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​Jugé pour l'agression de ses parents


Tahiti, le 11 septembre 2023 - Un jeune homme à peine majeur a été jugé en comparution immédiate, lundi, pour répondre de la dégradation de biens appartenant à ses parents et pour avoir poussé son père. Le prévenu, qui semblait en grande souffrance, a écopé de 12 mois de prison dont dix mois de sursis. 
 
“Eux, ils s'en foutent de moi, mais moi, j'ai besoin d'eux pour être bien.” C'est par ces mots qu'un jeune homme, majeur depuis seulement quelques semaines, a tenté lundi, lors de sa comparution en correctionnelle, de justifier les faits qui lui étaient reprochés. Le prévenu était jugé pour avoir troué le mur de sa chambre au domicile familial de Tubuai, pour avoir brûlé des vêtements appartenant à sa mère et pour avoir crevé le pneu du vélo électrique appartenant à cette dernière qu'il avait menacée. Il était également poursuivi pour avoir poussé son père, lequel avait bénéficié d'une incapacité totale de travail de cinq jours. Le tout commis alors que le jeune homme venait de rentrer à Tubuai dans sa famille qui ne semblait pas particulièrement heureuse de le retrouver.  
 
Déjà condamné lorsqu'il était mineur pour des outrages et des violences, le prévenu a expliqué à la barre du tribunal lundi qu'il était “comme ça” car il avait été délaissé par ses parents. Suivi durant son adolescence par la protection judiciaire de la jeunesse, le jeune homme avait été placé en foyer puis en famille d'accueil avant de revenir sur son île natale. Il a par ailleurs déjà été hospitalisé à plusieurs reprises en psychiatrie suite à des tentatives de suicide. 
 
Respect des institutions
 
Lors de ses réquisitions, le procureur de la République a affirmé que le jeune homme, que la justice a “essayé d'accompagner” durant sa jeunesse car il était en “souffrance”, avait “de plus en plus de mal à respecter les institutions”. “Il a un différend avec ses parents que l'on n'arrive toujours pas à cerner mais lorsqu'il est chez eux, il râle, rouspète et invective quand on ne répond pas au moindre de ses desiderata”, a poursuivi le représentant du ministère public avant de requérir 18 mois de prison dont huit avec sursis accompagnés d'un mandat de dépôt. 
 
Sous le bruit des sanglots de son client, Me Sylvain Fromaigeat a ensuite pris la parole pour dénoncer “la tournure de l'audience”. Se disant “atterré” du fait que le parquet dresse le portrait d'une “famille exemplaire” face à un “petit salopard qui veut pourrir la vie de tout le monde”, l'avocat a livré une version selon laquelle le prévenu n'est autre qu'un “gamin de 18 ans qui reproche à ses parents de ne pas se soucier de lui”. Il s'est par ailleurs dit “choqué” du fait que ses parents, absents à l'audience, aient demandé un million de francs de dommages et intérêts. 
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à 12 mois de prison dont dix mois de sursis assortis d'un mandat de dépôt ainsi qu'à la révocation d'une peine de trois mois de prison à laquelle il avait été antérieurement condamné. ll aura l'interdiction d'entrer en contact avec ses parents et devra les indemniser à hauteur de 50 000 francs chacun. À l'énoncé du verdict, le jeune homme a été pris d'une crise de larmes et a dû être évacué de la salle d'audience par une escorte de gendarmerie. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 11 Septembre 2023 à 20:18 | Lu 1789 fois