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​"Cri d'alarme" contre le trafic d'ice


Thomas Pison, procureur général près la cour d'appel.
Thomas Pison, procureur général près la cour d'appel.
Tahiti, le 26 janvier 2024 – Lors de la traditionnelle rentrée solennelle qui s'est déroulée vendredi matin au palais de justice, le procureur général, Thomas Pison, a de nouveau lancé un "cri d'alarme" à propos du trafic de stupéfiants et la "redoutable stratégie" de ceux qui s'y livrent. La procureure de la République, Solène Belaouar, a également abordé cette priorité en rappelant qu'elle avait aussi à cœur d'accentuer l'action du parquet sur les violences faites aux enfants.
 
C'est dans une salle bondée et en présence de nombreux représentants des institutions du Pays et de l'État que la traditionnelle audience de rentrée solennelle s'est déroulée vendredi matin au palais de justice de Papeete. Premier des deux chefs de cour à prendre la parole, le procureur général, Thomas Pison, a une nouvelle fois tenu à aborder la problématique du trafic de stupéfiants sur le territoire et en particulier du fléau de l'ice. "Malheureusement, il ne s'agit pas d'une chimère, mais bien d'une réalité que les forces de sécurité constatent quotidiennement", a-t-il rappelé avant de lancer un "cri d'alarme" face à la "montée en puissance régulière et constante" du trafic sur le territoire depuis 2017.
 
Alors que 24 kilos d'ice ont été saisis en 2023 par les services de sécurité intérieure en Polynésie, Thomas Pison a expliqué qu'il ne fallait pas "oublier l'importance des produits échappés". Se référant au meurtre d'un jeune homme à Mataiea sur fond de trafic de méthamphétamines en septembre dernier, le procureur général a ensuite souligné l'amplification du phénomène d'"apparition de délinquants armés pour s'approprier le produit et l'argent des réseaux concurrents ou pour défendre leur territoire". Après avoir appelé le président du Pays et le haut-commissaire de la République à se "réunir de nouveau et sans tarder", Thomas Pison a conclu son discours en évoquant une autre potentielle menace pour le territoire : "Aujourd'hui, nous parlons de l'ice mais nous savons que d'autres produits frappent à nos portes. Je veux parler du fentanyl dont nous voyons déjà les effet, notamment à San Francisco, et qui risque d'arriver jusqu'à nous, provoquant des dégâts autrement plus graves."

​"Bonne coordination"

Solène Belaouar, procureure de la République.
Solène Belaouar, procureure de la République.
Lors de son allocution, la procureure de la République, Solène Belaouar, a elle aussi insisté sur cette problématique en soulignant "l'importance de la bonne coordination de tous les services dans la lutte contre les trafics de stupéfiants". Elle a également évoqué ses deux autres axes "prioritaires". La lutte contre les violences intrafamiliales en premier lieu avec une "mise en sécurité des victimes" et un travail effectué sur la prévention de la récidive. Solène Belaouar a d'ailleurs réaffirmé qu'elle comptait "accentuer" l'action du parquet dans le domaine des violences commises sur les mineurs et s'attaquer aux causes "économiques, sociales et éducatives" qui font le lit de ces violences. Second axe prioritaire : le développement de la justice de proximité. Enfin, la procureure de la République a rappelé que le parquet était également très vigilant en matière d'atteintes à l'environnement.
 
Dans un tout autre domaine, le premier président de la cour d'appel, Thierry Polle, a quant à lui salué lors de son discours les projets réalisés ces dernières années avec l'ouverture du Service unique d'accueil du justiciable (Sauj), la mise en place du Conseil d'accès au droit, la rédaction d'un code civil applicable en Polynésie et, surtout, la création d'une section détachée. Thierry Polle a ensuite abordé le "gros point noir" qu'est la situation du registre du commerce et des sociétés (RCS) en indiquant qu'il "faudrait dix agents pour gérer ce service et dix de plus pour absorber le retard". Le premier président a cependant annoncé que le ministère envisageait une publication du décret "à l'horizon de juin 2024" avec une mise en effectif en "septembre ou octobre".
 
Un sujet également abordé par la présidente du tribunal de première instance (TPI), Laure Camus, qui a tenu à préciser que les délais d'immatriculation étaient tout de même passés de dix à trois  mois. Qualifiant l'activité du TPI comme étant stable, elle a toutefois expliqué qu'il allait accueillir de nouveaux personnels qui devront "s'entasser" quelque temps avant qu'une longère se situant devant le tribunal foncier soit en état d'accueillir de nouveaux bureaux.

Rédigé par Garance Colbert le Vendredi 26 Janvier 2024 à 13:32 | Lu 3904 fois