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​“La violence, c'est le mépris de l'autre”


Tahiti, le 29 janvier 2024 - Un schizophrène de 25 ans a été condamné lundi par le tribunal correctionnel à 18 mois de prison dont neuf avec sursis pour des violences commises sur sa compagne qui n'a pas souhaité se constituer partie civile. À la barre, la victime a assuré : “Il ne me frappe pas, il me donne des baffes”. 
 
Alors que douze femmes ont déjà perdu la vie sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon sur l'ensemble du territoire national depuis le début de l'année 2024, c'est un nouveau cas de violences conjugales qui a été examiné par le tribunal correctionnel, lundi, en comparution immédiate. Un schizophrène de 25 ans sans emploi était en effet jugé en état de récidive légale pour répondre de deux épisodes de violences commises sur sa compagne. En 2019, l'homme avait déjà été condamné à un an de prison ferme pour des coups portés sur son ancienne concubine. 
 
Il lui était cette fois reproché d'avoir, le 24 janvier à Papeete, mis des gifles à sa compagne au motif qu'elle n'était pas assez rapide pour préparer le repas et ce, alors qu'il était complètement ivre. Un mois plus tôt, il avait déjà frappé la jeune femme pour un motif tout aussi futile. Bénéficiaire de la Cotorep, le prévenu a brièvement expliqué à la barre du tribunal lundi qu'il avait un traitement relatif à sa pathologie psychiatrique. Durant un échange stupéfiant, la victime a ensuite expliqué à la présidente du tribunal : “Il ne me frappe pas, il me donne des baffes”. “Alors, c'est quoi, la violence, madame ?”, a poursuivi la magistrate. Réponse de l'intéressée : “La violence, c'est quand j'étais avec mon ex-compagnon et que j'ai atterri à l'hôpital avec des dents cassées et un œil au beurre noir.”
 
Parcours de vie “compliqué”
 
Alors qu'elle avait rappelé vendredi lors de l'audience solennelle de rentrée que la lutte contre les violences conjugales est l'un des “axes prioritaires” de la politique du parquet, la procureure de la République, Solène Belaouar, a demandé au tribunal de ne pas “minimiser” les faits car les gifles demeurent des “violences” et que “la violence, c'est le mépris de l'autre”. Rappelant que le prévenu avait déjà été condamné pour des faits similaires, elle a requis deux ans de prison dont neuf mois avec sursis probatoire pendant deux ans assortis du maintien en détention. 
 
Au regard du jeune âge de son client et du fait qu'il n'avait jusque-là été condamné qu'“une seule fois” pour des violences conjugales, son avocate, Me Sarah Da Silveira, a rappelé pour sa défense qu'il était “malade” et assez “immature”. “Il a eu un parcours de vie compliqué, a été adopté puis a vécu dans la rue”, a-t-elle assuré avant de demander au tribunal de prononcer une peine “principalement assortie d'un sursis probatoire”. Après en avoir délibéré, les magistrats ont condamné le jeune homme à 18 mois de prison dont neuf avec sursis. Ils ont également ordonné le maintien en détention. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 29 Janvier 2024 à 16:55 | Lu 3758 fois