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​Un nouveau centre thérapeutique pour les enfants de Moorea


Moorea, le 20 décembre 2021 - Le nouvel institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP) de l’association Taatiraa huma no Moorea-Maiao a été inauguré lundi à Temae. Ce centre va accueillir des jeunes de 4 à 12 ans, présentant des troubles du comportement, pour les accompagner à réintégrer un cursus scolaire normal. 

L’association Taatiraa huma no Moorea-Maiao a procédé lundi matin à l’inauguration de son institut thérapeutique éducatif et pédagogique (Itep) sur le motu de Temae, à Moorea, en présence notamment d'Isabelle Sachet, ministre de la Famille et des solidarités, et Christelle Lehartel, ministre de l’Éducation. Financé par le ministère de la Solidarité et la Direction des affaires sociales, ce nouvel établissement est destiné à accueillir, en internat ou semi-internat, douze enfants de 4 à 12 ans qui présentent des "troubles de la conduite du comportement." Thierry Leclere, directeur des établissements de l’association précise qu'il "s’agit de jeunes qui sont incapables de gérer leurs frustrations et qui mettent en échec les familles ainsi que les écoles ordinaires. Notre travail va être d’insister sur la gestion de ces frustrations par une prise en charge thérapeutique par des spécialistes (médecin, psychiatre, psychologue, psychomotricienne…) relayé par une dimension éducative. On maintiendra aussi les apprentissages scolaires de façon à ce qu’ils puissent être réintégrés au plus vite dans le milieu scolaire ordinaire.
 
Un à trois ans de suivi
 
Outre une enseignante et des spécialistes, de jeunes éducateurs de nuit et de jour, formés par des partenaires de l’association, prendront en charge sept jours sur sept ces enfants en difficulté pour une durée de un à trois ans. Une durée nécessaire pour qu’ils réintègrent ensuite l’école. "Ce n’est pas un établissement qui va accueillir des enfants qui n’ont pas les capacités pour apprendre à lire, à écrire et à compter. Ce sont des enfants qui ont tout ce qu’il faut pour suivre une scolarité normale, mais disons qu’ils sont très difficiles et qu’ils manifestent leur trouble par de la violence, de l’agressivité, par des blocages et par des crises à travers lesquelles ils vont tout casser", détaille Thierry Leclere. À noter aussi qu’un partenariat se fera avec les écoles pour procéder à des "inclusions scolaires à temps partiel dans les établissements scolaires" pour que les jeunes de l’Itec puissent intégrer progressivement ces structures. 

​Parole à Cynthia Temake, enseignante : "Il faut vraiment suivre leur rythme"

"Mon rôle dans l’Itep est l’enseignement. On va essayer d’avoir un enseignement flexible, c'est-à-dire adapté à ce type d’enfants. Il faudra observer l’enfant, ses capacités, ses compétences pour essayer de démarrer et de l’envoyer plus loin. Il faut savoir que ces enfants ont un handicap invisible. C’est le trouble du comportement. Ce sont des enfants normaux qui peuvent exploser facilement. Ils doivent avoir un maître compétent pour eux. Un enfant du CM1 qui vient ici n’a peut-être pas des compétences bien acquises. Du coup, il va falloir tout refaire et tout repositionner. On verra d’abord les matières fondamentales, les maths et le français. Après, il va falloir être flexible. Il faut vraiment suivre leur rythme. L’objectif est de les réinsérer dans une classe si on le peut, et leur apprendre à ne pas s’emporter. "

​John Toromona, de l'association Taatiraa huma no Moorea-Maiao : "On a dû attendre 17 ans quand même"

"Je suis bien content que cet Itec voit le jour. C’est un projet qu’on a souhaité mettre en place en 2004 déjà. On a dû attendre 17 ans quand même. Ça n’a pas toujours été réellement la priorité du gouvernement en ces temps-là. Cette fois-ci, ça l’est. Et c’est ce qui a facilité la mise en place de ce projet. En tant qu’association, nous n’avons pas toujours les moyens. Cette structure est une propriété du Pays. On a dû refaire complètement cet établissement. Durant ces 17 années, certains enfants ont été dans des institutions de Tahiti, d’autres ont été placés en famille d’accueil. Depuis 2004, nous étions réellement dans un besoin au niveau du social que cet Itep voit enfin le jour."


Rédigé par Toatane Rurua le Lundi 20 Décembre 2021 à 18:54 | Lu 1459 fois