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​Battue pour un steak-frites


Tahiti, le 1er mai 2022 – Un ouvrier polyvalent de 29 ans été condamné lundi en comparution immédiate à 12 mois de prison ferme pour des violences commises sur sa femme. Le 29 avril à Taiarapu-Est, il avait mis plusieurs coups de poing à la victime au motif que cette dernière ne lui avait pas donné 1000 Fcfp pour acheter un steak-frites.
 
Le tribunal correctionnel a jugé, lundi, un ouvrier polyvalent dans une entreprise de jardinage qui était poursuivi pour avoir frappé son épouse et mère de leurs trois enfants. Le 29 avril dernier à Taiarapu-Est, c'est la victime qui avait appelé les gendarmes pour expliquer que son mari, alcoolisé, venait de rentrer du travail. Alors que les enfants dormaient, l'homme avait mis la musique à fond. Il avait ensuite demandé à son épouse de lui donner 1000 Fcfp afin d'aller s'acheter un "steak-frites" à la roulotte situé en face de chez eux. C'est après avoir refusé de lui donner cet argent –car elle avait déjà préparé quelque chose pour le dîner– que le prévenu s'en était pris à elle en lui mettant plusieurs coups de poing. Lors de l'arrivée des gendarmes, l'homme s'était violemment opposé à son interpellation. Finalement placé en garde à vue, il avait été soumis à un test d'alcoolémie qui avait révélé un taux d'alcool d'1,5 gramme.
 
À la barre du tribunal correctionnel lundi, le prévenu a reconnu avoir mis de "grandes baffes" à sa femme car il "avait faim". Face à cette déclaration aberrante, la présidente du tribunal a rappelé que les 9 février et 2 mars derniers, le prévenu avait déjà été condamné à du sursis pour des violences commises sur sa femme. Malgré le fait d'avoir évité l'emprisonnement, l'ouvrier s'était très "moyennement" investi dans le cadre des suivis alors prononcés par le tribunal. 
 
Un prévenu "hermétique" aux sanctions 
 
Entendue à son tour par le tribunal, la victime a expliqué qu'elle déposait plainte à chaque fois que son mari était violent, c’est-à-dire toutes les fois où il boit. À la barre, la jeune femme a cependant affirmé qu'elle comptait poursuivre la vie commune car elle pense que le prévenu peut "changer" s'il se fait soigner. Moins confiant, le procureur de la République a requis 15 mois de prison ferme assortis d'un mandat de dépôt à l'encontre d'un prévenu qui a "déjà eu tous les messages : du sursis simple et du sursis probatoire". Évoquant le fait que le prévenu allait perdre son travail s'il était incarcéré, le représentant du ministère public a asséné que l'on n'allait pas attendre que l'ouvrier "tue sa femme".
 
Face à ce dossier "très défavorable" pour son client qui semble "hermétique" aux sanctions judiciaires, Me Lény Sinquin a concédé que l'ouvrier était tombé dans une "spirale" de violences et d'alcool. L'avocat a ensuite axé sa plaidoirie sur la nécessité pour son client de conserver son emploi : "Si vous décidez de lui mettre un mandat de dépôt, la famille entière va se retrouver sans aucune source de revenus."
 
Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a condamné le père de famille à 12 mois de prison ferme. L'homme va cependant bénéficier du régime de semi-liberté qui lui permettra de sortir de prison pour aller travailler.
Garance Colbert

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 2 Mai 2022 à 22:17 | Lu 7561 fois