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16 mois ferme pour le faussaire


Tahiti, le 25 mars 2023 – Un homme de 24 ans a été jugé en comparution immédiate, jeudi, pour avoir fabriqué et diffusé des faux billets de 10 000 et 5 000 Fcfp. Déjà condamné en mai dernier pour des faits similaires, le prévenu a cette fois écopé de huit mois ferme assortis de la révocation des huit mois de sursis relatifs à son ancienne condamnation et du maintien en détention. 
 
Déjà condamné en mai 2022 à 18 mois de prison dont huit avec sursis pour avoir fabriqué de faux billets, un jeune homme sans emploi de 24 ans a de nouveau été jugé, jeudi, par le tribunal correctionnel pour des faits similaires. L'individu, qui était donc jugé en état de récidive légale, avait été interpellé le 14 février dernier dans une voiture de location sur un parking à Punaauia. Alors qu'un attroupement s'était créé autour du véhicule, les gendarmes l'avaient contrôlé. Dans le coffre, ils avaient saisi un pot en plastique contenant 20 faux billets de 10 000 Fcfp déchirés. Quelques jours plus tôt, une femme avait déjà été appréhendée après avoir essayé de payer avec un faux billet de 5 000 Fcfp au Fifo. Entendue par les gendarmes, elle avait expliqué que cet argent provenait du prévenu. 
 
Pris en flagrant délit, le jeune avait expliqué qu'il avait fabriqué de faux billets sous la menace d'inconnus. Face à un président du tribunal légèrement perplexe, il a de nouveau affirmé jeudi à la barre que des “personnes qui le connaissent mais qu'il ne connaît pas” avaient menacé de lui “couper les doigts” s'il ne s'exécutait pas. Alors qu'il affirmait que ces gens l'avaient “interpellé”, le magistrat s'est étonné que le prévenu ne se soit pas précipité à la gendarmerie pour “porter plainte pour séquestration”. D'autant plus qu'au final, le jeune homme a affirmé que ses agresseurs imaginaires n'avaient jamais vu la couleur d'un faux billet. “C'est tout de même curieux, ils vous séquestrent pour faire de la fausse monnaie et ils repartent sans rien”, a commenté, un brin dubitatif, le président du tribunal. 
 
Graines de légumes
 
Lors de la perquisition au sein du domicile de l'intéressé, qui vit “chez maman”, les gendarmes avaient trouvé des petits sachets en plastique souvent destinés à conditionner de la drogue. Ils avaient également mis la main sur un “grand pot orange contenant des petits morceaux du gros sel” qui était caché dans le plafond de la chambre du jeune homme. Des éléments étranges que le prévenu a balayés jeudi en expliquant que les sachets en plastique étaient destinés à contenir des “graines de légumes” et qu'il ne se souvenait plus avoir mis le pot dans son plafond.
 
Confronté à ces explications fragiles et au flegme du jeune homme à la barre, le procureur de la République a indiqué lors de ses réquisitions que “même si l'on n’en saura pas davantage”, le tribunal ne serait pas “trompé”. Il a requis “huit à dix mois de prison ferme”. Pour la défense difficile du prévenu, Me Smaïn Bennouar a finalement dit qu'il était “compliqué d'avoir du recul” et que l'on devait composer avec les “éléments du dossier”, soit “quelques billets qui ont été déchirés”. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à huit mois ferme et a prononcé la révocation des huit mois de sursis relatifs à sa condamnation de mai 2022. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Vendredi 24 Mars 2023 à 11:58 | Lu 4066 fois