Virginia Beach, Etats-Unis | AFP | mercredi 10/08/2022 - Makayla Cox, lycéenne américaine en Virginie, pensait prendre un médicament pour traiter la douleur et l'anxiété, obtenu par le biais d'un ami.
Mais la pilule avalée deux semaines après son seizième anniversaire était du fentanyl, un opiacé de synthèse jusqu'à 50 fois plus puissant que l'héroïne. Elle est morte presque immédiatement.
Un soir de janvier, après avoir regardé un film avec sa mère Shannon, Makayla semblait en forme lorsqu'elle est allée dans sa chambre avec son chien, un husky qui dormait souvent sur son lit.
Mais le lendemain matin, Shannon a découvert Makayla appuyée contre la tête de lit, à moitié assise, un liquide orange sortant de sa bouche et de son nez.
"Elle était toute raide. Je l'ai secouée, j'ai crié son nom, j'ai appelé les secours", relate Shannon à l'AFP. "Mes voisins sont venus et ont tenté de la réanimer, mais il était trop tard. Après ça, je ne me souviens pas de grand chose."
Aux Etats-Unis, la crise des opiacés prend des proportions catastrophiques.
Plus de 80.000 personnes sont mortes d'overdoses par opiacés l'an dernier, causées pour la plupart par des drogues de synthèse comme le fentanyl -- soit sept fois plus qu'il y a une dizaine d'années.
"C'est l'épidémie la plus dangereuse que nous ayons vue", juge Ray Donovan, haut responsable de l'Agence américaine anti-drogue (DEA). "Le fentanyl n'est pas comme n'importe quelle autre drogue illicite, il est mortel instantanément."
Et le nombre de morts s'envole particulièrement vite chez les jeunes. En 2019, 493 adolescents américains étaient décédés d'overdose. En 2021, ils étaient 1.146.
Ils se procurent des médicaments de contrefaçon via les réseaux sociaux. Et, sans le savoir, ils ingèrent des pilules contenant du fentanyl.
Emojis
Pour atteindre les plus jeunes, les dealers passent par des applications comme Snapchat, TikTok ou encore Instagram.
Ils remplacent souvent le nom de la drogue par des émojis. L'oxycodone, médicament très addictif, prend ainsi la forme d'une banane à moitié épluchée. Le Xanax, un tranquillisant, celle d'une barre de chocolat.
Le nombre d'Américains qui prennent de la drogue est plutôt stable ces dernières années, mais ce qui change, c'est la dangerosité des substances, selon Wilson Compton, directeur adjoint de l'Institut national américain sur la toxicomanie.
Le fentanyl est si puissant que la différence entre vivre ou mourir tient à moins d'un gramme.
"Il suffit de très petites quantités pour que cela devienne un poison qui vous empêche de respirer", décrit Wilson Compton à l'AFP.
Aux Etats-Unis, la majeure partie du fentanyl illégal est fabriqué par des cartels mexicains, à partir de produits expédiés de Chine.
Cette drogue est une bonne affaire pour ces groupes criminels, car la puissance du fentanyl fait qu'une plus petite dose suffit à remplir une pilule.
Un kilogramme de produit pur, acheté pour environ 12.000 dollars, est transformé en un demi-million de pilules, plus facilement transportables, pouvant valoir jusqu'à 30 dollars l'unité.
L'an dernier, la DEA a saisi près de sept tonnes de fentanyl -- assez pour tuer tous les Américains. Quatre pilules sur 10 contenaient une dose létale.
Elève modèle
Dans un hall du siège de l'agence anti-drogue, les photos des "visages du fentanyl" sont affichés sur les murs. La collection de portraits rend hommage à une douzaine de personnes dont la vie a été récemment volée par la drogue.
Sous l'un d'entre eux: "Makayla - 16 ans pour toujours"
Elève modèle et pom-pom girl, la jeune fille aimait peindre, jouer avec ses chiens, et espérait étudier le droit à l'université, raconte sa mère Shannon Doyle, 41 ans.
Après le divorce de ses parents, Makayla avait eu des problèmes d'anxiété, empirés par la pandémie.
L'été dernier, un ami lui avait fait découvrir les médicaments de contrefaçon.
Les pilules bleues retrouvées dans le lit de Makayla étaient en fait entièrement composées de fentanyl. Une enquête policière est en cours, mais n'a pour l'heure mené à aucune arrestation.
"Avant, quand vous étiez accro à la drogue, vous aviez 5, 10, 15 ans pour essayer de vaincre l'addiction", explique Shannon Doyle dans sa maison de Virginia Beach, ville côtière à environ 330 km au sud de Washington.
"Vous n'avez plus cette chance."
La DEA a lancé une campagne de prévention sur les risques du fentanyl, et des initiatives tentent d'accroître l'accessibilité du naloxone, un antidote pouvant sauver une personne en train de faire une overdose.
Les cendres de Makayla reposent dans sa chambre, une pièce dans laquelle Shannon jette toujours un coup d'oeil matin et soir, comme quand elle était vivante.
Au nom de Makayla, elle a monté une fondation pour tenter d'éviter des tragédies similaires -- une façon de gérer son deuil, dit-elle.
La meilleure amie de l'adolescente, Kaydence Blanchard, 16 ans, vit son premier été sans elle. Elle essaie d'accomplir les rêves qu'elles partageaient: passer son permis, et conduire jusqu'à la plage.
Mais pour Makayla, "l'avenir ne se concrétisera jamais", souligne-t-elle. "Elle ne réalisera jamais aucun des projets que nous avions imaginés ensemble."
Mais la pilule avalée deux semaines après son seizième anniversaire était du fentanyl, un opiacé de synthèse jusqu'à 50 fois plus puissant que l'héroïne. Elle est morte presque immédiatement.
Un soir de janvier, après avoir regardé un film avec sa mère Shannon, Makayla semblait en forme lorsqu'elle est allée dans sa chambre avec son chien, un husky qui dormait souvent sur son lit.
Mais le lendemain matin, Shannon a découvert Makayla appuyée contre la tête de lit, à moitié assise, un liquide orange sortant de sa bouche et de son nez.
"Elle était toute raide. Je l'ai secouée, j'ai crié son nom, j'ai appelé les secours", relate Shannon à l'AFP. "Mes voisins sont venus et ont tenté de la réanimer, mais il était trop tard. Après ça, je ne me souviens pas de grand chose."
Aux Etats-Unis, la crise des opiacés prend des proportions catastrophiques.
Plus de 80.000 personnes sont mortes d'overdoses par opiacés l'an dernier, causées pour la plupart par des drogues de synthèse comme le fentanyl -- soit sept fois plus qu'il y a une dizaine d'années.
"C'est l'épidémie la plus dangereuse que nous ayons vue", juge Ray Donovan, haut responsable de l'Agence américaine anti-drogue (DEA). "Le fentanyl n'est pas comme n'importe quelle autre drogue illicite, il est mortel instantanément."
Et le nombre de morts s'envole particulièrement vite chez les jeunes. En 2019, 493 adolescents américains étaient décédés d'overdose. En 2021, ils étaient 1.146.
Ils se procurent des médicaments de contrefaçon via les réseaux sociaux. Et, sans le savoir, ils ingèrent des pilules contenant du fentanyl.
Emojis
Pour atteindre les plus jeunes, les dealers passent par des applications comme Snapchat, TikTok ou encore Instagram.
Ils remplacent souvent le nom de la drogue par des émojis. L'oxycodone, médicament très addictif, prend ainsi la forme d'une banane à moitié épluchée. Le Xanax, un tranquillisant, celle d'une barre de chocolat.
Le nombre d'Américains qui prennent de la drogue est plutôt stable ces dernières années, mais ce qui change, c'est la dangerosité des substances, selon Wilson Compton, directeur adjoint de l'Institut national américain sur la toxicomanie.
Le fentanyl est si puissant que la différence entre vivre ou mourir tient à moins d'un gramme.
"Il suffit de très petites quantités pour que cela devienne un poison qui vous empêche de respirer", décrit Wilson Compton à l'AFP.
Aux Etats-Unis, la majeure partie du fentanyl illégal est fabriqué par des cartels mexicains, à partir de produits expédiés de Chine.
Cette drogue est une bonne affaire pour ces groupes criminels, car la puissance du fentanyl fait qu'une plus petite dose suffit à remplir une pilule.
Un kilogramme de produit pur, acheté pour environ 12.000 dollars, est transformé en un demi-million de pilules, plus facilement transportables, pouvant valoir jusqu'à 30 dollars l'unité.
L'an dernier, la DEA a saisi près de sept tonnes de fentanyl -- assez pour tuer tous les Américains. Quatre pilules sur 10 contenaient une dose létale.
Elève modèle
Dans un hall du siège de l'agence anti-drogue, les photos des "visages du fentanyl" sont affichés sur les murs. La collection de portraits rend hommage à une douzaine de personnes dont la vie a été récemment volée par la drogue.
Sous l'un d'entre eux: "Makayla - 16 ans pour toujours"
Elève modèle et pom-pom girl, la jeune fille aimait peindre, jouer avec ses chiens, et espérait étudier le droit à l'université, raconte sa mère Shannon Doyle, 41 ans.
Après le divorce de ses parents, Makayla avait eu des problèmes d'anxiété, empirés par la pandémie.
L'été dernier, un ami lui avait fait découvrir les médicaments de contrefaçon.
Les pilules bleues retrouvées dans le lit de Makayla étaient en fait entièrement composées de fentanyl. Une enquête policière est en cours, mais n'a pour l'heure mené à aucune arrestation.
"Avant, quand vous étiez accro à la drogue, vous aviez 5, 10, 15 ans pour essayer de vaincre l'addiction", explique Shannon Doyle dans sa maison de Virginia Beach, ville côtière à environ 330 km au sud de Washington.
"Vous n'avez plus cette chance."
La DEA a lancé une campagne de prévention sur les risques du fentanyl, et des initiatives tentent d'accroître l'accessibilité du naloxone, un antidote pouvant sauver une personne en train de faire une overdose.
Les cendres de Makayla reposent dans sa chambre, une pièce dans laquelle Shannon jette toujours un coup d'oeil matin et soir, comme quand elle était vivante.
Au nom de Makayla, elle a monté une fondation pour tenter d'éviter des tragédies similaires -- une façon de gérer son deuil, dit-elle.
La meilleure amie de l'adolescente, Kaydence Blanchard, 16 ans, vit son premier été sans elle. Elle essaie d'accomplir les rêves qu'elles partageaient: passer son permis, et conduire jusqu'à la plage.
Mais pour Makayla, "l'avenir ne se concrétisera jamais", souligne-t-elle. "Elle ne réalisera jamais aucun des projets que nous avions imaginés ensemble."