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10 ans ferme pour le retraité qui avait écrasé son voisin


Tahiti, le 14 mars 2023 – Le retraité poursuivi devant la cour d'assises depuis lundi pour avoir écrasé son voisin avec lequel il était en conflit pour des histoires foncières a été condamné mardi à la peine de dix ans de prison ferme alors que l'avocat général en avait requis 12. 
 
Au terme de deux jours de procès, la cour d'assises de Papeete a condamné le retraité de 71 ans qui était poursuivi pour avoir tenté de tuer son voisin en lui roulant dessus le 20 février 2021 à Mataiea à dix ans de prison ferme.
 
Plus tôt dans la journée, les experts psychiatre et psychologue étaient venus à la barre pour décrire un homme “paranoïaque” et “psychorigide” qui présente un “risque d'explosion colérique avec un passage à l'acte”. De son côté, l'avocat de la victime, Me Stanley Cross, avait rappelé qu'en 23 ans de carrière passée à la police municipale de Teva I Uta, son client n'avait jamais eu un seul problème. L'avocat a également affirmé que le retraité avait bien été animé par l'intention de tuer son voisin
 
Risque de récidive
 
Selon l'avocat général, qui a succédé à la partie civile en fin de matinée, il est clair que l'accusé a “formé le dessein de porter atteinte à la vie de la victime en dirigeant son véhicule” dans sa direction et en “fonçant” sur elle et en la “renversant délibérément”. S'agissant de la “gravité des faits”, le représentant du ministère public a affirmé que l'accusé, un homme décrit par les experts comme un homme potentiellement “dangereux”, avait “conduit une action létale à l'encontre d'un homme”, une action qui “n'a échoué que par des circonstances indépendantes de sa volonté”. Avant de requérir 12 ans de prison ferme contre l'accusé qui encourait une peine maximale de trente ans de réclusion criminelle, l'avocat général a rappelé que le retraité avait des “antécédents de violence” qui démontrent son “incapacité à se remettre en question”, à “critiquer ses actes” et qu'il présentait donc de ce fait un “risque important” de récidive. 
 
Pour la défense de l'accusé, Me Robin Quinquis a dénoncé lors de sa plaidoirie les “insuffisances multiples” de ce dossier qui est une “compilation de témoignages des proches” de la victime et dans lequel il n'y a eu aucune reconstitution, un fait “très rare en matière criminelle”. “C'est un père serviable, aimable, encadrant et je déplore l'absence d'enquête de personnalité dans cette affaire. Il a une foi très imprégnée et c'est un homme ouvert qui donne de sa personne”. Se référant au témoignage de l'experte psychiatre qui avait expliqué que l'accusé “tournait en boucle” depuis trente ans sur ses affaires de terres, Me Robin Quinquis a dénoncé une position de “mépris” alors que c'est un vrai sujet dans les familles polynésiennes : “A partir d'un certain âge, on sait que l'on va partir et l'on veut laisser quelque chose à ses enfants.” A propos des faits, l'avocat a ensuite martelé que son client n'avait jamais eu l'intention de tuer la victime qu'il voulait juste “repousser”.
 
Après plus de quatre heures de délibéré, les jurés de la cour d'assises ont finalement condamné le septuagénaire à dix ans de prison ferme. 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 14 Mars 2023 à 18:40 | Lu 3429 fois