Tahiti, le 11 avril 2023 - Sixième étape de notre comparatif des programmes. Signe d’un intérêt évident pour les Polynésiens, les programmes des listes candidates aux prochaines élections territoriales comportent une multitude de mesures afin d’assurer une offre de soins de qualité, notamment dans les archipels, mais également la modernisation du système de santé. La question du financement renvoie, quant à elle, systématiquement aux responsabilités de l’État.
- Des structures publiques d’accueil plus nombreuses
- Révision possible des évasan
- Renforcer les carrières dans la santé et les formations
- La e-santé en marche lente
- Petite place pour la médecine traditionnelle et le cannabis
Concernant l’utilisation du cannabis, trois listes évoquent avec des mesures bien distinctes les mesures qui pourraient être mises en œuvre en cas de scrutin favorable. Ainsi, le Tapura envisage prudemment de “finaliser les tests sur l’usage du cannabis thérapeutique sous contrôle médical”. Du côté du Amuitahiraa, on annonce déjà l’adoption d’une loi du Pays sur l’utilisation et l’encadrement du cannabis thérapeutique. Le contenu de ce projet de texte n’est pas contre pas évoqué. Moins de précaution au Tavini qui affiche, ni plus ni moins, sa volonté de “légaliser l’usage thérapeutique et industriel du cannabis et [d’] exporter vers les pays demandeurs”.
- Prévention, les grands moyens
- Financement, la question en suspens
Au Tapura, la solution au déficit structurel du système de santé viendra de l’État. Le parti autonomiste insiste ainsi sur la nécessité de “conclure le financement de 15 milliards pour le financement de la CPS et de notre PSG au titre de la solidarité nationale” mais également “d’obtenir de l’État le remboursement des frais engagés par la CPS liées aux essais nucléaires”. A l’instar du Tapura, la pérennité du financement semble aller à cet égard avec une volonté de présenter à l’État la facture du nucléaire. Ainsi au Ia ora te nunaa, il doit être graver dans le marbre “le fait nucléaire et la sanctuarisation de la solidarité nationale pour la Santé”. Pour le parti de Teva Rohfritsch, il faut demander à l’État “de participer plus particulièrement au financement de la santé des Polynésiens pour apaiser les blessures du passé et permettre à chacun de vivre sa citoyenneté, avec espoir et confiance dans un avenir meilleur”. Rohfritsch veut ainsi inscrire dans la Constitution le fait nucléaire “avec ses ombres et ses lumières, pour un lien républicain renouvelé et rééquilibré”. Sans surprise, le Tavini évoque également la nécessité d’“assurer le remboursement par l’État français (à la CPS et aux victimes) de toutes les dépenses de santé (passées, actuelles et futures) liées aux maladies radio-induites” et appelle par ailleurs l’État à soutenir la proposition de loi du député sur la prise en charge et la réparation des conséquences des essais nucléaires français. Une politisation du sujet non souhaitée par le A here ia porinetia. Pour Nuihau Laurey, il s’agit en effet de “dépolitiser le fait nucléaire en assurant de manière transparente l’indemnisation individuelle des victimes et le soutien de la collectivité”. Sur cette question sensible, les candidats oscillent donc entre pragmatisme, respect et désir de justice.