
Pour Guillain, la recette d’une bonne colonisation n’était pas dans l’assimilation forcée mais dans l’intégration, dans la participation des indigènes au développement de leur pays. Fidèle à ses convictions, il restait persuadé que la Nouvelle-Calédonie devait sortir d’un statut de territoire tribal et féodal pour devenir une société moderne, ouverte à tous et tournée vers le progrès.
Tout cela était bien joli sur le papier, mais Guillain se heurta à de fortes résistances de la part des Canaques et il dut mater par la force des rébellions à Bourail, Wagap, Pouébo, car tout saint-simonien qu’il était, c’est dans l’ordre et l’harmonie que les choses devaient avancer, pas dans l’anarchie et la violence...
Tout comme les Canaques devaient avoir accès à l’éducation et au modernisme, les forçats, une fois leur peine purgée, devaient eux aussi avoir une deuxième chance. En cela, Guillain multiplia les efforts pour offrir aux anciens bagnards des concessions, à charge pour eux de mettre en valeur ces bouts de terre.
Paris, de son côté, se montrait avare financièrement pour aider au développement de la colonie. Certes, Charles Guillain avait été promu gouverneur, enfin autonome par rapport à l’ancienne tutelle de Tahiti, mais pour autant, les aides financières de la France restaient maigres. Guillain savait fort bien que des rumeurs de présence d’or circulaient en permanence sur le territoire et finalement, en 1869, il décida de lancer une vaste opération de prospection, non pas en prenant sa pelle et sa pioche, mais en offrant à tout chercheur d’or découvrant un gisement exploitable une prime de 50 000 Francs et une concession de vingt-cinq hectares. Le calcul du gouverneur était simple : il fallait susciter un engouement auprès des prospecteurs et cette prime était de nature à créer des vocations. Avec deux avantages pour la colonie : de possibles revenus fiscaux tirés du commerce de l’or et un afflux important de chercheurs d’or, comme ce fut le cas en Californie, en Australie et en Nouvelle-Zélande. La traque du métal précieux était lancée, ou plutôt relancée !
La prime Guillain fit son petit effet auprès des anciens bagnards n’ayant pas le goût de remuer de la terre pour y faire pousser des légumes. Certains d’entre eux voulaient bien en brasser, de la terre, mais à condition d’en extraire de l’or, plus satisfaisant que des patates, fussent-elles douces.
Et voilà quelques aventuriers partis ici et là, un peu au petit bonheur, mais souvent dans des secteurs où, déjà dans le passé, des traces d’or avaient été mises en évidence. Certes, l’engouement n’était pas général, car tout le monde avait encore en mémoire le massacre, en 1856, de sept chercheurs d’or dans la région de Canala. La France avait bien envoyé le navire La Bayonnaise pour venger l’outrage, mais comme le disaient les ex-bagnards, cela n’avait pas rendu la vie à ceux qui s’étaient fait tuer à coups de casse-tête.
En mars 1863, une souscription avait été lancée en faveur de chercheurs d’or australiens auxquels le gouverneur d’alors accorda une escorte pour les protéger, mais les résultats de la prospection furent décevants. Le 28 juin 1863, nouveau “coup de chauffe” sur le métal précieux, le journal Le Messager annonçant la découverte d’or alluvionnaire à Pouébo. Mais là encore, il n’y aura pas de suite, le gisement étant jugé trop pauvre.
“Il n’y a pas de fumée sans feu” ; les plus décidés des prospecteurs refusaient de croire à l’absence de filon exploitable et au mois d’août 1870, quatre hommes eurent enfin la ferme conviction d’avoir touché le jackpot en ayant découvert un secteur riche en métal précieux près du village de Manghine sur la rive gauche du Diahot, site de la future mine de Fern-Hill (à proximité immédiate de la bourgade de Ouégoa ; la mine se situe à l’extrême nord-est de la Nouvelle-Calédonie).
Ils annoncèrent leur découverte le 10 septembre 1870 ; de ce fait, ils méritaient la prime Guillain et celle-ci leur fut versée le 14 décembre, après que des vérifications eurent mis en évidence le fait que le gisement de Fern-Hill, que les quatre hommes avaient déjà mis en exploitation, était effectivement suffisamment riche et prometteur.
En 1872, Alfred Rivière-Dejean publia un long rapport sur le métal précieux du Caillou, intitulé “De l’or et des terrains aurifères de la vallée du Diahot dans la Nouvelle-Calédonie”. Nous laissons la parole à cet historien de l’or en Nouvelle-Calédonie :
“Dans le courant du mois d’août 1870, quatre chercheurs d’or d’origine anglaise, MM. Victor Hook, Georges Piher, Elisée-Félicien Bailly et John Borgnis, ont trouvé à trois kilomètres du village de Manghine, et à peu de distance de la rivière du Diahot, au Mont-des-Fougères, un terrain aurifère d’une grande valeur, qui leur a permis de réclamer l'application de l’arrêté du 6 août 1869 (...).
Cet accident géologique, que les quatre Anglais ont constaté les premiers, et qui a amené la découverte d’une pépite d’or du poids de 57 grammes que M. Tonnot a remise à M. de la Richerie, gouverneur de l’île, n’est point circonscrit à cette seule colline.
Des renseignements précis nous permettent d’affirmer que le périmètre des terrains aurifères de la Nouvelle-Calédonie est très considérable. Il s’étend sur une longueur de cent vingt kilomètres, composé de deux bandes d’une largeur de dix à douze kilomètres chacune.
Les expériences déjà faites ont donné en peu de temps un rapport étonnant. L’or se trouve partout en paillettes et en pépites, mélangé à du quartz très friable, qui rend l’extraction peu laborieuse (le quartz est souvent la matrice primitive de ce métal ; dans les plaines du
Mont Alexandre (Australie), les quartz paraissent émaillés d’or pur, et comme incrustés de pépites).
La connaissance de ces découvertes a amené dans la colonie un certain nombre de mineurs anglais de l'Australie (au mois de mai dernier, on en comptait déjà trente), qui se sont mis immédiatement à l’œuvre et ont installé des machines.
Voici quelques détails sur la manière dont on opère la séparation de l’or ; les appareils usités sont :
1) Le berceau (cradie), ou crible oscillant ;
2) Le sluice, ou canal à eau courante ;
3) La batéa (sébile), ou lavage au plat ;
4) Le longtom, ou caisse dormante ;
Et les méthodes collectives, etc., etc.
Les plus employés, mais tous plus ou moins imparfaits, sont le berceau, le sluice et la batéa (ndlr : aujourd’hui appelé la batée). Au moment où nous traçons ces lignes, ils fonctionnent sur les rives du Diahot. (...)
Des renseignements particuliers ainsi que des rapports officiels très récents constatent que le rendement des terrains, manipulés dans les divers endroits de la Vallée du Diahot, varie entre minimum 900 francs et maximum 1.200 fr. d'or à la tonne (1 000 kilos).
Ce résultat, qui pourra paraître exorbitant aux yeux de quelques personnes, n’a cependant rien d’anormal, la Science établissant d’une manière indiscutable l’identité de la formation géologique de la Nouvelle-Calédonie et des autres contrées aurifères. Ce rendement est d’ailleurs à peu près le même que celui des riches placers de la Californie et de ceux particulièrement remarquables de Black-Hill, la colline noire, et la mine d’alluvion, Albion, en Australie.
Voilà donc la réalisation des paroles prophétiques que faisait entendre, en 1831, le savant docteur Clarke. Ne peut-on pas enfin dire que la Nouvelle-Calédonie va, elle aussi, entrer dans une période de riche prospérité ! Ces gold-fields (champs d'or), que nous signalons particulièrement dans la vallée du Diahot, existent aussi dans d’autres parties de l’île.
Le Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie a adressé récemment à M. le ministre de la Marine et des Colonies divers rapports constatant ce que nous avons avancé ci-dessus.
N’est-ce pas le moment, aujourd’hui que notre pauvre France a épuisé ses trésors, conséquence d’une guerre désastreuse et des exigences d’un implacable ennemi, de mettre en relief les immenses richesses de
notre belle Colonie, et d’essayer de tirer de ses entrailles
des millions qui viendraient si à propos lui créer d’opulentes ressources ?
Au risque de casser le suspense, l’aventure aurifère de nos quatre Anglais, exploitant la mine d’or de Fern-Hill, ne connut pas très longtemps des heures d’euphorie. Dès que la concession leur fut attribuée, ils en commencèrent l'exploitation à la main, de façon artisanale.
Riche homme d’affaires opportuniste, John Higginson s'y intéressa et apporta les capitaux nécessaires à l'achat de matériels et notamment d'une machine à broyer. En octobre 1871, l'exploitation tournait de manière encourageante. Fin 1873, la production était déjà de 144,553 kg d'or ayant nécessité de broyer 1200 tonnes de minerai.
Une “Compagnie de la Fern-Hill” fut fondée en octobre 1874 entre les quatre découvreurs, John Higginson, un investisseur répondant au nom de Morgan et quatre nouveaux associés. John Higginson, qui avait les dents longues, racheta très vite les parts des quatre découvreurs. En 1875, la totalité des actions de la compagnie était dans les mains des seuls John Higginson et William Morgan. Ils utilisèrent alors quelques-uns des trois cents forçats que l'Administration pénitentiaire mit généreusement à leur disposition pour l'exploitation d’une autre mine, celle de cuivre de Balade lancée en 1873 et située à proximité d'Ouégoa.
Fin 1878, la production totale de la mine d’or de Fern Hill depuis son ouverture était de 212,849 kg. Elle en restera pratiquement là. La zone exploitable était quasiment épuisée. Au-dessous de vingt-cinq mètres, l'or lié à la pyrite n'était plus libéré par l'altération superficielle des roches. Malgré des teneurs élevées (on parle de 50g/t), le minerai dit “réfractaire” n'était pas traitable par la technologie de l'époque.
Suivirent d'importants travaux de prospection. De 1882 à 1888, on creusa le puits “Hill” à 112 m de profondeur et qui aurait recoupé une importante zone à pyrites aurifères à - 91 m, mais là encore l'or ne pouvait en être extrait malgré les progrès des ingénieurs chimistes. La “Fern-Hill Gold Mining Society” créée en 1896 creusa en 1897 le puits "Scott" (recommandé par l'ingénieur anglais Scott) à plus de 100 m et ouvrit des galeries de reconnaissance à sa base, mais sans résultats probants. Le puits “Hoskins” (nom du directeur de la mine de cuivre Pilou) fut ensuite creusé sans obtenir de meilleurs résultats. Finalement, en août 1900, le rapport de l'ingénieur W. Chendall envoyé en mission d'évaluation, conduisit à la fermeture de la mine.
En 1936 la Fern-Hill fut mise aux enchères et adjugée au Japonais Mukuara qui n’y entreprit aucun travail de prospection. Sa concession fut mise sous séquestre de l'État français lors de la Seconde Guerre mondiale.
La fin des rêves dorés
La mine fit l’objet de nouvelles études par le BRGM dans les années 1957-1958 puis dans les décennies 1970-1990, l'État lui ayant cédé la concession. Celle-ci fut ensuite cédée en 1993 à la société australienne Asia Pacific qui fit une prospection nouvelle et approfondie avec des sondages, mais sans résultats encourageants.
C’en était bel et bien fini des rêves dorés de Charles Guillain, qui fut tout de même nommé contre-amiral avant de décéder à 66 ans seulement, le 17 février 1875 dans sa ville natale de Lorient.
Marin, militaire, explorateur, ethnologue avant l’heure, photographe également, Guillain aura fait rêver le Caillou qui, malheureusement, ne devint jamais la pépite à laquelle le gouverneur avait rêvé...
Fatigués, découragés, affamés...
“Au mois de février 1870, ils partirent de Nouméa, emportant une pique, une pelle, un bassin en zinc et un fusil. Pendant six mois de fatigues, de dangers, de misères et de privations, c’est-à-dire marchant du matin au soir, errant dans les montagnes et les forêts, traversant les rivières, couchant, à la belle étoile, après un mince repas (un biscuit et un verre d’eau), dévorés par les moustiques, trempés par la pluie, ils arrivèrent à se dire un jour : “de l’or,... mais peu,... trop peu !”
Le 15 août 1870, vers midi, fatigués, découragés, assis au fond d’un vallon, près du village de Manghine, et n’ayant plus rien à manger, ils faisaient les plus tristes réflexions à l’égard de leurs tentatives pour ainsi dire insensées, lorsque l’un d’eux, jetant les regards à peu de distance, sur le flanc d’une colline ayant l’aspect d’une terre brûlée, dit à un sauvage “va prendre de cette terre, elle n’a pas encore été examinée.” On lave fiévreusement le contenu du bassin ; il y a déjà quelques minutes que l’on opère, mais il faut le temps raisonnable pour que le précieux métal prenne sa place voulue par les lois physiques ; quelques instants de plus s’écoulent, la batéa tremble dans les mains de celui qui l’agite, mais,... enfin, l’or apparaît ! Un gisement aurifère sérieux est découvert : le courage et la ténacité de ces quatre chercheurs étaient récompensés par un éclatant succès !”
La prime Guillain versée
“Monsieur le Gouverneur,
J'ai l’honneur de vous dire que j’ai été visiter la mine d'or découverte par MM. Hook, Borgnes, Piper et Bailly ; elle se trouve à environ trois kilomètres en amont du village de Manghine, à peu de distance du Diahot, mais dans un ravin séparé de la rivière par une colline assez haute et très escarpée. C’est cette colline même qui, sur le versant du ravin, contient de l’or.
J’ai fait laver devant moi quelques plats de cette terre, prise en un endroit quelconque de la colline, à fleur de terre, et, à chaque expérience, il restait au fond du plat un dépôt d’or eu poudre très bien marqué : ils évaluent la quantité d’or qu’ils recueillent dans chaque plat à environ 3 fr. 30, et ils comptent que, en creusant, la richesse de la mine ne fera que s’accroître.
L’un d’eux a découvert, disent-ils, le filon de quartz aurifère (la commission en a reconnu l'existence et la valeur) ; mais, comme ils sont très souvent entourés de visiteurs auxquels ils ne tiennent pas à montrer le gisement, ils y vont très rarement. Je n'ai pas insisté pour y être mené, attendu qu’un de ces visiteurs se trouvait là en même temps que moi.
Je crois donc, monsieur le Gouverneur, devoir insister sur la demande que je vous ai faite, dans ma lettre numéro 28 d’envoyer ici le plus tôt possible la commission dont il est question dans l'arrêté du 6 août I869.
Je suis avec.... etc.,
Lieutenant, commandant la circonscription : Tonnot.”
Les gouverneurs de l’époque
- Du 2 juin 1862 et 13 mars 1870 : Charles Guillain, (capitaine de vaisseau)
- Du 13 mars 1870 au 26 août 1870 : Jacques Ruillet par intérim (lieutenant-colonel)
- Du 26 août 1870 au 25 septembre 1874 : Louis Eugène Gaultier de La Richerie (capitaine de vaisseau)
- Du 25 septembre 1874 au 27 février 1875 : Louis Alleyron par intérim (colonel)
- Du 27 février 1875 au 11 avril 1878 : Léopold de Pritzbuer (capitaine de vaisseau)
- Du 11 avril 1878 au 8 août 1880 : Jean Olry (capitaine de vaisseau)
De l’or en Polynésie ?
Malheureusement pour les prospecteurs, l’analyse de ces paillettes démontra qu’il ne s’agissait que de vulgaire pyrite, appelée aussi “l’or des fous” tant elle fit naître de faux espoirs partout dans le monde...
L’or des “déportés”
Malheureusement, ils n’étaient pas professionnels et malgré la richesse du site, la mine “La Recherche” ferma ses portes en 1880. Après bien des épisodes étalés sur des décennies, la concession “La Recherche” sera finalement annulée le 28 juin 1984.