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​Les covidés « guéris » restent inquiets


​Les covidés « guéris » restent inquiets
Tahiti, le 19 avril 2020 – Deux cas confirmés de coronavirus déclarés guéris en Polynésie ont reçu en fin de semaine dernière leur « attestation de sortie d’isolement », mais s’inquiètent de ne pas avoir été dépistés une dernière fois faute de tests suffisants. « On recommande à ces personnes de continuer à respecter les gestes barrières », explique le ministre de la Santé qui concède qu’il est difficile d’établir clairement la notion de « guérison » dans le cas du coronavirus.
 
Le président Edouard Fritch et son ministre de la Santé Jacques Raynal l’ont annoncé vendredi, des personnes contaminées par le coronavirus vont enfin commencer à être considérées comme « guéries » au fenua. Au moins deux cas, a commenté Edouard Fritch. « Je pourrais vous en annoncer cinq ou six la semaine prochaine », a ajouté un peu plus tard Jacques Raynal. Problème, pour ce nouveau virus les autorités médicales et scientifiques sont encore assez mal à l’aise avec la notion de « guérison », a concédé le ministre de la Santé.
 
« On ne sait pas si on est porteur »
 
Samedi, deux cas confirmés de coronavirus ont annoncé à Tahiti Infos avoir reçu leur « attestation de sortie d’isolement » par leur médecin, en même temps que l’annonce de leur guérison. Le document à l’en-tête de la direction de la santé date la « levée d’isolement », précise qu’un test devra être réalisé dans l’entourage du patient et recommande toujours au patient de respecter les mesures barrière, le port du masque, de limiter ses déplacement et d’éviter tout contact avec des matahiapo ou des personnes à risque. Pour autant, nos deux cas de coronavirus évoquent la même inquiétude : celle de n’avoir pu être testés une nouvelle fois en fin d’isolement.
 
« J’ai été dépisté positif au Covid-19 le 29 mars. Donc demain ça fera trois semaines », explique l’un d’entre eux. « Aujourd’hui on me remet cette attestation, me disant que je suis apparemment guéri du fait que je ne présente plus de symptômes. On me dit que je ne suis plus contagieux et que je peux donc sortir tout en respectant les gestes barrière ». Notre homme explique avoir demandé à son médecin d’être dépisté, mais que le professionnel de santé lui a répondu d’une part que le stock actuel de tests ne le permettait pas, et d’autre part qu’un nouveau test pouvait ressortir positif sans qu’il ne soit pour autant contagieux. « On ne sait pas vraiment si on est porteur du virus », s’inquiète notre « guéri ».
 
Pas de « guéris » mais des « convalescents »
 
« Nous sommes très interrogatifs sur la notion de guérison », expliquait le ministre Jacques Raynal vendredi. « Nous ce qu’on observe dans le monde, c’est qu’il y a des cas que l’on suppose être des ré-infestations, mais qui peuvent n’être qu’une petite réminiscence de la maladie. Ensuite il y a certaines personnes qui, malgré le fait d’être restés en confinement après un temps certain, ont continué à présenter des analyses positives. Pour autant ça ne veut pas dire qu’ils sont encore contagieux. Ce que l’on recueille lors de ces tests, c’est des particules virales. Est-ce qu’elles sont encore contaminantes ? On ne le sait pas. »
 
Les « critères » de sortie et de convalescence sont donc aujourd’hui de ne plus avoir « aucun signe de maladie depuis 14 jours ». Un examen médical doit ensuite être fait, avant de recevoir un bon de sortie. « Certaines de ces personne ont été testées, pour certains au moins quatre fois, avant de pouvoir sortir. Pas toutes, mais certaines », explique Jacques Raynal. « On conseille donc aux personnes qui sortent du coronavirus de respecter les gestes barrière, (…) même vis à vis de leurs familles pendant encore deux à trois semaines ».
 
Sur ce point, nos deux patients n’ont pas la même réaction. Le premier nous explique qu’il ne « sortira pas » et qu’il ne « reprendra pas le travail » avant d’avoir la certitude d’être guéri. Le second indique qu’il sortira faire ses courses, mais que s’il veut aujourd’hui absolument garder l’anonymat, c’est parce qu’il redoute surtout d’être considéré comme un « pestiféré »  si l’on apprend qu’il a été contaminé…

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Dimanche 19 Avril 2020 à 19:54 | Lu 9963 fois